30 mars 2008

De l'indécence du doute à celle de la foi

Outre la première lettre de Pierre (1, 3-9) qui arrache au coeur une joie intense, ce dimanche de l'octave de Pâques nous propose de suivre pas à pas les retrouvailles du Christ ressuscité avec ses douze - enfin, onze - compagnons (Jn 20, 19-31). Lors de la première visite du Sauveur, Thomas est absent et il ne peut croire les propos - un peu surprenants, avouons le - de ses comparses.
D'où le thème de "l'incrédulité de Thomas" et l'invitation du ressuscité réapparu : "Plonge ta main dans mon côté: cesse d'être incrédule, sois croyant". Le texte ne précise pas si Thomas ose finalement fouiller les entrailles du Fils de l'homme; mais le Caravage (constesté) de Loches illustre de façon frappante l'indécence de l'incrédulité de Thomas. A laquelle s'associent d'ailleurs de façon amusante les deux autres larrons qui n'avaient peut-être pas eu le courage d'aller jusque là!



Si l'incrédulité de Thomas semble indécente, je suis très amusée par la façon dont la doxa catholique régnante inverse cette bienséance. Les homélies et introductions bravement anônées dans nos paroisses me surprennent toujours par leur lourde insistance à faire du doute un phénomène hygiénique, nécessaire à la foi, tout au moins inéluctable. Et Saint Thomas devient l'emblème de cette foi tatonnante qui "prend le doute comme compagnon de route" (sic), comme si elle n'avait pas les moyens de "cheminer" toute seule et qu'il lui fallait se modérer sans cesse pour avancer mieux.
On a l'impression très nette, devant cette débauche d'auto-complaisance faiblarde, que la conviction est une provocation indécente. Je peux affirmer que depuis mon baptême - et même avant - le doute n'a jamais été en moi quant à la résurrection du Christ, l'existence de Dieu, la possibilité du salut, etc. Je peux douter sans cesse de ma capacité à assumer cette révélation reçue, de la capacité de l'Eglise à en faire quelque chose qui soit bon pour ce monde, mais je suis convaincue que je ne douterai jamais de ces mystères auxquels il m'a été donné de croire.
Dans la foi comme dans la vie, il y a des points de non-retour, des certitudes dans lesquelles on habite quotidiennement - sur lesquelles on a pris d'assez bonnes assurances pour être certain que le ciel ne peut pas nous tomber sur la tête. Mais surtout, quelle entrave à l'action pratique! N'est-il pas plus urgent d'agir que de chercher des certitudes dans les hautes sphères? N'est-ce pas d'ailleurs l'épreuve du monde qui enracine en nous des certitudes inébranlables? A force de se complaire dans une prétendue nécessité du doute et de légitimer bêtement ses hésitations, on n'avance pas à grand chose dans cette Eglise - et Dieu sait pourtant s'il y a du travail.

41 commentaires:

Didier Goux a dit…

Mais, si Thomas est absent, est-ce que les apôtres ne seraient pas plutôt dix, Judas s'étant fait sauter le caisson ?

Didier Goux a dit…

Sinon, belle et nécessaire mise au point. Avec juste ce qu'il faut de fermeté.

Catherine a dit…

C'est très beau ce que vous écrivez, Élise.
Mais le doute n'est-il pas une bonne chose ? Une interrogation ? Il me semble qu'on en ressort plus fort. Je dis peut-être une connerie, là ....

Sémiramis a dit…

Vous êtes totalement dans le vrai Didier; les apôtres sont dix le fameux jour où Jésus apparaît pour la première fois (chez Jean). Par contre je désignais plus loin que cet unique passage la série d'apparition du ressuscité aux apôtres dans les jours qui suivent la grande pâque.
Par contre, Judas ne se fait pas sauter le caisson, il se pend! Mais je ne sais pas comment ça se dit en argot!

Merci pour vos compliments!

Sémiramis a dit…

Ma chère Catherine; cela dépend probablement des profils psychologiques des gens. Certains ont peut-être besoin de douter pour éprouver la qualité de leur foi. Mais je pense qu'ériger le doute en pratique de salubrité spirituelle est un peu lâche, car cela pénalise l'action. Pendant qu'on se masturbe spirituellement, le monde avance sans nous.

Bon dimanche! Et beau voyage! Amitiés à vous 2

Sémiramis a dit…

Je n'en ai pas parlé, mais ce qui me surprend le plus dans ce tableau, c'est qu'il apparaît clairement que jésus a les fesses à l'air! C'est très surprenant.

Unknown a dit…

Bonjour Elise,
Je voulais apporter quelques bémols à votre intérressant development mais votre dernier comementaire m'en dispense. Je pense faire partie de la ctégorie des gens pour qui le doute est la voie du salut. Mais pour l'instant je ne suis pas encore vraiment croyant cela dit.
Mais merci, je suivrai votre blogue plus régulièrement je pense.

Sémiramis a dit…

Bonjour Simon, merci de votre visite et bienvenue sur mes pages.
Effectivement je voulais surtout souligner le malaise que peut éprouver quelqu'un qui ne doute pas devant un consensus universel sur la nécessité du doute dans la foi. Mais je ne veux en aucun cas tomber dans l'excès inverse, comme vous l'avez parfaitement compris!

Bon dimanche à vous et à bientôt!

Anonyme a dit…

C'est exactement ce à quoi je pensais hier matin en relisant la fin de l'Évangile de Jean dans mon bain ! Et dans le bus, ce midi, je lisais un passage passionnant du livre de Freund, qu'est-ce que la politique?, sur l'action et le courage qui entrait en parfait accord avec mes réflexions sur le concept incompris de "juste milieu" :

«l'utopie consiste à croire qu'il arrivera un jour où l'homme n'aura plus besoin d'agir, ni politiquement ni économiquement, qu'il pourra s'épargner de décider et de choisir, parce que les choses se régleront d'elles-mêmes.»

Ce consensus sur la nécessité du doute, qui est patent, semble bien avoir presque pris la forme d'une utopie que l'on retrouve dans l'idéal d'une paix universelle et perpétuelle qui suppose qu'il «n'existerait plus qu'une seule collectivité, absolument paisible et égalitaire, celle du genre humain tout entier». Il est d'ailleurs très intéressant que Freund renvoie au "genre" humain. Cet idéal destructeur du politique semble être intimement lié à une justification scientifique. Et on sait combien l'origine du doute "hyperbolique" est liée à la science...

Or la science fonde la vérité de ses propos quasi exclusivement sur le regard. L'expérimentation scientifique est avant tout visuelle. La vérité pour le scientifique n'est pas fondée en parole.

Or le doute de St Thomas est visuel ! Dans un monde qui a fait sienne l'expression "je ne crois que ce que je vois", une certaine forme de doute devient quasiment le pivot de la foi.

Il y a effectivement quelque chose de dangereux dans l'affirmation de la nécessité du doute dans la foi. Et ce danger c'est peut-être d'oublier que la vérité passe aussi, et sans doute avant tout, par la Parole.

Et tu as tout à fait raison de remarquer qu'il y a dans cette conception du doute quelque chose de lâche. Et je suis entièrement d'accord avec toi lorsque tu dis que cela entrave l'action pratique. Dans ce texte sur l'action, Freund explique génialement l'importance du courage pour l'action : «l'erreur consiste à comprendre la décision simplement comme un choix entre diverses opinions ou solutions possibles (...) Elle entreprend non seulement au sens où elle prend une initiative, mais fait l'effort pour la mener jusqu'à son terme. C'est en ce sens qu'elle est courage (...) Il y a dans le courage à la fois une détermination et une aspiration, une résolution et une espérance. Il met de la constance dans la décision et en même temps il comporte une énergie et un dynamisme propres qui font qu'il n'est pas un juste milieu au sens ordinaire»

Or dans le cas de la foi qui est une décision au sens noble (et non un simple choix), c'est tout la vie qui est engagée. Le doute dans la foi entraîne nécessairement une inconstance et une perte d'énergie et de dynamisme qui entrave effectivement l'action tout au long de sa vie, en plus d'être très certainement le signe d'un oubli de la primauté de la foi en la Parole, au profit de la vue.

Freund termine ce chaître introductif par une magnifique phrase de Luther «qui déclarait devant la diète de Worms face à ses accusateurs : Hier, stehe ich, ich kann nicht anders. Gott helfe mir. Amen». Que je traduirais (mon allemand est loin derrière moi, attention !) par : «Ici, je me tiens. Je ne peux pas faire autrement. Dieu m'aide. Amen.». L'affirmation, face à la mort, d'une foi inébranlable.

Sémiramis a dit…

Jean-Baptiste,

MERCI 1000 fois pour ce long et beau commentaire! Freund te permet de tirer les conséquences politiques de mon propos qui était plutôt spirituel. C'est frappant!

En revanche je n'avais pas pensé du tout au rapport vision / parole (j'étais focalisée sur le toucher qui est si troublant!). C'est fou cette volonté forcenée d'évacuer la parole, cela m'évoque mon malaise devant Wagner que je n'ai d'ailleurs toujours pas pris le temps d'évoquer.

Bonne soirée (avec Julien Freund!)
et merci encore

Didier Goux a dit…

Ce qui est bien, avec le bon Jean-Baptiste, c'est qu'il ne fait jamais le voyage pour rien. (Smiley ! smiley !)

À propos du doute (très bien "porté" de nos jours, vous avez absolument raison sur ce point), je me souviens du premier paragraphe du Ce que je crois de Jean-Marie Domenach, que j'ai eu la chance d'avoir comme directeur d'études au CFJ, par lequel il disait, en substance, que, dans un monde où il est de bon ton de se présenter comme "converti", lui avait toujours été catholique et qu'il l'était plus que jamais (à peu près, hein : je n'ai pas le livre sous la main...).

Didier Goux a dit…

Précision : je crois que la phrase était un petit coup de griffe feutré à son (par ailleurs) ami Maurice Clavel, très "bruyant" à cette époque...

Sémiramis a dit…

Mais estimez vous faire le voyage pour des prunes Didier (à moins que ce ne soit pour des noyaux d'olives? smiley! smiley!)?

J'avoue que je ne comprends pas très bien le sens de la parole de Domenach. Le fait d'acoir "toujours été catholique" demande quelques explications. Je ne connais guère de catholiques qui n'aient pas eu quelques conversions, quelques moments clefs qui les ont ancrés dans la foi.

Le fait de se convertir n'a pas forcément de rapport avec le doute mais avant tout à un ou des évènements qui entraînent une décision, un engagement plus fort dans la relation à Dieu. Comme je le disais, de mon côté je n'ai jamais douté, et pourtant je me suis convertie, puisque j'ai reçu les sacrements.

Mais je n'ai peut-être pas bien compris?

J'aime beaucoup votre phrase "le doute se porte très bien", je la trouve si juste!

Bonne soirée!

Tangleding a dit…

Bonsoir Elise
Je voulais juste dire que c'est moi qui ai posté le commentaire signé Simon: j'écrivais de chez mon frangin et l'identité blogger était donc la sienne, je n'y avais pas prêté attention...

Ce qui ne change rien au fond de ma pensée bien sûr... (mais n'engage pas celle du frangin!)

Tanguy

Anonyme a dit…

@ didier goux

vous remarquerez mes efforts pour conserver mon titre de "plus prolixe commentateur de la blogopshère" !

@ élise pellerin

merci à toi ! sans cet article, jamais je n'aurai tiré autant de substance de mes récentes lectures !

J'ai pour ma part, fais l'erreur de mettre de côté l'haptocentrisme si cher à Derrida ! Je me demande si le toucher n'est pas le complément naturel de la vision. Mes yeux peuvent me tromper ("Je n'en crois pas mes yeux"), mais si je touche et que mon toucher correspond à, ou me permet de rétablir (cf. le bâton brisé dans l'eau), ce que je voie, alors la vérité me semble être mienne. D'où l'importance de l'aveugle. L'aveugle peut-il atteindre la vérité (si on met de côté toute vérité fondée en parole) ? Le toucher suffit-il ?

Or il me semble que les outils de la science moderne font le choix de la vue, mais pas du toucher. Mieux : d'une vision que l'on sait retravaillée par les outils et qu'il faut interpréter ! La connaissance de l'outil remplace le toucher.

Dans cette affaire la parole est clairement évacuée. Il est d'ailleurs tout à fait intéressant de constater que la musique est devenue, comme tu le souligne bien avec Wagner, profondément, et quasi exclusivement, "visuelle". La guitare électrique est très visuelle, sa sonorité évoque clairement le cri, ou la plainte violente. La musique électronique est très "géométrique", elle évoque facilement des cercles, des ondes, des percées, des matières molles, ou tranchantes etc. Lorsque Cage "écrit" la partition Silence, c'est une représentation clairement visuelle du silence qu'il propose. Quel est le son produit par une salle de concert jouant une partition silencieuse ?
Le chant religieux a lui quasiment intégralement disparu. Sur le plan de la création j'entends. Le Requiem de Ligety est purement nihiliste, c'est une pure représentation du gouffre qu'ouvre la mort. Même le "Prometeo" de Nono qui fait une utilisation très intéressante du récit grecque est complètement dominé par le sentiment de néant que produit la musique. Le récit est d'ailleurs quasi mécanique, synthétique.

Placé sur le mode de la parole, le silence est riche, le silence est plein, plein de sens. L'absence de parole est parole.

Mais l'absence de vue n'est pas la vue. Et la vue sans le maintien de la parole sombre vite dans la représentation du néant.
Je vais être un peu caricatural. Dans le monde presque sans parole qui est le notre, soit nous sommes en face d'une musique qui cache le vide par la satisfaction des passions ou des sens (rock/musique électronique), soit nous sommes en face d'une musique qui, quoiqu'elle montre, ne montre que le vide (Prometeo de Nono, Requiem de Ligety, et même ses Nouvelles Aventures qui n'ont rien de joyeuses !).

Ce qui aboutit à l'idée étrange que la vérité c'est le nu, ou plutôt : l'absence d'erreur c'est le moment où l'on a tout dénudé. La photographie et la peinture moderne, dans sa fascination morbide et nihiliste pour la viande humaine, pour le corps nu non plus en action mais en présentation pour la dissection, me semble allez dans ce sens. Puisqu'il n'y a pas de Parole, alors tous les discours sont, en dehors de leurs ancrages dans les conditions sociologiques de leur époque, faux. Ce que dit une personne avec sa manière de bouger, de s'habiller, n'est qu'une duperie sociologique. La seule vérité c'est l'analyse des formes et des couleurs de ses vêtements, c'est son corps nu.

L'esthétique moderne est une esthétique des formes. Mieux elle est une esthétique ! L'art n'est plus une technique qui aboutit à des résultats divers, l'art se pense uniquement sur le mode de l'esthétique, de la perception.

La parole a été évacuée au profit de la vue, et paradoxalement, avec elle, l'idée même de contemplation de la vérité. Reste la vision de la viande. Peut-être justement parce que la viande peut-être touchée ! La contemplation de la vérité ne se laisse ni prendre, ni circonscrire. Or pour qu'une vision entre dans le domaine du vrai, elle doit être circonscrite, calculable donc, elle doit pouvoir se laisser prendre. Elle doit pouvoir se laisser prendre, également, par une langue qui ne reconnaît plus l'ineffable, une langue qui n'est plus qu'un outil pour la main. Le mot vrai n'est plus que le mot qui circonscrit.

Or, comme je le disais dans mon article sur le Golem, l'obsession de vouloir tout circonscrire conduit à une réduction du réel à ce que nos mains et nos mots sont capables d'englober. Et face au vide qui nous fait face, après que nous ayons tout dénudé, nous sommes déchirés entre notre certitude fièrement acquise et l'appel lointain et profond de la vérité qui sort du silence. Avec la Parole, le silence, l'absence de parole, est encore plein de la Parole. Sans Parole, le silence est une pure absence. Et toute absence est absence de quelque chose. Tout vide est le vidé de quelque chose.

Arf ! Je m'arrête là, il est tard !

Malgré l'apparente assurance de mes propos, je dois avouer avoir quasiment écris tout cela au fil de la plume, presque sous la dictée. Dès lors il me faut étrangement me rapproprier ce que je viens d'écrire ! Mais je ferais cela demain. En attendant je te laisse, lâchement, te débrouiller avec ma logorrhée envahissante !

Bonne nuit !

Anonyme a dit…

Assez d'accord avec vous, Elise. Je ne sais pas si je réussirais à gagner mon paradis, mais je n'ai aucun doute sur l'existence de celui-ci et les conditions pour l'obtenir.

Par contre, cette automatisme du doute commence effectivement à me taper sur le sytème. Sous prétexte que la seule démarche qui vaille est celle de Descartes, le premier qui affiche ses certitudes n'est rien de moins qu'un intégriste. Ça use à la longue.

Anonyme a dit…

Tout à fait. Je suis aussi frappé que les homélies ne mettent pas en relief que le problème n'est pas que Thomas doute ou ne doute pas, ni même (dans cet épisode en particulier) que Jésus soit ou non ressuscité. L'extraordinaire est que Thomas met la main dans le côté du Christ. (Franchement, vous l'y auriez mise, vous ?) Et c'est précisément en cela qu'il montre qu'il n'est pas qu'un banal type "en recherche" comme notre époque nous en montre des dizaines. Thomas a la foi avant que sa main n'entre dans le côté du Christ, puisqu'il obéit à cette demande invraisemblable : "Mets ta main dans mon côté". Ce que l'homme moderne ne veut surtout pas faire, c'est mettre sa main dans le côté du Christ (cf. Péguy "vous êtes prêts à faire de grands sacrifices, mais surtout pas ceux que je vous demande", ou quelque chose comme ça). Parce que l'homme moderne sait très bien qu'une fois qu'il aura mis la main dans le côté du Christ, il lui faudra faire le sacrifice de son doute (ou plutôt de ce qu'il y avait d'étroit et de bas dans son doute). Ce qui lui est impossible - enfin presque impossible, heureusement !

Anonyme a dit…

Elise,
Votre réflexion sur le doute m'a fait l'effet d'une déferlante en pleine figure ! Lorsque vous écrivez : "le doute n'a jamais été en moi quant à la résurrection du Christ, l'existence de Dieu, la possibilité du salut, etc. " je suis à la fois enthousiasmée et irritée. Enthousiasmée parce que des personnes à la foi aussi solide sont une bénédiction pour celles (dont j'ai longtemps fait partie) qui avancent pas à pas dans la vie (avec pour toute lumière une minuscule lampe de poche pour éclairer la nuit). Irritée (pardon ! :-) ) parce que je me demande si cette fantastique certitude ne risque pas d'entraîner une "fermeture" à tous ceux (et ils sont nombreux hélas) qui ne la partagent pas. Heureusement, dans votre réponse à Simon, vous précisez "je voulais surtout souligner le malaise que peut éprouver quelqu'un qui ne doute pas devant un consensus universel sur la nécessité du doute dans la foi. Mais je ne veux en aucun cas tomber dans l'excès inverse, [...]!". Ouf !...
Je comprends très bien votre rejet du doute décrété comme nécessaire pour accéder à une foi "mature" (comme on dit actuellement); ce genre de foi, toujours remise en question, triturée dans tous les sens, (j'aime beaucoup l'image de "masturbation)intellectuelle" !), produit une chrétienté "loukoum", molle, sucrée, dégoulinante de bons sentiments, sans consistance face aux véritables interrogations.
En revanche, il existe une autre sorte de doute auquel il est parfois (souvent ?) difficile d'échapper, c'est celui de la "nuit". Croyez-moi, il peut arriver dans une vie de se trouver au bord de l'abîme ("Avance, avance, réjouis-toi de la mort qui te donnera, non ce que tu espères, mais une nuit plus profonde encore, la nuit du néant" : Thérèse de Liseux) et c'est un combat effrayant pour en sortir ! Cette sortie est d'ailleurs un moment de conversion et vous relevez tout à fait justement que les "chrétiens du berceau" doivent à un moment donné ou à un autre effectuer cette "metanoia". Toutefois, lorsque vous dites que le doute "entrave l'action pratique", de quel sorte de doute parlez-vous ? Cette idée est d'ailleurs reprise par JB. Bourgoin quand il écrit : ". Le doute dans la foi entraîne nécessairement une inconstance et une perte d'énergie et de dynamisme qui entrave effectivement l'action tout au long de sa vie". Et cela me laisse vraiment perplexe ! Si je prends un exemple récent - Mère Térésa - on ne peut pas dire, me semble-t-il, que son action a été limitée par l'épouvantable "nuit obscure" qu'elle paraît avoir vécu des années durant !
Pour en revenir à Thomas, il paraît évident qu'il avait non seulement besoin de "voir", mais surtout de "toucher". Car "voir" le Christ ressuscité a été donné à tous les apôtres. Ceci étant, même après avoir vu Jésus ressuscité et avoir mangé avec lui (voir Jean), il a fallu la Pentecôte pour que les apôtres soient confirmés, affermis dans leur foi.
Bon, je ne suis ni théologienne, ni philosophe (merci à JB Bourgoin pour ses interventions, même si certaines me dépassent un peu ..)et mes réflexions valent ce qu'elles valent !
Je profite de ce commentaire (pardon pour la longueur) pour vous remercier de votre très beau texte "L'Eglise, le ventre, et la Vierge Marie" : c'est la première fois que je lis une si belle et pertinente réflexion sur l'Eglise.
Je fais aussi d'une pierre deux coups : en ce qui concerne la conférence sur Etty Hillesum, je ne m'y rendrai pas pour les raisons évoquées il y a peu. En revanche, ce sera un plaisir de vous rencontrer un jour à Paris (pour déjeuner ?).
Amitiés

Anonyme a dit…

@ baroque et fatigué

merci pour votre intervention sur le toucher, et particulièrement cette phrase très pertinente :

"Parce que l'homme moderne sait très bien qu'une fois qu'il aura mis la main dans le côté du Christ, il lui faudra faire le sacrifice de son doute"

Cela me permet de mieux comprendre quelque chose que je n'avais pas vraiment bien perçu. Et cela va m'être utile pour ma réponse à Flore ;)

@ Flore :

je me permet de vous répondre, bien que vous adressiez votre question à Élise. Je vais répondre à votre question : «Toutefois, lorsque vous dites que le doute "entrave l'action pratique", de quel sorte de doute parlez-vous ?». J'espère qu'Élise m'excusera de répondre à sa place à une question qui lui était destinée (bien que je sois quasiment certains qu'elle le fera ;) ).

Lorsque je dit : «Le doute dans la foi entraîne nécessairement une inconstance et une perte d'énergie et de dynamisme qui entrave effectivement l'action tout au long de sa vie» . Je parle de ce doute que l'on cultive pour lui-même. Et lorsque Élise dit : "je voulais surtout souligner le malaise que peut éprouver quelqu'un qui ne doute pas devant un consensus universel sur la nécessité du doute dans la foi. Mais je ne veux en aucun cas tomber dans l'excès inverse, [...]!" il me semble qu'elle parle exactement de la même modalité du doute.

Pour schématiser, et clarifier, on pourrait dire qu'il y a en gros 3 rapports au doute : la personne qui ne doute pas ; la personne qui peut douter à certains moment, voire souvent, mais qui ne désire pas cultiver ce doute ; la personne pour qui se repose sur le doute pour vivre sa "foi" sans en prendre la pleine responsabilité.

Je faisais référence à ce dernier rapport au doute. Cultiver le doute c'est cultiver l'inaction. Douter produit toujours une perte de dynamisme, entrave l'action. Par nature l'action suppose, au moment ou nous la réalisons, de ne pas douter, de la porter pleinement. Mais il est en même temps tout à fait vrai qu'être soumis au doute peut mener à la réalisation d'une action extrêmement forte, d'une foi plus forte etc. En revanche cultiver le doute c'est, d'une certaine manière, se reposer sur ses lauriers, ou se complaire dans sa misère. Il y a une différence entre le malheureux qui n'a plus le désir de sortir de son malheur (qui est le vrai malheureux), et l'homme soumis à des excès de malheur qui utilise ce malheur, qui l'enrichi d'une certaine manière, pour produire quelque chose.

Et ici la phrase de "baroque e(s?)t fatigué" et la figure de St Thomas est éclairante : le doute de celui qui obéit au "touche mon côté" est un doute passager. Thomas ne veut pas douter. Mais la parole ne lui suffit pas, il lui faut voir et toucher. Une fois cela fait, il croit (au passage s'il est bon de dire que celui qui croit après avoir vu possède une foi véritable, en revanche il me semble extrêmement grave d'en tire idéologiquement l'idée que pour croire il faut voir ! Ce serai, comme nous le disions plus haut "évacuer la Parole". Il faut ici toujours se souvenir de cette parole magnifique : "Heureux celui qui croît sans avoir vu").

Or le danger qu'il y a à faire du doute un phénomène nécessaire de la foi, c'est de faire croire que notre foi n'est solide que si l'on cultive le doute. Les personnes qui ne doutent pas ou peu ne seront pas changés par cette insistance. En revanche celles qui cultivent le doute risquent de trouver là une justification raisonnable à leur complaisance dans l'irresponsabilité vis-à-vis de leur foi. Ce qui est doublement grave. Premièrement parce qu'il me semble que la solidification de sa foi est quelque chose de sain. Deuxièmement parce que cela a des conséquences sur notre action, et donc sur le plan politique. Sur le plan individuel ce doute perpétuel entrave nos actions. Sur le plan collectif, une Église qui ne serai constituée que de membres doutant constamment serai en bien mauvaise posture.

Pourtant je conçois parfaitement ce qui a pu mener à l'édification d'une telle conception du doute. À une époque où avoir la foi suppose un combat de chaque instant, ou celui qui affirme clairement sa foi est regardée de travers etc. Pour nombres de gens les certitudes vacillent. Il s'agissait donc de dire aux "pauvres en foi" (l'expression n'est pas très bonne, mais je l'utilise pour le parallèle qui va suivre) "ton doute est naturel ne t'en inquiète pas, nous savons que c'est difficile, mais tiens bon etc.", et un "ton doute renforce ta foi" donne du baume au cœur. Dire cela comme nous disons aux pauvres "ta pauvreté est difficile à supporter, nous le savons, mais mieux vaut cela que d'être riche et oublieux du Seigneur, perdu dans le divertissement". Et dans ce genre de situation un "ne soit pas triste d'être pauvre cela est une chance pour ta foi", non seulement n'est pas faux, mais aide.

Le danger est de croire qu'il nous faut tous nous obliger à être "pauvres en foi" et miséreux pour être bons chrétiens. Ce qui n'est pas juste. Non seulement parce qu'il met de côté nombre de croyants sincères, mais surtout parce qu'il remplace l'acte de foi par un comportement. Et aussi parce qu'il fait perdre au doute non désiré, celui que l'on ne cultive pas, celui dont vous parlez lorsque vous évoquez "la nuit obscure" de Mère Térésa, sa profondeur et la possibilité d'agir contre lui. Que faire contre une "nuit obscure" si nous sommes persuadés que cela est finalement "normal" ? Mère Térésa pouvait agir malgré son doute profond, précisément parce qu'elle prenait la pleine dimension, la pleine profondeur de ce doute, et qu'elle se battait avec. Le "pauvre en foi" ne veut pas se battre, et son doute est sans réelle profondeur. Car celui qui doute profondément, au moment où le combat s'arrête, ou il a la foi, ou il ne l'a plus, mais il ne doute plus. Évidemment il peut arriver chez certains que le combat contre le doute dure toute la vie. Ce n'est pas la vie la plus joyeuse, mais c'est une vie digne.

Anonyme a dit…

Ce message est bourré de fautes. Je note plus particulièrement l'insistance avec laquelle j'oublie le "t" au "serai" à la troisième personne du singulier.

Anonyme a dit…

@ Jean-Baptiste
Un très grand merci pour vos explications lumineuses ! Je vous suis tout à fait sur la capacité de nuisance du doute tel que vous le définissez. Effectivement, complaisamment entretenu, il ne peut conduire qu'à l'égoïsme, voire à la lâcheté. Il est de plus parfaitement stérile !
Tout à fait d'accord aussi pour dire que le doute n'est absolument pas indispensable à la foi : c'est un accident de parcours (parfois répété...) mais qui exige d'être surmonté. Il y faut pour cela l'aide du Seigneur, bien sûr, mais aussi celle de ceux qui ont "la foi chevillée au corps" ! :-)
Encore merci !

Tangleding a dit…

chevillée au corps ou à l'âme? (écho à quelque récente conférence des épées...)

Léopold a dit…

J'ai cru en découvrant les commentaires que je découvrais ce billet avec quelques jours de retard, mais non, quelques heures seulement, pfoulala! et je ne sais déjà plus trop comment m'inscrire à la suite des commentateurs qui ont encore élevé et complexifié le propos initial (déjà riche), et dont une grande partie dépasse (qu'est-ce qu'on met après ter déjà?...) mes faibles compétences.

-- Je me permettrai quand même de m'inscrire, personnellement, et brièvement, en faux contre les développements de JBB sur la musique, particulièrement en ce qui concerne la prétendue "disparition" de la musique religieuse au XXe siècle. Et Messiaen? Et Pärt? Et Poulenc, Stravinsky, Penderecki, et les autres?... Puisque l'on parle tant ici du rôle du visuel, il me semble que s'il y a une forme d'art qui peine véritablement à perpétuer sa tradition religieuse à l'époque contemporaine, c'est plutôt la peinture. - Je ne développe pas plus, d'une part parce qu'il ne s'agit pas là du propos que je voulais tenir majoritairement ici, d'autre part parce que je compte développer un peu plus cet aspect des choses dans le cycle de billets que je projette pour dans quelques semaines sur mon propre blog à propos des représentations du Christ au cinéma (ça c'est du teasing). --

Je suis en revanche assez d'accord avec le dernier commentaire de Jean-Baptiste, dans les différents types de rapports qu'il dégage entre le croyant, le doute et la foi - et au passage, pas la peine de vous excuser pour vos fautes de frappe, non seulement on en fait tous, mais il y a dans le lot un lapsus que je trouve particulièrement joli: "Heureux celui qui croît sans avoir vu" :-)

Tout ceci étant posé, je me permets d'ajouter, à présent, ma petite pierre à l'édifice:

Il y a, donc, des croyants qui doutent, un peu, beaucoup, passionnément, ou pas du tout. Il me semble que ce sont ceux qui apparaissent en troisième position dans la liste qui n'ont guère été envisagés ici. Flore rappelle fort à propos - et l'exemple de Mère Térésa est tout à fait judicieux - l'expérience de la "nuit" spirituelle; ce faisant, elle navigue près des eaux que je voulais moi-même évoquer, celles de la théologie dite "négative" et de la mystique qui en découle. Le croyant n'est-il pas engagé dans une relation avec un Autre fondamentalement inconnaissable - de notre vivant, du moins, et sauf (peut-être) expérience mystique -, ce Dieu "qui habite une lumière inaccessible, que nul d'entre les hommes n'a vu ni ne peut voir" (1 Tm 6:16)? La place du doute dans cette configuration n'est pas aisée à déterminer, car il me semble qu'il n'est pas si aisé que ça de le différencier de ce qu'on pourrait appeler l'"acceptation de l'inconnaissance"...

Certes, St Thomas hésite à croire sans avoir vu. Mais les autres apôtres présents ont la part belle, eux, qui, précisément, ont vu (même s'ils ne sont pas aller fourrer leurs doigts partout), et l'adieu du Christ à ses apôtres, "Heureux ceux qui croient sans avoir vu", semble bien plus s'adresser aux futurs chrétiens qu'aux disciples assemblés.

Le doute est-il si loin de la foi, ce saut amoureux dans l'Inconnu de l'âme qui se sent, pour citer St Jean de la Croix, tout à la fois "dans l'obscur et en sécurité" - a oscuras y segura ?

Anonyme a dit…

@ Flore

C'est moi qui vous remercie ! Vous m'avez mené plus loin avec vos questions que je n'aurai été tout seul, et il est toujours bon de savoir que nos paroles sont utiles ! Merci !

@ Léopold

Ah ! Vous me mettez en face de mon inculture musicale, je retire donc mes propos sur l'absence de musique religieuse dans notre monde moderne. Merci pour avoir relevé l'énorme erreur !

Merci également pour avoir remarqué ce joli lapsus, en effet. je serai bien tenté de le garder dans un coin de ma mémoire ;)

Pour le reste j'aurais aimé vous répondre mais je suis dans l'obligation d'aller faire des commissions pour un repas. Il me semble que j'avais commencé à aborder un peu la question que vous soulevez lorsque je parlais de la présence de la Parole dans le silence, ainsi que du déchirement de l'homme nihiliste entre son constat du vide qui est constatation d'une absence qui suppose une présence non reconnue.

Vos réflexions sur le doute sont très intéressantes. Ah! Il me faut vraiment y aller ! À bientôt !

Sémiramis a dit…

Wahouh! Quel succès!

Tout d'abord, merci à tous pour ces réactions passionnantes et sincères! Voila un bon exemple de débat qui fait avancer l'Eglise (grincement de dents caustique)...

Je vais tacher d'honorer l'effort de chacun par une réponse la plus complète possible. Bonne soirée!

Sémiramis a dit…

Tang,

Pas de souci pour le frangin; en fait, on ne peut pas accéder à son profil donc le malheur n'est pas grand.

je vous réitère donc mes mots de bienvenue avec votre nom propre cette fois!

Sémiramis a dit…

JBB - 1

Je ne pourrais pas trop me lancer dans un débat sur la musique à laquelle je ne connais rien du tout, même si je ressens ce que tu veux dire; en revanche il y a une phrase qui me frappe dans ce que tu dis:

"Ce qui aboutit à l'idée étrange que la vérité c'est le nu, ou plutôt : l'absence d'erreur c'est le moment où l'on a tout dénudé. La photographie et la peinture moderne, dans sa fascination morbide et nihiliste pour la viande humaine, pour le corps nu non plus en action mais en présentation pour la dissection, me semble allez dans ce sens. Puisqu'il n'y a pas de Parole, alors tous les discours sont, en dehors de leurs ancrages dans les conditions sociologiques de leur époque, faux. Ce que dit une personne avec sa manière de bouger, de s'habiller, n'est qu'une duperie sociologique. La seule vérité c'est l'analyse des formes et des couleurs de ses vêtements, c'est son corps nu."

C'est digne des discours d'Emmanuel Falque qui citait les textes de Deleuze sur francis Bacon: "Pitié pour la viande!"

Ce qu'il faut retenir de tout cela c'est le problème du lien entre le corps animal et la parole humanisante dans le monde moderne, l'art moderne (dont toujours Wagner comme je te le disais! Un Dieu de tripes sans paroles) et le christianisme en général.

"La parole a été évacuée au profit de la vue, et paradoxalement, avec elle, l'idée même de contemplation de la vérité. Reste la vision de la viande. Peut-être justement parce que la viande peut-être touchée ! La contemplation de la vérité ne se laisse ni prendre, ni circonscrire"

Je trouve cette phrase géniale! Et que tu emploies le mot de "viande" me rappelle Falque (donc m'exalte).

Passionnant!

Sémiramis a dit…

Mais que serait ce blog sans les interminables commentaire bourgoinniens???

Sémiramis a dit…

Polydamas, merci de votre visite.

Le problème est encore et toujours nietzschéen: lorsque l'on a un caractère fort et convaincu, on passe tout de suite pour arrogant - tout cela venant valider la thèse de Nietzsche d'une église de faibles faite par les faibles pour les faibles, pour se préserver de la puissance maniée par les hommes libres.

De mon côté, n'ayant pas le look et le genre qui prête à ce que l'on me traite d'intégriste, j'ai plutôt tendance à passer pour une hystérique!!

C'est intéressant que vous rapportiez cette attitude à Descartes, car de fait, les choses sont probablement liées. D'ailleurs, le doute cartésien est la plupart du temps interprété de façon très fantaisiste. Le doute cartésien est un procédé réthorique avant tout.

Bonne soirée!

Sémiramis a dit…

Bonsoir Baroque et fatigué, et merci de votre visite et de votre intervention.

Je suis très intéressée par ce que vous dites; ce qui me frappe, c'est que Jésus invite Thomas à plonger sa main! Le texte ne dit pas si il le fait ou pas... Il s'exclame "Mon Seigneur et mon Dieu" et ensuite, Jésus ne parle plus de toucher mais de vue "heureux qui croit sans avoir vu".

Mais je vous rejoint totalement dans l'idée que la foi engage un moment de basculement où on plonge sa main dans le côté du Christ... Où l'on mange son corps et l'on boit son sang... En réfléchissant à cette injonction de Jésus, je me rappelle les extases que Catherine de sienne raconte: Jésus lui apparait, avec son côté ouvert, et il l'invite à venir poser sa bouche contre sa plaie pour y boire son précieux sang!

Il y a quelque chose qui dépasse l'entendement et surtout qui engage un nouveau rapport au corps pour le chrétien - cela, je l'avais évoqué dans un texte l'année dernière "Le corps transfiguré" (16 avril 2007)

Bonne soirée et merci!

Sémiramis a dit…

Flore,

Pardonnez mon ton peut-être un peu brusque... Mais vous avez dans le fond compris mon propos. D'ailleurs Jean-Baptiste a fait une grosse partie du travail de réponse à ma place; grâce lui soit rendue pour cela car j'avais bien du pain sur la planche ce soir!

Je pense qu'il y a différentes façons de réagir dans la foi selon les tempéraments des gens. A mon avis, les mystiques et les grands saints que l'Eglise nous donnent en exemple vivent des situations extrêmes de don et d'abandon, ce qui fait qu'il y a un retour de manivelle sous forme de doute atrocement dur.

D'ailleurs le doute ne met pas en cause leur action car ils sont déjà dedans jusqu'au cou. C'est autre chose de douter quand on a tout donner que de tergiverser sur le cm² que l'on peut lâcher sur sa précieuse et sacro sainte liberté...

Pour des laïcs comme moi (nous) dont la vocation est moins - euh - disons catégorique dans ses choix de vie, il y a un moment où il ne faut plus trop se poser de questions.

En revanche, vous avez parfaitement raison de me mettre en garde: une telle certitude peut être une fermeture vis à vis de ceux qui ne la partagent pas, et c'est une difficulté que je peux rencontrer dans mon rapport aux personnes qui n'ont pas ma force de conviction et avec qui je peux, vous en avez fait l'expérience, être finalement assez violente!

Merci pour vos compliments sur mon texte sur le ventre et la vierge! Il date un peu (de ma période exaltée!!) mais est très bien, c'est vrai! Nous pourrons déjeuner ensemble quand vous le souhaitez. Le mieux est que nous contactions par mail pour fixer un RDV! Je suis heureuse de cette perspective! je vous laisserai mon mail demain et nous verrons cela.

Bonne nuit et à très bientôt! Amicalement

Anonyme a dit…

Dimanche "de Thomas", le Caravage "incontesté" de Loches : oui, de sympathiques clin d'oeil à ton frère de Strasbourg... Pour le reste une de mes profs de latin disait : "fortuna audaces iuvat" !! Un peu de copurage amis catholiques !!

Ciao.

Anonyme a dit…

Euh, dites moi:
Il ne serait pas possible de répartir le texte des commentaires sur toute la largeur de la page, car la roulette de ma souris ne va plus tenir bien longtemps ?
D'attribuer un numéro à chaque commentaire, car on s'y perd un peu ?
Mais quel plaisir de vous lire tous !
D.

Anonyme a dit…

"Le problème du monde, c'est que les imbéciles sont présomptueux et les gens intelligents bourrés de doutes." Cette citation de Bertrand Russell me brûle les doigts depuis quelques instants. Non que je vois présomption dans vos discours, mais que je doute d'avoir tout bien compris. Oui, c'est ça, je doute.

Sémiramis a dit…

Un anonyme cher à mon coeur...

Sémiramis a dit…

Cher D.

Je ne crois pas qu'il soit possible sur Blogger d'attribuer un numéro aux commentaires - ce qui est bien dommage! Je vais quand même regarder.

Le plaisir de lire est partagé, et le partager est lui aussi un plaisir... C'est euphorisant ces débats foisonnants, avec de nouveaux venus en plus.

Sémiramis a dit…

Mon coquillage haliotoidien préféré! Merci de ta visite! heureusement je pense qu'il existe sur terre autant d'imbéciles bardés de doutes que d'intelligents convaincus, d'abrutis convaincus que d'intelligents hésitants!

A très bientôt! j'espère du moins. Amitiés!

Anonyme a dit…

Chère Elise, je me demande si tu ne rejoindrais pas la pensée de Blondel au fond.

Sémiramis a dit…

Je suppose mon cher coincoin, que tu parles d'Eric et pas de Maurice?

Auquel cas la proximité est toute fortuite. Je ne l'ai jamais lu (pauvre de moi).

Anonyme a dit…

Ah euh si, je songeais plutot à Maurice qu'à Eric ; en bon nietzschéen, Eric aurait du mal à faire l'éloge de la conviction, du non-retour, et de la permanence de la certitude.

Sémiramis a dit…

Certes!! Malgré l'enthousiasme de mon directeur de mémoire pour Maurice je ne l'ai pas plus lu qu'Eric.

Teletubbies un jour, teletubbies toujours!

Ceci dit cela ne m'étonnerait pas de le rejoindre. La pensée de mon directeur est très en accord avec les maigres germes de celle qui tente de faire jour en moi.