10 août 2008

Impossible serment


Samedi 5 juillet 1958
Assez de répit. Au travail. Aux actes. Je reprends le chemin de moi-même. Je jure de me reconquérir au plus vite. Retrouver cet état de grâce où la vie et le roman se confondent! S'obéir naturellement. Vivre.

Quel monde merveilleux que le nôtre, où l'on peut trouver en livre de poche le Journal de Jean-René Huguenin, le lire, somptueuse soirée, en écoutant Satie en boucle, vivre, vivre, vivre!

33 commentaires:

Geneviève a dit…

Très, très romantique je trouve ! Je ne sais pas pourquoi, ces quelques lignes m'ont fait penser aux "Nourritures Terrestres" de Gide.
A part cela, dommage qu'il soit mort si jeune, il était plutôt beau gosse, je trouve...

Sémiramis a dit…

Ma chère Geneviève, je ne peux que vous encourager à lire le journal du beau ténébreux JRH.
Le parallèle avec Gide est loin d'être incongru!
Ah, cette cigarette et cette mèche faussement rangée...

Didier Goux a dit…

Oui, ça donne envie (le journal, pas la mèche...). En revanche, je vous abandonne Satie très volontiers.

Sémiramis a dit…

Souvenez-vous Didier, votre ami Carlos m'avait indiqué cette édition. Au fait, avez-vous lu le dernier Brague?

Didier Goux a dit…

Pour Carlos, j'avais oublié : ce devait être après l'apéro...

C'est lequel, le dernier Brague ?

Anonyme a dit…

Je confirme, c'était bien après l'apéro! :-)

Le dernier Brague, celui sur le "Dieu des chrétiens" (il en a sorti une floppé d'un coup, dont un texte sur Baudelaire que je n'ai pas encore acheté)

Bonne journée!

Didier Goux a dit…

Oui, je l'ai fini la semaine dernière. Passionnant, mais dense...

(Si vous achetez le Baudelaire, je suis client !)

Jean-Baptiste Bourgoin a dit…

Reprendre le chemin de soi-même ; s'obéir naturellement. C'est merveilleux ! Voilà un ouvrage qu'il me faut me procurer rapidement !

Élise, sais-tu que je pense souvent à "La Côte Sauvage" en arpentant les chemins et les plages de mon nouveau "territoire" ?

Didier Goux, j'approuve votre avis sur le dernier Brague. Passionant, riche et... drôle !

Sémiramis a dit…

Didier, c'est noté pour Baudelaire!

JB - Brague est effectivement très drôle, avec son air pince sans rire.

J'imagine effectivement que tes promenades bretonnes trouvent un écho privilégié dans ce livre... Je me fais le même plaisir en allant pique niquer aux Champs Elysées avec G. en pensant aux rencontres entre Proust et Gilberte! La vie parisienne est peuplée de héros.

Bon dimanche iodé. Moi je suis installée sur mon balcon avec persistance mais vais animer la messe à Chilleurs demain!

Jean-Baptiste Bourgoin a dit…

C'est peut-être le plus grand charme de Paris !

Je veux bien échanger un peu de mon air iodé avec un peu de ton balcon et le plaisir d'échanger avec toi quelques mots. Je viens tout juste de reprendre l'HSQ, quel livre merveilleux ! J'ai aussi un Proust à finir, mais celui-ci va encore attendre quelques temps... L'évocation de Proust et de Gilberte, pourtant, me presse !

Sémiramis a dit…

Oui, l'extrait que tu cites sur ton blog m'a frappée. Il faudrait lire sans cesse.

J'ai terminé Freund, te l'ai-je dit? Je crois que j'embrayerai sur les mémoires de Raymonde Aron. Je m'en veux de ne rien avoir jamais lu de lui. Au gré du train et des terrasses de café parisiennes Proust avance bien: je suis en ce moment à l'hôtel, à Balbec!

J'attends tes photos de Bretagne avec impatience. Cela me fait penser qu'il faut que je t'en envoie aussi quelques unes!

Jean-Baptiste Bourgoin a dit…

Oui moi aussi je regrette de n'avoir encore rien lu de Raymond Aron. Mais nous avons encore un peu de temps devant nous !

Nom de pays : le pays ? C'est à cette partie que j'ai laissé Proust, juste avant de partir en vacance, en... 2003 !

Mes photos de Bretagne arrivent sur mon blog très bientôt ! Et quelques unes supplémentaires sur mon album web. Je suis impatient de recevoir les tiennent !

Sémiramis a dit…

Hop, tu as dû les recevoir à l'instant!
Le temps devant nous, certes, certes, gare à ne pas partir à sa recherche comme dirait l'autre ;-)

Nom de Pays: tu n'es pas bien avancé, de mon côté je m'étais arrêtée au début des jeunes filles en fleurs. Mais grâce à Dieu j'ai un amant qui me fait attendre et Proust n'en avance que plus vite!!

Jean-Baptiste Bourgoin a dit…

C'est toi qui n'est pas bien avancée ;) Tu confonds "Nom de pays : le nom" dans "Du Côté de chez Swann", avec "Nom de pays: le pays" qui est la deuxième partie de "À l'ombre des jeunes filles en fleurs" ! J'arrête de te taquiner et admire ta capacité à tirer le meilleur de toutes les situations !

Je n'ai encore rien reçu, en attendant je t'envoie les liens vers quelques photos récentes.

Jean-Baptiste Bourgoin a dit…

Je t'entends déjà faire "grrr" :D

Sémiramis a dit…

Mais oui, tu as raison! Nous en sommes donc au même point (je n'ai pas mon Proust sous la main, je suis littéralement envahie par Simone!)

De bonne guerre :-)

Anonyme a dit…

Elise, un petit bonjour du "Sud". Votre exclamation "vivre, vivre, vivre" vient de me rappeler cette phrase dont j'ai oublié l'auteur : "Il n'y a pas de plus grand malheur que celui d'exister sans vivre". Ce à quoi j'adhère totalement !
Bises
Geneviève

Sémiramis a dit…

Je souscris volontiers ma chère Geneviève, mais retourne la formule: je ne suis pas sûre que vivre sans exister soit beaucoup plus amusant. :-) !!

Anonyme a dit…

Ma chère Elise,
J'apprécie beaucoup votre humour ! Mais je ne crois pas qu'on puisse intervertir cette citation aussi facilement. En effet, il me semble qu'il faut d'abord "exister"/"être" (sens statique) avant de pouvoir vivre (sens dynamique).
Exemple le plus extrême de "exister sans vivre" = personne en coma dépassé...
Cela étant, je sais bien que "vivre" et "exister" peuvent être synonymes. Notez toutefois que l'on peut dire : vivre un grand amour, vivre heureux, vivre d'amour et d'eau fraîche, vivre un moment exceptionnel, vivre une belle aventure, etc. et qu'il est impossible de remplacer "vivre" par "exister" dans toutes ces phrases !
CQFD. :-)
Geneviève

Jean-Baptiste Bourgoin a dit…

Attention à ne pas entrer dans ce jeu trop promptement ;)

Vous faites une petite erreur : "être" n'est pas synonyme de "exister". Exister (ex sistere) c'est "se tenir au-dehors", mais aussi : "se présenter au dehors". Laissons de côté le mot "Être", nous risquerions dans nous aventurer dans des contrés sur lesquelles les petites expressions que nous venons d'employer ne seraient pas à leur place.

Pensez au fait que vivre est un concept qui traîne derrière lui une force tellurique. Mollement parlant, vivre c'est avoir ses organes "vitaux" qui fonctionne. Je suis vivant ou je suis mort. Par extension, cette signification corporelle, terrestre, biologique du mot vivre à donné un sens plus "poétique" : vivre c'est tracer un chemin dans la terre, soulever la poussière, creuser le sol, y laisser au passage sa marque. Bref, prendre la vie à pleine main.

Mais pensez maintenant à cette jolie expression : "hé ! je suis là, j'existe !" Je me tiens là, je suis présent, bref je me présente au-dehors de moi même (ex sistere).
Pensez à vivre au sens biologique. Vous verrez alors que la petite phrase d'Élise fonctionne parfaitement.

Soit :

"Il est malheureux d'exister sans vivre" = il est malheureux d'être parmi les hommes, d'être dans ce monde sans laisser sa marque, sans illuminer, sans faire de nombreuses expériences, sans essayer de faire le tour de ce que la vie a à nous donner.

"Il est malheureux de vivre sans exister" : phrase peut-être conceptuellement plus précise et plus claire : il est malheureux d'être vivant, d'avoir ses organes qui fonctionnent, sans être vu de personne, sans avoir aucune présence en-dehors de soi.

Jean-Baptiste Bourgoin a dit…

La deuxième phrase est effectivement moins courante. Je tente une explication.

Premièrement, dans ce monde de peu de foi la fin de la vie est la fin de l'existence. Une fois les organes éteints, c'est fini.

Monde d'égoïstes bien plutôt, car même incroyant on peut penser une existence sans vie : Proust, sa parole, continue d'exister au travers de ses œuvres.

Or, puisque "l'égocentration" est devenue une vertue, une fois l'individu mort, c'est la fin, plus rien n'existe. Qu'importe ceux qui suivent.

Dans ce contexte la vie est le concept ultime, il n'y a rien en dehors. Et certainement pas de l'ex sistere ! C'est à dire du "se présenter au dehors". Au dehors de quoi dans un monde dans lequel il n'y a que moi et mes expériences intimes ?

Moi et mes expériences intimes (choses louables en soi) : j'existe et suis plein de vie. Je VIE. Ici ne pas vivre, ne pas exulter, ne pas jouir, est un malheur.

Les autres, et ma présentation face à eux : j'existe, je suis là, que je sois vivant ou mort (par mes écrits, par les souvenir). Ici, ne pas exister est un malheur.

Vouloir vivre, pleinement vivre, voilà un désir très sain, et très exaltant ! Mais c'est un mouvement intime, une décision intime. Le monde des hommes ne peut pas inviter à vivre, il n'est pas le lieu du vivre, il est le lieu de l'existence. Le monde des hommes est ce lieu dans lequel chaque homme, mort ou vif :), se doit d'exister, se placer devant tous les autres. L'espace public.

Bref, oublier que nous puissions vivre sans exister est peut-être symptomatique d'une époque qui a perdu le sens du monde, du public, du politique, pour ne plus se concentrer que sur l'intime, le privé etc.

En ce sens Élise à raison, il est malheureux de vivre sans exister, et d'exister sans vivre ;)

P.S. : j'espère que l'on me pardonnera de ne pas avoir pris la peine de travailler ce bloc de pensée informe, et certainement indigeste !

Jean-Baptiste Bourgoin a dit…

Mon texte prête à confusion. Je ne souhaite pas dire ici que toute personne qui oublie que l'on peut vivre sans exister est égoïste. Nous vivons à notre époque, avec les mots de notre époque, même si nous ne partageons pas toutes ses caractéristiques.

Ainsi est-il possible d'utiliser le mot discrimination en son sens actuellement dominant, oubliant par là son sens originel de "faire des disctinctions" (chose noble), sans pour autant soutenir l'idéologie égalitariste contemporaine qui fut la cause de l'inscription de ce mot dans le registre des horreurs de ce siècle.

Anonyme a dit…

Jean-Baptiste,
Vous avez sûrement raison ! Sur le plan philosophique, je ne suis qu'une petite fourmi... et j'accède très difficilement aux raisonnements comme les vôtres.
Ce que je voulais dire est simplement ceci : il y a pléthore de gens qui existent et qui ne vivent pas. Ils "vivotent" : pas d'enthousiasme, pas d'esprit d'entreprise, pas de prise de risques, pas d'amour fou, etc. La médiocrité, la banalité, le "raisonnable" (au mieux) leur suffisent. Ils ne sont même pas capables - pour reprendre une phrase de Bernanos que j'ai déjà mentionnée sur ce blog - "[d'utiliser] une fois leur âme, ne serait-ce que pour offenser Dieu".
Pour terminer, juste une petite remarque : il me semble que quelqu'un qui vit pleinement n'a généralement pas besoin de dire ""hé ! je suis là, j'existe !", car ça saute aux yeux >>> voir Elise !
Amicalement

Didier Goux a dit…

Mais ça jacasse tant que ça peut, en ces parages !

À propos de Proust (enfin, si l'on veut...), je me souviens d'avoir, sur mon premier blog (détruit), alors que j'allumais un pompeux discoureur, d'avoir intitulé mon billet :

Nom de crétin : le crétin

Didier Goux a dit…

On dirait que j'ai exagérément multiplié mes avoir...

Anonyme a dit…

Salut Elise,

De passage sur ton blog, toujours aussi actif, j'espère que tu vas bien depuis ces temps reculés... Que deviens-tu ?

Bises

Sémiramis a dit…

Eh eh eh, Jean-Baptiste a fait tout le boulot de légitimation philosophique pour moi! Alors, je me mets les doigts de pieds en éventail, et vais me promener au bord de la Loire...

Sémiramis a dit…

Didier, oui, je me souviens de votre malicieuse référence proustienne. Topologie de l'imbécilité!

Sémiramis a dit…

Coucou Sébastien!
Merci de ta visite! Tu vois, tout suit son cours: je tente de boucler mon MII tout en travaillant et en entretenant un peu la flamme blogesque...

Et toi?

Anonyme a dit…

M2 toujours sur Simone Weil ? Travailles-tu toujours à la banque ? Pour moi, tout va bien, me voilà arrivé à Orléans (ma copine est affectée pas très loin). J'ai obtenu le capes de lettres en juillet et vais entamer mon année de stage. Je continue mon M2 de philosophie en parallèle (La profondeur ; l'intimité spirituelle chez Lavelle). Et bonne nouvelle, l'année prochaine, c'est la Confirmation... j'en suis très heureux. En attendant, je travaille les textes pour ma gouverne.

Bises,
Seb.

Anonyme a dit…

Salut Elise,c'est Mag!
Wouuaa quel blog. Je me sens larguée philosophiquement, mais je recueille des saveurs poétiques à ruminer. J'espère te voir bientôt. Amitiés.

Anonyme a dit…

Eh, Elise, ton baptème en fait c'etait une soirée déguisée pas vrai?
Allez bon vent.
Alexis

Malou a dit…

Hello Elise,

Désolé de ne pas avoir été des tiens depuis quelque temps. Ma nouvelle vie carpentrassienne s'organise tout juste et je n'ai pas eu le temps de profiter de ta jolie prose.

J'attends la visite de Coincoin la semaine prochaine. Nous te tiendrons au courant.

Plein de belles choses après ces moissons et tout et tout.

Halio