20 mai 2007

Les pêcheurs de perles à l'opéra de Tours

Pour conclure ma grande semaine mélomane, il me reste à vous racontre la représentation à Tours des "Pêcheurs de perles", opéra de Bizet certes bien moins fameux que Carmen, mais très abouti musicalement selon les experts.
Le livret est un summum dans l'art difficile de la truffe, kitch et sentimentalisme sont au rendez-vous. Voici ce que j'en ai compris - il n'y avait malheureusement pas de sous-titres pour nous aider à entrer dans l'histoire!
Surfant sur la vague orientalisante de son époque, Bizet nous transporte vers les lointains rivages de Ceylan...
Là les pêcheurs de perles accomplissent chants et danses rituelles, et désignent leur nouveau chef: ce sera Zurga, barbe brune et fier turban. Celui-ci n'est pas sitôt élu qu'il retrouve un vieil ami, que dis-je, un frère - Nadir, et ils se remémorent leur rencontre: assez chevaleresques, les deux lurons étaient tombés amoureux de la même jeune femme, prêtresse, donc interdite, et s'étaient jurés de ne pas laisser libre court à cet amour, impossible, et en outre concurrentiel... Suit donc une belle scène virile de serments d'amitiés entre ténor et baryton.
Mais le beau Nadir (car il est beau évidemment, quoique vêtu d'une espèce de pyjama qui ne met pas en valeur son sex appeal) est rongé par les remords. Il aurait peut-être dû avouer à Zurga qu'il avait été un peu plus loin, qu'il avait suivi la belle prêtresse...
Pendant ce temps, les cérémonies rituelles continuent sur la plage, présidées par le nouveau chef: voici qu'arrive la prêtresse Leïla, vierge consacrée aux divinités de la mer, qui par sa consécration protège le village et ses habitants, les pêcheurs de perles. Celle-ci, magnifiquement voilée, prête de nouveau serment au chef et au villageois, devant le grand prêtre Nourabad.
Elle apparaît comme l'offrande pure, sacrifiée dans sa jeunesse et sa beauté que l'on suppose sous le voile immaculé... Offerte aux divinités païennes, sa vie ne lui appartient plus: elle est soumise à la fatalité de son destin. Pas cool.
Mais un trouble profond s'empare alors d'elle. Cette voix, ne la reconnait-elle pas? Ne serait-ce celle de ce bel inconnu qu'elle aime? Et Nadir, de son côté, est envahi par le même trouble... Heureuse conïcidence...
Bravant tous les interdits, Nadir court rejoindre, durant la nuit, la belle qui le fait frémir. Reconnaissant, sous le voil consacré, le visage de la belle prêtresse, il s'abandonne à l'amour, et est aimé de retour par la belle Leïla.
C'est là que tout se gâte: les divinités se révoltent contre ce crime de lèse majesté, l'orage se déchaîne, le grand prêtre débarque, bref, ça va mal. Les amants sont maudits par les villageois, voués à une mort atroce... Heureusement, la clémence de Zurga, qui n'a jamais vu le visage voilé de la vierge, intervient: les amants seront libres. Malheureusement, l'envie lui prend de soulever le fameux voile, et là, paf, il reconnaît Leïla, et le voici pris par les démons de la jalousie...
Non, Nadir et Leïla ne seront pas sauvés: ils mourront, et l'exécution se prépare, malgré les supplications de Leïla auprès du pauvre Zurga, rongé par la jalousie et le désespoir. La belle Leïla, voyant Zurga inflexible, confie le collier qu'elle porte qui doit être porté à sa pauvre mère. Ce collier de perles lui avait été offert par un étranger qu'elle avait sauvé de la mort, alors qu'elle était enfant. Zurga se rend compte alors que cet étranger n'est autre que lui! Que va-t-il se passer, Zurga aura-t-il le courage de laisser mourir celle qu'il aime, et qui lui sauva la vie, et son ami si cher?
L'exécution se prépare cependant. La fosse flambante où seront précipités les amants maudits est déjà allumée. Le grand prêtre chante. Mais une lueur inquiétante apparaît au loin! C'est le feu! Le village est en proie au feu! Zurga l'a lui-même allumé pour permettre aux amants de s'enfuir, dans la panique générale...
Il reste seul, devant les flammes de l'incendie de son village, consumé par les flammes de sa passion...


Quand on ne connaît pas l'histoire au préalable, le premier acte est un peu ardu. Mais bien vite, l'action se déploie, et l'on est touché par la grâce des duos sublimes, des mélodies riches et douces.
Prévenus par avance que le ténor assurant le rôle de Nadir, Martial Defontaine, était souffrant, nous fûmmes indulgents: il n'en fut pas moins touchant, même si sa voix ne poussait pas trop loin. La belle Sophie Graf était parfaite dans le rôle de Leïla.
Quant à la mise en scène de Nadine Duffaut, elle joue à fond la carte du kitch chromo asiatique, avec robes croisées, couleurs kitsch et turbans. Kitsch renforcé par l'option de mise en scène qui intégrait des danseurs indiens, et en particulier une danseuse soliste.
Les scènes de groupe, présentant les chants et danses des villageois, étaient peut-être un peu trop foisonnantes à mon goût.
Restent les mélodies de Bizet, et un spectacle honorable, soutenu par une direction enthousiaste menée par Vincent Barthe à l'orchestre. Et la fierté de la petite fille assise à côté de nous, qui se tourne vers nous lorsque le chef d'orchestre monte saluer, et nous dit les yeux brillants: "c'est mon papa!". Joie!
Ill:
- Grand escalier de l'opéra de Tours
- Mise en scène de Nadine Duffaut pour les Pêcheurs de Perles à Avignon, 2007

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Un belle histoire magnifiquement racontée surtout! Merci pour cette "perle" de narration. Décidément avec vous point de décéption!

Sémiramis a dit…

Cher anonyme, n'allez pas faire croire que mon génie en matière de truffitude égale celui des librettistes de Bizet...

Anonyme a dit…

Heu la, moi, en fait, euh, les librettistes, c'est pas que je connais pas, mais bon, quand meme, la heu, je seche. Mais a part ca je suis sur que ce sont des gens tres bien, hein!

Anonyme a dit…

mon ex colloc avait chanté des extraits des Pêcheurs de perles... je me roule encore par terre devant la bêtise des paroles (genre "soit la bienvenue heureuse inconnue")... et puis la musique très "tagada tsoin tsoin", mais c'eest vrai qu'en matière de passions et de déchirements, on est servi.

zim boum boum tagada, vous reprendrez bien un peu de Bizet?

Sémiramis a dit…

Ano --> Ne vous inquiétez pas, ils sont mirts depuis bien longtemps...

Camille --> Ah tu es un peu rude quand même, la musique de Bizet est sublime, moi j'en redemande des louches, et puis les dialogues truffes, c'est quand même plus rigolo que des miasmes morbide et suicidaires. mais bon, c'est mon côté bisounours!

Anonyme a dit…

Bizet, c'est un peu trop bruyant pour moi, mais bon, quand je faisais partie de la chorale de mon bahut, on a chanté plusieurs fois du Carmen, par exemple... ça déménageeait bien, on s'éclatait vraiment! c'est jusqute qu'un opéra entier, j'ai un peu du mal. mais ça fait du bien!

tagada zim boum!

c'est tellement mieux que ce qu'on entend gueuler dans les ipod de nos voisins de métro!

tagada tsoin tsoin!

Anonyme a dit…

Completement fada!

Sémiramis a dit…

Et encore Sylvain, tu n'as pas tout vu!