24 mars 2006

Le voeu de Louis XIII: ou la longue histoire du fameux rideau




En pleine extase ingresque, je me réjouis de vous révéler la source de ma passion pour la Madone Sixtine - dont je vous ai déjà entretenus. Effectivement, c'est par l'intermédiaire de ce surprenant tableau, dû au non moins surprenant génie d'Ingres, que la magie de l'oeuvre de Raphaël s'est d'abord révélée à moi.
Etonnant non? En fait, pas tant que cela; effectivement, le lecteur attentif aura remarqué la récurrence d'un thème graphique qui m'est cher: les fameux rideaux! Imaginez vous cet immense tableau dans son cadre habituel, celui de la cathédrale classique (rarissime et étonnante) de Montauban, ville natale du peintre. Ou, encore mieux, en plein en face du regard (on se trouve alors au niveau de Louis XIII) dans le cadre de l'exposition qui se tient actuellement au Louvre - que je vous invite d'ailleurs à visiter avec enthousiasme. Et voila nos rideaux qui s'écartent une nouvelle fois.
Mais cette fois, les anges ne sont plus si blasés; sans doute ont-ils pris leur parti de l'extraordinaire évènement révélé par Raphaël. Les voila dévoilant la Madone et son enfant, qui semblent avancer vers nous dans une sorte d'élévation- le mouvement des jambes de la Vierge et son pied nu le soulignent. Elle s'avance vers celui qui implore son intercession; et non vers le golgotha comme chez Raphaël...
A ses pieds: Louis XIII. Petite histoire: il faut dire que Louis XIII a été gâté par Marie. Saviez vous que la naissance de Louis XIV, en 1638, après 22 années d'union royale, et moult prières des souverains, est dûe à l'intercession de Notre Dame de Cotignac? Encore une fois, l'adjectif "étonnant" me vient à l'esprit! Le pieux monarque, en guise d'action de grâce, rédigea un acte de consécration de la France à la Sainte Vierge! Et voila l'occasion pour Ingres de "commenter" à sa façon la Madone Sixtine de son vénéré maître italien. Bon, on en pense ce que l'on veut, mais je trouve ce tableau magique. Cette Vierge et son enfant qui nous rejoignent dans notre intercession; le geste de Louis XIII qui leur tend ses attributs royaux, tout tourné vers eux... C'est beau. Tout cela mis en valeur par les rideaux ouverts.
C'est un peu comme si le secret des prières de chacun, dans l'intime du coeur, était caché lui aussi derrière ces rideaux célestes, préservant notre relation à Dieu; jusqu'à ce que la grâce les fasse paraître au grand jour et nous exauce.
NB: Ce qui est passionnant également, c'est de comparer le voeu de Louis XIII ingresque à celui de Philippe de Champaigne, tableau commandé par la mère de Louis XIV en action de grâce pour sa naissance, dans l'espoir que la foi guide son règne. Emouvant; mais là, l'intercession à des limites, vous en conviendrez... Je vous le réserve pour une prochaine fois, allez.

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