23 juillet 2007

La moisson, comme si vous y étiez!

Pour papa (hommage) et pour Chloé (dommage) !

Petits veinards, aujourd'hui je vais vous faire partager une des joies les plus sublimes de l'existence: monter sur une moissonneuse qui moissonne un champ. Ben oui, pour de vrai, et gratos en plus. Bon, vous êtes prêts, ready, aware? Go!
Le lieu, le voici:

Une modeste parcelle de blé dur (celui qui sert à faire des pâtes et de la semoule), située en bordure de forêt - c'est-à-dire en terre sableuse, humide sur les bordures, sèche au soleil. Le blé a souffert de la sécheresse précoce, puis des averses violentes: il est couché et ne laisse pas augurer d'un résultat formidable.
Admirez au passage la splendeur du paysage, entre Beauce et Orléanais, où le ciel se déploie majestueusement.

La bête, la voilà:

Le quasi dernier cri de chez John Deere, magnifique, et aux commandes, le héros du jour et de toujours, papa, communément appellé Etienne. (applause!)
Un bon ouvrier a de bons outils, un paysan joue une année de travail en quelques jours de moisson: mieux vaut mettre toutes les chances de son côté avec une machine performante. Celle ci a trois ans, abrite 300 chevaux (oui, oui, ça fait 50 fois ma Punto!) valeur à neuf 180 000 euros. Oui, vous avez bien entendu, c'est effectivement le prix de votre appartement.
C'est pour cela que papa possède cette machine en coopérative sous la forme d'une CUMA: Coopérative d'Utilisation de Matériel Agricole. Le principe est simple: 4 gars ou plus achètent en commun un outil et règlent selon l'utilisation qu'ils en font. Le but du jeu: réduire les investissements bien sûr, et par là se donner la possibilité de travailler avec des outils plus performants.
Mais aussi travailler en groupe, développer une solidarité et un lien dans un métier où l'on se retrouve rapidement seul face à son tracteur. Car le grand enjeu est d'utiliser en commun les outils, étant entendu que tout le monde a besoin des mêmes appareils au même moment... Réquisit: un minimum d'organisation et pas mal de bonne volonté!
Ici, le cas est exceptionnel puisque papa moissonne avec 4 collègues! Un total de 330 hectares. Une chose inconçevable pour beaucoup de paysans qui mènent leur barque (et leur moisonneuse) seuls: le pari était osé et ça fonctionne! Les cumistes se retrouvent le matin pour graisser, nettoyer et réviser la machine. Un roulement s'effectue dans la journée entre conduite de la machine et livraisons du grain à la Coopérative ou encore stockage dans les fermes. Ainsi, les journées sont moins longues et les pauses sont permises pour manger!
Mais revenons à notre affaire.
Avant de commencer une parcelle, il faut réaliser un échantillon de grain afin de contrôler l'humidité. On va choisir alors un coin du champ représentatif et faire quelques mètres. Auparavant, Papa règle la machine: c'est technique!

Pendant ce temps, ses collègues sont dans l'expectative.

Et c'est parti!


Ensuite, papa grimpe sur le toit pour aller récupérer l'échantillon dans la réserve de grain que l'on appelle d'un nom rigolo, la trémie. Il mesure l'humidité grâce à un petit appareil, mais le diagnostic est peu sûr. Il indique 11.2 ou 15.4.
Les hommes décident de commencer la récolte de la parcelle pendant que l'un d'entre eux ira porter l'échantillon à la coopérative pour confirmer le verdict par téléphone portable (cet engin a lui aussi bien facilité le travail des moissonneurs!)

On avance donc. Mais quelques mètres plus tard, il faut s'arrêter: des mottes de terre on été ramassées par la coupe. Etant donné du fait que le blé est couché, la coupe rase plus la terre qu'en temps normal... Papa descend et déblaie tout ça.

Mais les soucis techniques ne sont pas terminés! Les moissonneuses ne tournent que quelques jours par an, et ce de façon intense. Une panne est un drame! Et de nombreux pépins surgissent. Ici, le coupable est un des couteaux de la coupe qui s'est cassé, et ça fait un drôle de bruit. Papa a l'oreille, un coup d'oeil sur la coupe au bout du champ, et le problème est identifié! Zou, on s'arrête.

Tout est prévu!

Papa, il est trop fort.

Les couteaux fonctionnent comme des ciseaux et sont très tranchants. Plus en détail, voici la coupe: sur l'image ci- dessus vous voyez bien les rabatteurs, et les couteaux. ci-dessous le tambour et derrière le convoyeur. Impressionnant, non?

Allez papa, un dernier effort, et c'est reparti!
Je passerai bien la soirée là, moi, et je rêve de repartir faire des vendanges et mille travaux agricoles fatiguants mais O combien épanouissants. En attendant, je vais rentrer faire à manger!

La poussière de blé, ça pique les yeux et ça fait éternuer. Vivent les cabines climatisées! Et les chaumes, elles, me piquent les petons. Vite, mon vélo!

12 commentaires:

Anonyme a dit…

Euh, donc c'était bien toi, miss Darling qui reprochais à A. Cohen son complexe d'Oedipe ? ... Hihihihi

Sémiramis a dit…

Cher Gai Lulu, c'est comme le cunisme de Tschok: je l'assume pleinement, moi...

Sémiramis a dit…

D'ailleurs je trouve ça normal d'admirer ses parents! Mais il ne faut pas que l'admiration pour son père empêche d'admirer d'autres hommes et ce n'est pas mon cas tu le sais bien!

Anonyme a dit…

Oui, certes, soit. Bon bon ok. En tout cas j'aime la phrase commençant par "les hommes..."

Sémiramis a dit…

J'aime quand tu t'inclines ainsi devant moi, et devant mes phrases! :-)

Artémise a dit…

donc maintenant, on pourra faire nos moissons tout seuls. y'a plus qu'à trouver des champs à moissonner. merci pour le reportage et les photos!!
bonne journée

Sémiramis a dit…

Merci Camille! Il te manquera quand même la machine! ;-)

Mais n'oublie pas: le champ est vaste, et les ouvriers peu nombreux... D'où cet hymne de nos paroisses: "Un grand champ à moissonner, une vigne à vendanger, gna gna gna gna"

Bisous!

Anonyme a dit…

C'est ça le drame de ma vie : je m'inclinerai toujours devant les phrases d'une femme que j'aime bien. Aaaarf!!!

Anonyme a dit…

Merci pour toutes ces explications techniques, sur l'art et la manière de moissonner !
D.

Sémiramis a dit…

Ce n'est qu'un aperçu! Le métier de paysan requiert tellement de compétences qu'on pourrait lui consacrer un blog entier. Tout cela est passionnant.

Anonyme a dit…

Et dire qu'hier, j'étais sur un modèle moins récent... Même stress, même difficultés, mais j'ai eu la chance de terminer...

Sémiramis a dit…

Hum, question de météo, et là ce n'est pas gagné chez nous! Mais bon, vous vous avez les foins, les vaches... Quel boulot. Nous on a les betteraves, ok! :-p

En plus la machine a eu de graves problèmes: la grille à grains qui s'est déchaussée. Heureusement que le concessionnaire en avait prêtée une parce que la révolte gronde dans les campagnes...

Bonne nuit et à bientôt!