15 août 2007

Sur l'Incarnation par Funny Friend : 2 - Devenir un en Christ

En Jésus se réalise l'humanité parfaite, l'humanité réconciliée, l'humanité ressuscitée telle que nous la vivrons dans le Royaume Eternel s'il nous est permis d'y entrer. Il est « l'homme par qui, et par qui seul, les hommes inachevés que nous sommes deviennent pleinement hommes »[1].


En Dieu depuis tout temps, pour les hommes, le « 25 Décembre de l'an 0 », il se produit un truc formidable, quelque chose d'inimaginable en somme : grâce au petit Jésus la distance entre le Créateur et la créature est abolie. Dieu se fait proche des hommes tandis que les hommes deviennent divinisables. Vous direz ce que vous voudrez, mais ça c'est unique !! Voici encore ce que nous livre le célèbre jésuite (merci de noter mon non-sectarisme ! lol) François Varillon :



«
Si l'Homme-Dieu existe, si l'Absolu prend figure sans cesser d'être l'Absolu, c'est que Dieu est Amour et que sa puissance est celle de l'amour. Dès lors l'Alliance n'a plus forme de contrat : le Christ lui-même est l'Alliance, « nouvelle et éternelle ». Non plus seulement union, toujours perfectible, mais l'unité, indépassable, de Dieu et de l'homme en une seule Personne. Le Christ est indivisiblement le terme et le mouvement de Dieu vers l'homme - Dieu est Amour - et de l'homme vers Dieu – l'homme en son ultime profondeur est espérance d'aimer. Dieu est révélé à l'homme en même temps que l'homme est révélé à lui-même. L'amour, accueil et don, est, à l'origine de son mouvement, volonté que l'autre soit, position de l'autre comme autre. Au terme de son mouvement, il est union de telle sorte que, devenant autre, l'autre devienne le même. Dans le Christ l'homme, dont Dieu veut qu'il soit autre, n'est pas pour Dieu un autre. Le même est homme et Dieu. Tous les hommes sont au monde pour être un en Lui. »


Alors que répondre à la question : « Et moi dans tout ça ? » Eh, bien, comme tout le reste, l’Incarnation du Christ est pour le chrétien un appel à la responsabilité, une invitation à vivre son humanité dans tout ce qui fait sa beauté ou parfois son caractère tragique, et encore plus une obligation de service auprès de notre prochain devenu pour nous image du Christ.



A travers l’Incarnation, le corps humain retrouve sa dignité. C’est l’Incarnation qui donne du sens à la mission de témoins, comme la Madre, Teresa de Calcutta, dans sa vie donnée pour les plus pauvres d’entre les pauvres. Oui, le Christ Lui-même nous le rappelle : « En vérité je vous le dit, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petit de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40). Mais les exigences face à ce Mystère peuvent se trouver encore plus dans notre quotidien sans revêtir ces formes « extraordinaires ». Comment ne pas s’indigner face à l’image dévalorisée de l’Homme (je mets là une majuscule parce que souvent ce sont d’ailleurs plutôt des femmes qui sont concernées par ce problème) que nous livre la société « moderne » à travers la publicité, et pire, la pornographie, la prostitution, ou encore le racisme ou tel autre fléau ?? Comprenons-nous bien je ne suis pas, un Père la Morale, Elise pourra en témoigner. On peut lire « Cosmo » mais le tout c’est ne pas être dupe de tout ce système où l’Homme est réduit à un « objet » !

Finalement l’Incarnation nous rappelle qu’elle est notre vocation, ce pour quoi nous sommes sur Terre : « aimer et être aimé » ! Vivre « sous Son regard, dans l’Amour » ! En gros être saint ! Et comme les choses sont bien faites le Christ, Dieu, est à la fois le but de ce chemin de vie (la sainteté n’est pas autre chose que la « divinisation » de l’Homme) et le moyen d’y parvenir ! C’est pas beautiful ça, les amis.

iens, en parlant d’amis, il faut dire que le chrétien «gnan-gnan » qui vit de manière éthérée, style presbytérien américain du XIXème, porte, à mon avis, un contre témoignage. Cela est sans doute le fruit d’une vision « jupitérienne » de Dieu qui est une vision erronée. Ce n’est pas blasphémer que de dire que Jésus a eu des sentiments (on l’a vu avec l’épisode de Lazare). C’est pourquoi Dieu n’a pas voulu que l’homme soit seul. Et c’est cela encore que nous rappelle Mère Teresa, toujours elle, lorsqu’elle affirme : « La plus grande souffrance est de se sentir seul, sans amour, abandonné de tous. » Sur l’amitié en Christ je vous renvoie à une belle méditation du P. Cantalamessa (ofm), prédicateur de la Maison Pontificale.


En modo de conclución, je dirais que, comme je vous le disais en commençant, tout cela ne représente que mon propre point de vue et ne rassemble que quelques pistes. A vous, maintenant d’approfondir si vous le désirez, de méditer plus en profondeur. Et pour terminer je vous livre ce poème de Karol Wojtyla, pape Jean-Paul II intitulé « Un Noir » :


« Mon frère, je vois en toi une terre immense,
un continent où des courants se sont arrêtés promptement,
où le soleil cuit tout ton être, comme si
le corps était une gangue de fer déjà dans le four.

En toi vibre mon esprit fait de ton métal !
Mon esprit avec diverses stries et la même
balance partageant la vérité de l’erreur.

Quelle grande joie de mesurer
avec la même balance les images
qui brillent dans tes yeux et dans les miens
différents comme les mouvements d’une idée,
d’une essence identique »


[Texte paru dans le n°6, année 2, de Juin 2007 de la revue « Totus Tuus », revue de la postulation de la cause en béatification du serviteur de Dieu Jean-Paul II. Traduction approximative de l’espagnol.]

Paix et joie !!



[1] Fr. Varillon, Un abrégé de la foi catholique, « Le Christ révèle qui est l'homme », p.30, Ed. Bayard, 2006

11 commentaires:

Sémiramis a dit…

C'est bizarre, quand tu parles de chrétien presbytérien, j'ai l'impression de voir surgir un visage bien connu... Me trompé-je?

Sémiramis a dit…

Bon, j'attends demain pour te mettre quelques commentaires intelligents.

Definitely, good night!

Anonyme a dit…

il y a quelques problèmes d'affichage de cette note (enfin chez moi, avec IE v7). Certaines lignes restent sous forme de code "if>end", etc.

Sémiramis a dit…

Merci de vos remarques D... C'est l'éternel problème depuis quelques temps, je ne peux plus rapatrier un texte word sur blogger. Je ne sais pas d'où ça vient... Il me faut un technicien linux, vite! De préférence joli garçon etc!

;-) Bonne soirée!

Sémiramis a dit…

IE V7, késako???

Anonyme a dit…

Bonjour !
IE 7 = Internet Explorer version 7
(le pb est le même avec la version 6, mais c'est normal puisque ça vient de votre blogger).
Pour les beaux hommes, faites votre choix ici :
http://vbcmarchiennes.free.fr/les_joueurs.htm
(il y a même un technicien informatique...)
bonne journée sous le soleil (peut-être)
D.

Sémiramis a dit…

Ah oui, Explorer... j'utilise Mozilla, je suis Linuxienne grâce à M. Camille...

Vous les connaissez tous ces hommes? On ne sait plus lequel chérir ils sont tous mignonnets comme tout, mais le site ne précise pas s'ils sont célibataires! Help!

Sémiramis a dit…

Ah, au fait, le soleil vient juste d'apparaître. Pfff.

Anonyme a dit…

Et chez nous de disparaître (la terre est ronde). Non, je ne connais pas ces beaux sportifs. Tentez votre chance !
Bonne soirée
D.

Sémiramis a dit…

D, vous êtes bien trop bon.

Bon week-end! je file à l'île de Ré pour une... réunion blogesque! Photos promises.

Amitiés à tous!

Anonyme a dit…

Mais quelle est donc le sens de cette déviation discursive ? Revenons à au funnyesque texte de notre illustre ami !

Bon, il me parle beaucoup ce texte, notamment cette superbe phrase :

« Un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » : un nouveau commencement. Si Dieu choisi d'assumer jusqu'au bout l'Incarnation par la venue au monde d'un enfant, n'est-ce pas pour nous dire, réaliser même, que l'homme est d'abord un nouveau commencement ? Tous les hommes sont un nouveau commencement. Aucun homme n'est superflu. Si l'homme est un nouveau commencement, alors son humanité, son être-homme, est un devenir. Au travers de la naissance du Christ, Dieu dit : l'homme n'est pas une nature fixe, il est un commencement, et donc une fin.

De la Natalité à la Croix, la réalisation de l'homme : ecce homo.

Si l'homme est un commencement, et donc une fin, alors la Croix, la mortalité voulue par Dieu, réalise l'homme.

Mais que suppose une telle affirmation ? Un homme toujours en devenir ? Dieu pose le problème de la confiance entre les hommes. Comment faire confiance, c'est à dire croire en la promesse faite par un homme, en un homme qui n'a pas de nature fixe, qui est pure culture ? En ce faisant homme, Dieu dit : vous devez maintenant croire en l'homme comme vous croyez en moi. Luther disait que Dieu est nécessaire car il faut un être en qui nous pouvons toujours avoir confiance. L'Amour et la Foi sont les marques de la confiance en Dieu. Par l'Amour l'homme voit, reconnaît et loue Dieu. Il le reconnaît et le voit car seul Dieu est toujours pleinement lui-même. Il le loue car il rend possible la confiance entre les hommes en plaçant sa confiance en Lui. La Foi devient acte d'Amour. Et l'Amour de Dieu, en rendant possible la confiance dans les promesses des hommes qui sont purs devenir, rend possible le politique. Avec Jésus, la Foi devient l'élément structurant du politique.

Mais avec la Natalité et la Croix, Dieu nous dit autre chose : la mortalité est un fait humain. Si l'homme nait dans un espace qui lui est préexistant et qui continuera après sa mort, c'est que cet espace dure. C'est espace c'est notre monde. Pas la Nature, qui est pure mouvement cyclique de création/destruction. Le monde traverse cette Nature consummatoire. Les œuvres des hommes, les batîments, les textes, la musique, la Culture, voilà ce qui érige un monde qui dure et fait de l'homme un être mortel.

La Natalité et la Croix confirme la culture humaine.

Si la Culture dure, c'est parce que les nouveaux commencement, les nouvelles naissances, apprennent de leurs Ancêtres. Ils se souviennent. Dans le souvenir naît le dialogue, la parole vivante. En me remémorant ou lisant la parole des morts, j'entre dans un dialogue qui me construit, moi homme toujours en devenir qui a besoin d'une Culture (la parole des morts) pour tenir dans mon être. Je fais resurgir la parole vivante.

«2. Et toute cette multitude de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour un opprobre éternel qu'ils auront toujours devant les yeux
3. Or tous ceux qui auront été savant brilleront comme les feux du firmament, et ceux qui en auront instruits plusieurs dans la voie de la justice luiront comme des étoiles dans toute l'éternité.»
(Daniel XII, 2-3)

La Culture, l'homme en devenir mène à la Résurrection.

La Résurrection est résurrection de la voix, de la parole, de la vie du mort. L'Amour dans le Crucifié est reconnaissance de Jésus. Non amour du Christ, mais amour de Jésus, l'homme en devenir et qui a vécu :

«Comment ils le reconnurent à la fraction du pain» (Luc,24,35)

La reconnaissance n'est pas regard d'une nature fixe ou d'un discours décharné, elle est reconnaissance d'une voix et d'une vie qui se rencontrent dans la Parole. La Parole est dialogique car elle est incarnée. Nous ne pouvons dialoguer qu'avec un vivant.

Ce n'est pas la prêche du Christ qui révèle Jésus Ressuscité à ses disciples. C'est sa Parole suivie de la fraction du pain. Une parole incarnée dans une vie.

«Jésus lui dit : Marie ! Se retournant, elle lui dit en hébreu : Rabbouni» (Jean, 20, 26)

« l'homme par qui, et par qui seul, les hommes inachevés que nous sommes deviennent pleinement hommes »

Natalité, Crucifixion, Résurrection : ecce homo. L'apparition de l'homme, ce perpétuel commencement, est apparition du devenir. Si l'homme pleinement homme est l'homme qui devient, alors nous pouvons imaginer Dieu dire aux hommes : "Devenez ce que vous êtes". Cela n'est possible que parce que nous naissons et mourrons. Nous venons au monde dans la perspective de notre fin. Nous sommes immédiatement en devenir, mais nous devenons pleinement un devenir quand nous choisissons de l'être, quand nous choisissons de vivre afin de devenir, quand nous choisissons de nous "faire un nom". Quand nous agissons de manière à incarner le nom qui nous a été donné. C'est à notre mort, dans le moment ou l'on se souvien de nous, que nous faisons définitivement notre nom. Pascal (Blaise) est définitivement Pascal. Il n'est pas un nom creux, car il résonne en nom comme une personne vivante. Voilà la Résurrection, ce moment ou les vivants font revivre les morts car ils sont "des étoiles dans toute l'éternité".

Ce que les vivants font revivre c'est la vie des hommes, leur parole incarnée, leurs actions. Le retour éternel du devenir d'un homme qui alimente le devenir d'un nouvel homme au travers du dialogue des morts avec les vivants.

L'homme est celui qui a assez de force pour incarner pleinement sa parole en sachant qu'elle sera éternellement répétée. L'Éternel Retour de soi en tous les autres, voilà peut-être le message de Jésus : "Moi homme, pleinement homme, en naissant et mourrant, je reviens éternellement au travers de vous, hommes naissant et mortels".

L'homme comme devenir perpétuel : cet annonce du Christ libère les hommes du péché. Co-naître, naître avec de manière perpétuel, voilà le péché d'Adam. Dieu avait créé Adam à son image, une image est pure fixité. En choisissant la connaissance, l'homme choisissait le devenir, la spécificité divine. Dieu est purement subsistant en lui-même dans son devenir même, voilà pourquoi son nom est imprononçable. Il est imprononçable car il est pur mouvement qui se tient pourtant constamment. En choisissant de co-naître, de naître toujours à nouveau au contact de chaque chose, l'homme choisissait le devenir.

Mais l'homme ne pouvait se tenir lui-même dans ce devenir, voilà la chute.

En se faisant homme, et en mourrant crucifié, Jésus rachète le péché des hommes en faisant de la Culture, de l'histoire, du dialogue de soi avec autrui, des vivants avec les morts, la possibilité de tenir dans son devenir au travers l'Éternel Retour de soi chez les vivants. La Résurrection.

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Pfiouuu, désolé funny friend, je me suis un peu emporté, ce qui devait être une simle réflexion sur ton superbe article à finit par intégrer toutes les questions qui me taraudent actuellement.