Il y a quatre ans environ, j'étais dans le train. En face de moi, dans le compartiment un épouvantable petit vieux était assis. Sale, et, manifestement, méchant, certaines de ses réflexions me le prouvèrent. Refusant de poursuivre avec lui une conversation sans bonheur, je voulus lire, mais, malgré moi je regardais ce petit vieux: il était très laid. Son regard croisa, comme on dit, le mien, et, ce fut bref ou appuyé, je ne sais plus, mais je connus soudain le douloureux - oui, douloureux sentiment que n'importe quel homme en "valait" exactement - qu'on m'excuse, mais c'est sur "exactement" que je veux mettre l'accent - n'importe quel autre. "N'importe qui, me dis-je, peut-être aimé par-delà sa laideur, sa sottise, sa méchanceté".C'est un regard, appuyé ou rapide, qui s'était pris dans le mien et qui m'en rendait compte. Et ce qui fait qu'un homme pouvait être aimé par-delà sa laideur ou sa méchanceté permettait précisément d'aimer celles-ci. Ne nous méprenons pas: il ne s'agissait pas d'une bonté venant de moi, mais d'une reconnaissance. Le regard de Giacometti a vu cela depuis longtemps, et il nous le restitue. Je dis ce que j'éprouve: cette parenté manifestée par ses figures me semble être ce point précieux où l'être humain serait ramené à ce qu'il a de plus irréductible: sa solitude d'être exactement équivalent à tout autre.
31 mai 2006
Jean Genet à Tours
Publié par Sémiramis à 16:58 0 commentaires
Libellés : Esthétismes, Littérature
30 mai 2006
O Jeanne, priez pour la France!
Ce qui me rappelle un refrain bien connu des tourangeaux...
Bonne journée!
Publié par Sémiramis à 09:39 0 commentaires
Libellés : Hagiographie, Liturgie, Politique
29 mai 2006
Les wallabies ont-ils une âme?
Publié par Sémiramis à 22:20 2 commentaires
Libellés : Philosophie, Théologie du corps
27 mai 2006
Attache moi! Chroniques de mes lectures
Après cette cynique et grinçante lecture, ne sachant plus à quel saint me vouer, j’ai avisé un Camus qui traînait depuis cinq ans sur ma bibliothèque. Je dis « sur » parce qu’il n’est pas « dans » : il n’y a pas encore de place. J’hésite fort à en trouver une à un livre avant de l’avoir lu, et mon expérience de lecture de l’étranger ne me laissait pas augurer mieux de celui ci (lu en 40 tristes minutes dans le train, m’a laissée complètement désabusée).
Effectivement, devant mon manque d’enthousiasme après l’ingurgitation des 80 premières pages de la Peste (il y en a quelque chose comme 230, quand même), mon frère Ulrich, connaissant l’influence de la littérature sur mon état général, et l’influence de mon état général sur l’ambiance locale, me tendit avec un air engageant un petit volume au titre malicieux.
« Je fus tiré de mon bain par un coup de téléphone, c’était naturellement une erreur, et à force de répondre toujours « c’est une erreur », je commence souvent à me sentir comme ça, je veux dire, comme une erreur. Je reçois un nombre incroyable d’appels téléphoniques de gens qui ne me connaissent pas et ne me demandent pas, je trouve ces tâtonnements à la recherche de quelqu’un très émouvants, il y a peut-être un subconscient téléphonique où s’élabore quelque chose de tout autre » (p. 161, édition Folio).
Publié par Sémiramis à 13:27 2 commentaires
Libellés : Eros-Philia-Agapè, Littérature
26 mai 2006
Ceci n'est pas une plaisanterie
une bonne fête de Philippe Néri!les joyeux drilles,
les blagueurs et les plaisantins,
les taquins et les facétieux;
mais aussi à tous les mornes et tristounets,
Bon week-end.
Publié par Sémiramis à 15:39 0 commentaires
Libellés : Hagiographie, Liturgie
25 mai 2006
Prenons de la hauteur!
Ce matin, le père Rimbault nous invitait à "prendre de la hauteur avec le Christ", lui qui emporte les angoisses et les souffrances de notre humanité vers le Père dans son ascension vers le ciel. Et de nous rappeller la nécessaire horizontalité du "lien de la paix" qui unit les hommes: au moment de la verticalité de cette ascension, le Christ bénit ses amis, soulignant cette dimension "horizontale" de l'amour qui encore une fois, n'a pas d'autre source que Lui.
"Ayez beaucoup d'humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez à coeur de garder l'unité dans l'Esprit par le lien de la paix" Eph. 4.
Publié par Sémiramis à 10:08 2 commentaires
Libellés : Esthétismes, Liturgie
24 mai 2006
La passion de la prédication
L'ordre des prêcheurs célébrait, en ce 24 mai, la fête de son père Dominique. L'occasion de revenir sur le travail de la prédication qui est le charisme de l'ordre, grâce à une très belle homélie, offerte par un frère âgé, le frère Dominique. La vocation particulière du jeune st Dominique a pris naissance lors de la fameuse rencontre avec l'aubergiste hérétique cathare, à Toulouse. Dominique, jusqu'alors, avait étudié la Parole et la théologie. Ce jour de la rencontre avec l'autre est celui de l'accomplissement de cette étude dans ce qui constitue sa seule fin: la prédication en vue de la conversion.
In pace Christi, good night...
Publié par Sémiramis à 14:07 1 commentaires
Libellés : Hagiographie, Liturgie, My life, Ordre des Prêcheurs
21 mai 2006
Des bricks à la sauce caillou
Publié par Sémiramis à 23:51 0 commentaires
Libellés : My life
19 mai 2006
Une apparente contradiction
Commander l'amour?
Cela nous semble contradictoire, tant nous sommes en prise avec une définition affective de l'amour... Je ne saurais trop vous renvoyer à la lecture de l'encyclique "Deus est caritas" qui éclaire bien ces questions. L'amour ne peut évidemment pas se limiter à cet élan "érotique" (au sens plein du terme), de désir de l'autre, qui nous pousse vers lui irrésistiblement.
L'agapè, c'est l'amour indifférent, impersonnel, que je peux éprouver pour toute personne dans ses différences et sa personnalité, au nom de l'amour de Dieu qui - comme le souligne S. Weil - fait tomber la pluie de la même façon sur les justes et les injustes.
Publié par Sémiramis à 14:01 0 commentaires
Libellés : Eros-Philia-Agapè, Ordre des Prêcheurs, Simone Weil
18 mai 2006
Des joies de l'engendrement
Mais fiouuuuuuuuu, quel soulagement, quelle consolation, quelle joie! Je crois que l'on pourrait chanter un TE DEUM pour l'occasion, et puis les anges dans le ciel vont chanter toute la nuit à la gloire de Dieu,
Anuntio vobis gaudium magnum : Memorius natus est nobis!
Oui, un mémoire nous est né, un mémoire nous a été donné, celui qui le lira sera exalté !
Bon, j'arrête dans les élans mégalomanes. Pax et gaudium, et VERITAS !
Publié par Sémiramis à 17:01 3 commentaires
Libellés : Décadence
Insomnie
Du Cantique des Cantiques...
Je dors, mais mon coeur veille:
J'entends mon bien-aimé qui frappe!
"Ouvre moi, ma soeur, ma compagne,
ma colombe, ma parfaite"
Publié par Sémiramis à 10:49 2 commentaires
Libellés : Ancien Testament, Eros-Philia-Agapè
13 mai 2006
L'Eglise, le ventre et la Vierge Marie
Cette cathédrale, si je l’aime tant, c’est parce que je suis bouleversée à l’idée qu’elle est comme un ventre qui m’a engendré. Au jour de mon baptême, je suis entrée dans la cathédrale avec mon péché, et elle m’a engendré de nouveau : je suis sortie libérée pour toujours, marquée de l’amour de mon Père.
Effectivement, comment l’amour paternel pourrait-il faire naître la vie en l’absence d’une mère, qui porte la vie et la nourrit ? Eh bien je crois il en va de Dieu comme pour l’homme – ou l’inverse ! Pour que l’amour du Père céleste s’exprime, il faut bien que, dans la chair, une mère porte la vie. Cette mère, n’est-ce pas l’Eglise, et concrètement, nos églises ne sont-elles pas ces ventres de pierre desquels les baptisés ressortent vivants de la vie du Christ ?
C’est bien pour cela que Marie est dite « Mère de l’Eglise » : elle est la mère de l’Eglise mystique qui est le corps du Christ. En accueillant sa vie, elle a permis que l’action d’engendrement soit communiquée à l’Eglise pour que les hommes puissent renaître dans le Christ…
Nicodème lui dit: « Comment un homme peut-il naître, étant vieux? Peut-il une seconde fois entrer dans le sein de sa mère et naître? » Jésus lui répondit : « En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d'eau et d'Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l'Esprit est esprit. » (Jn 3, 4-6)
Publié par Sémiramis à 16:15 2 commentaires
Libellés : Ecclésiologie, Evangile, Théologie du corps, Théologie mariale
Solennité de la dédicace de notre cathédrale
Publié par Sémiramis à 00:08 0 commentaires
Libellés : Ecclésiologie, Liturgie
10 mai 2006
Athéisme et tragique de l'existence
Il me semble que la valeur de l'athéisme, dit "purificateur" par Simone Weil, se mesure par rapport à l'idée du tragique. Je reprends quelques notions nietzschéennes là encore: car il s'agit bien du reproche que Nietzsche fait aux chrétiens, celui de fuir devant le poids tragique de l'existence en se construisant des fictions rassurantes: les fameux "arrières mondes", et des "artifices et des petites boissons sanglantes"...
Mais la foi chrétienne est-elle négation du tragique de l'existence? Certes non, elle n'est pas un refuge devant la souffrance, mais au contraire, le lieu de sa transfiguration dans l'acte d'offrande christique. Avoir la foi ne préserve pas dans la souffrance - ou alors, il ne s'agit plus de foi mais d'un état pathologique, qu'en est-il du sens du tragique?
Publié par Sémiramis à 23:20 6 commentaires
Libellés : Anthropologie, Philosophie, Simone Weil
Athéisme et idolâtrie
"La religion en tant que source de la consolation est un obstacle à la véritable foi: en ce sens l'athéisme est une purification"
(cité par G. Thibon dans La Pesanteur et la Grâce)
Quelle est la valeur de l'athéisme, c'est-à-dire du choix d'une perspective qui se limite à la finitude humaine? Quand je pose cette question je me situe bien sûr sur le plan de ma propre foi. Alors que moi, j'ai découvert l'immense amour de Dieu qui vient éclairer ma vie tout entière, je découvre que d'autres hommes ont choisi de vivre sans cet amour. Il est important de souligner que ce qui est en jeu, c'est moins une ignorance de Dieu qu'un choix de ne pas vivre avec Lui.
Je ne peux cependant m'empêcher de souligner que refuser de vivre avec Dieu ne peut venir que d'une ignorance de sa vraie nature. Comment pourrait-on refuser l'amour infini? Là, nous touchons au point nodal. L'athéisme ne serait-il pas finalement, le refus conscient d'une représentation fausse de Dieu - dans le cadre d'une tradition religieuse qui risque constamment de tomber dans les travers de l'idolâtrie?
Prenons la figure emblématique de Nietzsche. Le rejet violent du christianisme dans sa pensée, et sa conception de l'athéisme sont avant tout fondés sur la conviction que le christianisme est mauvais - il est finalement moins question d'un Dieu mauvais que d'un mécanisme spirituel oppressif qui passe par la religion. La critique nietzschéenne porte sur l'idée d'une religion qui console et qui compense: critique partagée par S. Weil pour qui une religion qui repose sur la promesse d'une récompense est une idolâtrie. Quel est l'objet du culte des chrétiens? Dieu ou bien l'espérance de pouvoir échapper à une vie trop cruelle, de ne pas affronter le tragique de l'existence?
L'athéisme semble donc avoir ce rôle de purification de notre propre foi, nous rappellant à l'ordre pour ne pas tomber dans l'idolâtrie qui menace sans cesse notre esprit. Celui qui vit sans Dieu nous renvoie de façon insistante à cette question: Qui adorons nous? Mais, surtout, quelle image de Dieu donnons nous dans notre être, dans notre pratique religieuse, dans nos discours? Quelle cohérence entre ma foi et mon être visible?Une invitation à la mission...
Publié par Sémiramis à 10:30 6 commentaires
Libellés : Anthropologie, Philosophie, Simone Weil
03 mai 2006
Un peu de militantisme
Publié par Sémiramis à 21:44 1 commentaires