14 octobre 2006

De la difficile incorporation

Je méditais hier sur la question du corps, remâchant de nombreux débats avec Gai Luron et de multiples obsessions personnelles.
Observant la difficulté pour nos contemporains à se penser membres d'un corps politique (voir le post sur "ce pays" chez Gai Luron, et sur la facilité de nos concitoyens à se penser comme externes à leur propre nation), j'ai rapporté ce comportement à la facilité de s'affirmer "catholique" tout en marquant une distance vis à vis de l'Eglise du même nom (attitude contradictoire en soi, voir mon commentaire sur le post "les musulmans pratiquants" toujours chez G L)...
En fait, je crois qu'il s'agit bien d'un même réflexe, d'une même conception de l'homme qui est en jeu ici, et surtout d'une même difficulté à se penser soi-même comme corps incorporé.
Si notre culture glorifie effectivement le corps, c'est bien sous un rapport strictement individuel. L'idée d'un corps collectif (l'Etat, l'Eglise) effraye et semble remettre en cause l'individualisme souverain... Comme si le grand corps absorbait le petit et le digérait - descriptif même du système totalitaire, qui avale l'individu, le broye, et le défèque enfin. Cf Grossman...
Mais un état qui ne soit pas totalitaire ressemblerait peut-être à la Sainte Eglise, dans sa vocation mystique: un corps dont les membres sont soumis à la tête, quoique chacun soit essentiel à l'équilibre de l'organisme. Un corps où l'autorité serait à la fois souveraine, dans un chef - le Christ, le chef de l'état, le Roi (spéciale dédicace à Ségolène si tu m'entends!), et partagée à tous les membres - par l'onction du baptême, tous ont part à l'autorité du Christ en devenant prêtre, prophète et roi. Une démocratie enfin juste?
En fait, je crois que pour entrer dans une démarche politique constructive, tout comme pour entrer dans une vie spirituelle épanouissante, il faut accepter cette difficile incorporation. Par là, j'entends: ne plus se penser uniquement comme corps individuel, comme fin en soi, mais comme membre d'un corps, acceptant de se soumettre à l'exercice d'un souverain. Et ça, c'est pas trop dans le vent de nos jours.
La subtilité gisant dans le fait que se penser membre d'un corps qui nous dépasse, ce n'est pas nier son propre corps; je crois au contraire que c'est lui donner sa juste place. D'ailleurs, ce qui est fascinant, c'est de voir que dans l'Eglise, le corps du Christ nous concerne en deux dimensions: en tant qu'Il nous incorpore dans l'Eglise; nous en sommes les membres, et en tant que nous même l'incorporons - tout ça dans la communion eucharistique évidemment.
Il y a donc, pour reprendre les termes d'un débat laissé en plan, en quelque sorte un mouvement d'extase et d'instase dans la communion, puisque le Christ me pousse hors des limites de mon corps pour constituer avec "les autres" (niak) son corps mystique, mais en même temps, Il vient habiter mon corps et en fait sa demeure. En ce sens, le corps est le lieu de la rencontre avec Dieu sous un double rapport: dans MON corps et dans le corps collectif.
Hum hum, il y a vraiment matière à rédiger un master II avec tout ça, vous ne croyez pas?

15 commentaires:

Anonyme a dit…

La définition du politique par Hannah Arendt est intéressante, et propose une réponse à la question quelque peu différente :

in Qu'est-ce que la politique ?

«Le zoon politikon : comme s'il y avait en l'homme quelque chose de politique qui appartiendrait à son essence. C'est précisément là qu'est la difficulté; l'homme est a-politique. La politique prend naissance dans l'espace-qui-est-entre-les hommes, donc dans quelque chose de fondamentalement extérieur à l'homme. Il n'existe donc pas une substance véritablement politique. La politique prend naissance dans l'espace intermédiaire et elle se constitue comme relation. C'est ce que Hobbes avait compris. (...) l'Occident a essayé de sortir de cette impossibilité de la politique à l'intérieur du mythe occidental de la création, en métamorphosant ou en substituant l'histoire à la politique. Grâce à la représentation d'une histoire mondiale, la multiplicité des hommes est fondue en un individu humain qu'on nomme l'Humanité. D'où le caractère monstrueux et inhumain de l'histoire, caractère qui ne transparaît qu'à la fin de l'histoire et de manière complète et brutale dans la politique elle-même. (...) C'est dans la diversité absolue de chaque homme l'un par rapport à l'autre, qui est plus importante que la relative diversité des peuples, des nations ou des races, c'est dans la pluralité qu'est contenue la création de l'homme par Dieu. Mais c'est précisément ce dont la politique n'a rien à faire. La politique organise d'emblée des être absolument différents en considérant leur égalité relative et en faisant abstraction de leur diversité relative

Le problème est que nous sommes dans une époque du refus d'autrui. Sous les termes de "tolérances" et de "respect", se cache un mépris de l'autre. Il s'agit donc bien de "tolérance" : «fais ce que tu veux, ça ne me plaît pas, mais j'ai pas envie de perdre du temps avec toi» Et non pas de respect : «j'accepte et aime ce que tu es» ou «je n'accepte pas ce que tu es, et te le dis»

La tolérance est un mépris caché.
Le refus de disputer, dialoguer, est un mépris caché.

"Tout le monde à raison", "le goût et les couleurs", "chacun pense ce qu'il veut" ... Ces expressions, qui semble professer la paix, sont l'anthrax de la destruction du politique.

En détruisant la légitimité de la dispute, elle détruit la relation homme-à-homme. «Dites ce que vous voulez, je ne me sens pas obligé d'écouter».

En ce sens les théories se rejoignent : se penser comme individu ne signifie pas que je me me détruis dans l'établissement d'une relation avec autrui.

Oublier l'individu est inhumain.
Refuser tout ce qui est extérieur à son individu c'est :
1) se refuser soi-même. Car il est extrêmement présomptueux de penser que nous sommes ce que nous sommes, uniquement par nous-mêmes.
2) refuser l'entente avec autrui. Derrière une apparente volonté de faire la paix (dis ce que tu veux, je m'em moque), se créé des conflits insidieux. Car il est impossible de vivre dans un pur rapport avec soi.

[À corriger et poster prochainement sur mon blog ;) ]

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Ta réflexion centrée sur la question du corps politique est très intéressante.

Quel est la meilleure réponse pour l'homme ? L'appartenance ou la liaison ?
Devons-nous nous penser comme appartenant à un corps. Ou devons-nous nous penser comme lier à autrui par le tissu politique ? Tissu pensé comme espace de discussion et d'entente (écouter et comprendre autrui).

Dans les deux cas il s'agit de concilier l'individu avec l'individu en les organisants, ou en les incorporants, dans une structure qui les unis.

Mais là où l'incorporation est une fin : constituer le corps politique c'est s'incorporer ; la liaison est un moyen : en établissant le politique je rends possible l'organisation des individus. Organisation qui reste encore à trouver.

Anonyme a dit…

heureuse d'être la muse d'un si grand esprit. Chapeau bas mademoiselle...
Avec toute mon amitié.
Ségo.

Anonyme a dit…

Chère Mlle Belle Lurette,

Comme vous le savez (retour du vouvoiement), et comme vous le soulevez, une des difficultés majeures du politiqaue est en effet le conflit de l'individualité et du corps politique collectif. Un génial philosophe - que je ne citerai pas pour ne pas avoir l'air monomaniaque - a eu l'idée non moins géniale d'y ajouter un troisième terme qui est la "particularité" ; l'homme particulier est si l'on veut le produit de base, le degré zéro ud politique ; mais il lui est permis de se rattacher à un corps politique, l'Etat, afin que ce corps collectif transforme cet être particulier en quelque chose de supérieur : l'individu. Autrement dit, contrairement à Rousseau qui posait l'individu comme point de départ, le vieil Hegel - ça y est, c'est dit...- pose l'individu comme RESULTAT de l'action collective de l'Etat qui a médiatisé cet être informe qu'est l'être particulier ou singulier de départ. N'est-ce pas là une idée géniale ?

Je pense à cette thèse parce que somme toute la difficulté que nous rencontrons et que tu évoques est précisément celle de personnes immédiates, qui ne font plus l'épreuve du corps collectifs, qui s'affirment comme particuliers, sans pouvoir s'individualiser à travers le corps étatique et collectif. Si bien que aux yeux de Hegel ce manque de collectif, d'universel, engendrerait paradoxalement la fin de l'individu... au profit d'une exaltation des particularismes, ce qui est en effet le cas.

Ce que tu veux penser me semble ainsi très proche de Hegel ; se penser comme "membre d'un corps", que ce soit l'Eglise ou l'Etat, afin de véritablement s'individualiser, afin de conquérir sa vraie place d'individu.

Hegel indépassable, encore et toujours...

Anonyme a dit…

Ave les petits loups !!

Comme toujours de passage sur ce blog, je tiens a laissé une petite trace qui comme promis signifiera à notre Belle Lurette adorée qu'on l'aime et que entre deux siestes et deux homélies de mon ami Jean je peux encore trouver du temps pour elle !! Personne ne me contredira ce blog va crescendo dans la réflexion et la stimulation intellectuelle. MERCI. Ce post sur l'incorporation est passionnant et me pousse à lancer cet appel pour 2007 : Votez Jésus !! En deux temps trois mouvement voilà résolu le dilemme cornélien qui se jouait en moi en cette période pré-électorale. MERCI bis. Enfin quelle joie quand on m'a dit "tu participeras activement au projet Job du binôme Luron". Je compte accès ma participation dans la suite de l'exégèse grünienne et de celle des Pères évidemment ! Comme je ne suis pas franchement philosophes c'est tout ce que je peux faire ! MERCI ter.
Enfin juste pour approndir ma culture ce cher Hegel est-il définitevement indépassable et surmonte-t-il les philosophes grecs chers à mon coeur d'apprenti philosophe ?!!!

A tous paix et joie en ce jour où l'Eglise célèbre dignement St Ignace d'Antioche.

Ciao tutti.

Sémiramis a dit…

hum, en l'occurence, c'est un projet "Jacob" et non "Job".
Mais ce petit lapsus n'est pas sans être lourd de promesses pour la suite des évènements!
Tarte un jour, tarte toujours n'est-ce pas??? I love you FF!!!

Sémiramis a dit…

A Gai Luron:

Que ta passion pour Hegel me touche et m'émeut! J'y contemple cette irrésistible attraction de l'âme intellectuelle vers l'absolu qui la saisit et la comble. Joie!

De fait, je suis d'accord avec toi pour reconnaître l'hégélianisme sous jacent de mes positions. Je connais mal Hegel dans le détail, mais pour en avoir saisi l'intuition fondamentale, il me semble qu'il offre une chance de penser philosophiquement la révélation du Christ. Nul doute dès lors que j'en sois proche...

Néanmoins, je ne peux me résoudre à le donner comme indépassable. Nulle pensée humaine n'est indépassable, elle est prise dans le Logos qui la suscite et la nourrit. En ce sens Thibaut, je ne saurais m'incliner devant autre chose que devant le corps de mon Seigneur Jésus Christ...

Car si "ce que je veux penser" renvoie à Hegel, fondamentalement il s'agit d'une pensée en action dans l'eucharistie. Ce que je veux penser, je veux le vivre, et je le vis imparfaitement par la grâce sacramentelle. Alors, ce qui est indépassable, c'est cette expérience eucharistique, bien que la proximité de la pensée de Hegel soit une force pour ma démonstration...

Excellente journée à toi cher ami!

Anonyme a dit…

Oui, belle Lurette, je me réjouis de voir que tu n'inclines pas devant Hegel ; ce serait une grave erreur : quand je disais que le "maître de Berlin" (arf, ces périphrases de fac !) était "indépassable", c'était pour désigner sa pensée de l'individu comme résultat de la médiation, ou éventuellement pour sa pensée de l'incarnation. Mais il va de soi que Hegel ne t'apportera rien quant à ta foi ; à la rigueur apporte-t-il l'exaltation d'une pensée.

Je me permets juste de souligner un point, de manière ultra polémique : Hegel ne pense pas la "révélation" du Christ, il en pense l'incarnation, c'est-à-dire plus le sens théologique qu'exégétique... puisque nulle part dans l'Evangile Jésus ne dit qu'il est Dieu ; tout au plus dit-il qu'il est le "fils de Dieu", comme tous les hommes du reste ; quant à l'incarnation, c'est un concept théologique, non contenu explicitement dans la révélation.

A bientôt Agathe, Funny Friend, et les autres.

Anonyme a dit…

Chère miss,

En effet, tu as pleinement raison de ne pas considérer Hegel comme indépassable; moi-même, je dis ça pour rire.

Cela étant, pour répondre à Funny Friend, dans la mesure de mes maigres moyens, il me semble que certains points, pour le moment, on n'a pas fait beaucoup mieux que Hegel sur la pensée conceptuelle de l'incarnation. Si vous voulez, à partir du moment où l'on étudie Hegel - ou Schelling - alors il faut admettre un point très discutable : on s'écarte considérablement des textes évangéliques et on se concentre sur la théologie, les conciles, etc. Hegel a reçu une formation théologique et non exégétique, et c'est toujours du point de vue du concept qu'il se place. Dans ces conditions, puisque l'incarnation est un CONCEPT défini par Nicée et n'est jamais présente clairement ni explicitement dans les Evangiles, sinon sous des formes équivoques du style "fils de Dieu", ce que Hegel pense ce n'est pas le Christ en tant que personne des Evangiles, mais le concept élaboré à Nicée. De ce point de vue, Hegel manque certaines questions mais sur l'idée de la TRinité, de l'incarnation, etc., il est géant.

Anonyme a dit…

Je continue juste sur deux points :
- si on lit les Evangiles sans connaître la religion chrétienne, sans connaître les élaborations conceptuelles qui ont pris la suite, on aura franchement du mal à voir ce qu'est la Trinité, à voir que le Christ est Dieu (fils de Dieu, ou fils du Père, c'est à la fois une formule tautologique et une formule classique de l'époque et du lieu), et nulle part le Christ ne dit "je suis Dieu".

- Quand Hegel pense l'évolution de l'humanité selon le même rythme que l'évolution divine, en introduisant donc le progrès en Dieu, ça paraît affreux pour un Chrétien, mais en fait Hegel ne fait que reprendre un topos présent dans le catéchisme de l'église catholique (et protestante) selon lequel Jésus n'a eu pleinement conscience d'être Dieu qu'au moment de mourir. Si vous avez un catéchisme de l'église catholique sous la main, ouvrez le sur les commentaires de la crucifixion, et vous verrez que le commentaire consacré à la mort et aux dernières paroles est le moment où Jésus comprend qu'il est Dieu. Partant de ce mouvement, Hegel en déduit qu'il y a également un processus de conscience à l'oeuvre chez Dieu, et que Dieu lui-même n'est jamais immédiatement conscient de soi. Il lui faut faire l'épreuve de la conscience en ses différents moments pour parvenir comme tout un chacun à cette conscience de soi comme absolu.

Voilà voilà, à bientôt.

Sémiramis a dit…

Merci beaucoup, Gai Luron, de nous introduire avec autant de délicatesse à la mégalomanie hégélienne.

Pour reprendre un point qui me tient à coeur dans tes propos, il y a effectivement de lourds enjeux théologiques soulevés par la philosophie de Hegel quant à la question de la conscience du Christ. Pleinement homme, pleinement Dieu: quelle conscience avait-il de celà, peut-on penser une conscience alternée (évidemment non, ce serait hérétique), une pleine conscience des deux, une prise de conscience progressive qui aboutit à la Croix??? Questions passionnantes, qui ne trouvent malheureusement pas encore d'écho en théologie!! Je me souviens que Mgr Le Vert nous disait que la théologie réagissait tardivement à la théologie (manque d'audace selon Emmanuel Falque! qui a raison d'ailleurs), Jean-Marie nous disait que eu égard au développement de la philosophie (depuis Hegel; comme tu le soulignes parfaitement), il était urgent et plus qu'urgent de réfléchir sur cette question de la conscience du Christ. A vrai dire je souhaite ardemment que Falque s'y colle, avec son point de vue phénoménologique ce serait parfait, à suivre... D'ailleurs est-ce que tu connais Falque Thibaut??? (élève de Marion qui a mieux tourné)

Joie, joie, joie!

Anonyme a dit…

Hola todos !

Désolé pour le lapsus.De toute manière Jacob-Israël c'est tout aussi passionnant que Job et certainement moins "déprimant"...
Passons maintenant à la petite polémique entre ami : Dis-moi cher Thibault (je suis passé au tutoiement, n'en sois pas choqué vu la grande amitié qui te lie à Agathe et que "los amigos de mis amigos...", je croie pouvoir me permettre, dans le cas contraire arrêtez-moi, cher ami !), je suis d'accord avec toi pour dire que Jésus ne dit jamais explicitement "je suis Dieu", mais ce serait arrêter sa lecture aux Evangiles synoptiques car ne lit-on pas en Jean : "Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie" ??
Agathe, peut-on hiérarchiser ainsi les Evangiles en les distinguant selon qu'il sont proches ou non du Jésus "historique" ?

Encore merci pout tout et que Saint Hegel nous protège !!

Ciao.

Anonyme a dit…

Héhé, Falque... Oui, je le connais ; spécialiste de Bonaventure si je ne m'abuse ; thuriféraire de marion en effet.

Si l'on fait appel à notre bonne vieille raison, et pour faire plaisir au futur dominicain lecteur de ce blog, il semble aller de soi que "avoir conscience de" est une chose, "être" en est une autre. Etre Dieu ne signifie pas "avoir conscience d'être Dieu". Certes, le Christ est vrai homme et vrai Dieu selon les dogmes catholiques, mais la CONSCIENCE de de double état n'intervient qu'au moment où il n'est plus homme... Et quand je dis ça, je t'assure, très chère Belle Lurette, que je ne suis pas hérasiarque pour un sou, ni même pour un centime d'euro.

Anonyme a dit…

Chère Agathe,

Je viens de relire ton article, et puis je me suis rappelé un ouvrage que tu as peut-être lu ; Nietzsche et l'ombre de Dieu, de Didier Franck.

Didier Franck avait travaillé sur la chair et le corps, et démontré avec élégance l'irréductibilité de l'un à l'autre ; dans son livre sur Nietzsche, il oppose de façon magistrale le corps (concept paulinien, spirituel et glorieux)à la chair (effroyable vecteur du péché) ; j'aimerais beaucoup avoir ton avis sur cette différence corps / chair dans le christianisme.

Sémiramis a dit…

eh eh eh oui je l'ai lu, mais plutôt survolé pour être franche, l'année passée. D. Franck est un grand ami d'Emmanuel Falque qui est comme d'aucuns diraient mon idole en matière philosophique... (d'ailleurs au passage, il est loin d'être thuriféraire de Marion, il le critique tout le temps)

C'est donc Falque qui m'avait orientée vers cette lecture que tu me donnes envie de reprendre. Lui même nous a beaucoup fait travailler sur cette distinction corps/chair, et il doit sûrement continuer car malheureusement je ne peux plus assister à ses cours (pleurs, déception, désespoir, flétrissement spirituel). Justement, dans son livre sur la résurrection, il entendait traiter de la question de la chair, et il oriente désormais sa réflexion sur celle du corps à laquelle il doit bientôt consacrer un livre (sur l'éros et l'eucharistie, questions qui me sont si chères). Livre dont l'avancée a été retardée par le passage de son habilitation en juin dernier...

J'aurai beaucoup de choses à te dire sur cette distinction corps/chair... Je vais y réfléchir intensément, ça me changera de Brague et Derrida - et puis j'ai bon espoir de récupérer mon ordi en état de marche pour y déverser un peu de cette substantifique pensée. Je te remercie de ton attention Gai Luron**

Anonyme a dit…

Chère Belle Lurette,

J'en suis tout déchiré de partout, mais je me vois dans l'obligation de te contredire sur un point :
Falque est quand même un admirateur sans bornes de Jean-Luc ; je me permets de te renvoyer au numéro spécial de la revue "philosophie" sur Marion ; il y a un article de Falque sur "Etant donné", c'est pas un compte-rendu, c'est une hagiographie !

Allez, je m'en retourne à mes chères occupations.

A très vite BL