La salle était comble, ce mardi soir, et la bonne société orléanaise se pressait pour venir applaudir Alexandre Tharaud. Evidemment, à 20 euros la place pour tout le monde, l'association ( étudiante ! ) organisatrice ne visait pas un public prolétaire. C'est donc entourés de têtes grises et de foulards Burberry qu'Ulrich et moi-même nous régalâmes de la prestation du bel Alexandre.
Le programme annonçait quatre extraits de la "Suite en la" de Rameau, les huit "Valses nobles et sentimentales" de Ravel, et pour finir en beauté, vingt-quatre Préludes opus 28 de Chopin. Cerise sur le gâteau: les nombreux et fervents rappels: Vivaldi transcrit par Bach et quelqus Valses de Chopin. Nous n'aurons pas entendu les "Barricades mistérieuses"... Tant pis!
On aurait voulu que cela ne se finisse jamais. Cruel retour à la réalité lorsqu'il faut sortir dans le hall bondé, sous la lumière blafarde des néons, où se pressent les groupies!
Pour ma part, j'assistais pour la première fois à un concert de piano. Je n'avais jusque là jamais vu que des ensembles (baroques principalement), ou des choeurs, domaines de prédilection de mes parents. Mes premières impressions ont donc été très intenses. On ressent quelque chose de très fort entre le pianiste et l'instrument.
Le piano s'étend sur la scène comme une grande carcasse luisante, dont les entrailles d'écorché vif flamboient doucement sous les feux de la rampe. L'interprète, frêle et d'une fragile beauté devant la noire silhouette, semble véritablement en dialogue avec elle. Nous ne voyions pas, depuis nos places, le visage d'Alexandre Tharaud, mais j'étais fascinée par le spectacle surréaliste de ses mains se reflétant parfaitement dans le panneau laqué. Une étrange image que ces deux paires de mains, les unes rattachées à un corps, face aux autres, les mains sans maître! Peut-être, cette image nous permet-elle de saisir quelque chose de l'expérience du musicien, littéralement projeté hors de lui-même par les gestes qu'il exécute.
Tharaud s'affirme d'autant plus en dialogue par son habitude de jouer avec la partition devant lui. La page éclatante de blancheur, qui rayonne sous les projecteur, s'affirme comme la présence de l'auteur de l'oeuvre, renvoyant à l'ego de l'interprète la limite du sien. Et le tourneur de page, comme une rassurante altérité, se tient auprès de l'artiste qui semble parfois sous le coup de la possession dont parlait déjà Platon.
Ce n'est donc pas au triomphe d'une subjectivité, celle de l'interprète virtuose et adulé, auquel on assiste, mais à la magique rencontre entre l'auteur en sa partition, l'interprète et son génie, et le public...Rappellé plusieurs fois, applaudi par la salle comble, il semblait sincèrement humble et digne, s'appuyant de temps à autre sur son piano.
On aurait voulu que cela ne se finisse jamais. Cruel retour à la réalité lorsqu'il faut sortir dans le hall bondé, sous la lumière blafarde des néons, où se pressent les groupies!
Pour ma part, j'assistais pour la première fois à un concert de piano. Je n'avais jusque là jamais vu que des ensembles (baroques principalement), ou des choeurs, domaines de prédilection de mes parents. Mes premières impressions ont donc été très intenses. On ressent quelque chose de très fort entre le pianiste et l'instrument.
Le piano s'étend sur la scène comme une grande carcasse luisante, dont les entrailles d'écorché vif flamboient doucement sous les feux de la rampe. L'interprète, frêle et d'une fragile beauté devant la noire silhouette, semble véritablement en dialogue avec elle. Nous ne voyions pas, depuis nos places, le visage d'Alexandre Tharaud, mais j'étais fascinée par le spectacle surréaliste de ses mains se reflétant parfaitement dans le panneau laqué. Une étrange image que ces deux paires de mains, les unes rattachées à un corps, face aux autres, les mains sans maître! Peut-être, cette image nous permet-elle de saisir quelque chose de l'expérience du musicien, littéralement projeté hors de lui-même par les gestes qu'il exécute.
Tharaud s'affirme d'autant plus en dialogue par son habitude de jouer avec la partition devant lui. La page éclatante de blancheur, qui rayonne sous les projecteur, s'affirme comme la présence de l'auteur de l'oeuvre, renvoyant à l'ego de l'interprète la limite du sien. Et le tourneur de page, comme une rassurante altérité, se tient auprès de l'artiste qui semble parfois sous le coup de la possession dont parlait déjà Platon.
Ce n'est donc pas au triomphe d'une subjectivité, celle de l'interprète virtuose et adulé, auquel on assiste, mais à la magique rencontre entre l'auteur en sa partition, l'interprète et son génie, et le public...Rappellé plusieurs fois, applaudi par la salle comble, il semblait sincèrement humble et digne, s'appuyant de temps à autre sur son piano.
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18 commentaires:
quand on y a goûté, il devient difficile de s'en passer... le temps suspendu, l'intensité du plaisir, l'éternité de l'instant... ton post me rappelle les merveilles des concerts de piano que grand père nous offre chaque année au festival international de la Roque d'Anthéron.
Ta grand-mère à toi? Quelle joie! La mienne s'est mise toute seule à l'harmonium pour les besoins paroissiaux! ce sont des championnes, ces mamies! Tu m'enverras le programme du festival...
C'est vrai que c'est une drogue la musique, les concerts... une addiction de plus, j'en redemande!
mais non, mon grand-père... et puis je me suis mal exprimée, il nous offre avec ses sous (c'est pas lui qui joue)
pour le programme du festival :
http://www.festival-piano.com/festival.php?action=programme
les reservations pour cet été commencent demain...
Ah, ok!! Bon je vais aller faire un tour, si il y a un truc qui me botte, je te fais signe ma belle enfant. Faut qu'on profite tant qu'on a droit aux tarifs moins de 25 ans.
ok, je vais déjà à celui du 27 juillet au soir au parc de florans (21h, je crois). si ça te tente ou si tu vois autre chose qui te plait... (avant le 3 aout car après je quitte la Provence). on se tient au courant !
Ah, Raph, Tharaud passe le 9 août! Il faut absolument que tu ailles le voir!
Ben, faut que je regarde, c'est l'autre bout de la France, alors faut compter tout de même quelques heures de TGV! Faut voir, faut voir!
je veux bien si tu m'expliques comment je fais pour être à Brocéliande le 4, à Nantes le 5 et à la Roque d'Anthéron le 9... sachant qu'en août je n'ai plus les parents pour remplir le compte en banque... arg !
Cessez donc cette indecente idolatrie! Tout cela pour de la musique de jeune homme... C'est pas que je soit jaloux parceque moi je prefere la puissance de la Fonk, cela dit si je pouvais avoir sa jolie geule et son talent la je dis pas non. Mais quand meme, un peu de respect pour les gens plus communs!
Raph --> Ce sont les dures réalités de la vie humaine, ma chère: vivement les temps bénis où, revêtues de notre corps glorieux, nous serons partout et en tous, et la musique de Tharaud sera notre sphère quotidienne... Fais comme moi: travaille, on a de l'argent après, et même des RTT!
Ano --> Mon petit, vous êtes tout bonnement jaloux!
la je m'avoue vaincu. Mais c'est aussi peut etre que je n'en suis pas a mon premier concert de piano, tres chère. J'ai connu des argentins massacrer un Pleyel autant que de pianistes etonnants. J'en ai fait une norme, et finalement j'en suis revenu a Bobby Lapointe... Faut connaitre ses classiques tout de meme.
Et puis cessez de m'appeller "mon petit" , je ne suis plus completement un jeune homme!
Elise,
ben, oui, je travaille... mais quand on est "artiste" le travail n'est pas toujours synonyme d'argent et encore moins de RTT...
pour en revenir au piano, la Roque d'Anthéron est un festival plein de jeunes pianistes beau gosse, tu pourrais p-e faire une infidélité à Tharaud pour un fois :)
Humeur très musicale sur ce blog en ce moment.
Alors j'ose me permettre une recommendation si vous aimez le Jazz et la musique latino : le disque s'appelle "Détours", il est signé Dominique Fillon (oui, oui, le petit frangin du François) et il a besoin d'un petit buzz pour booster ses ventes. Je ne vous ferais pas de pub pour lui si ça valait pas le coup, même si c'est un ami. D'ailleurs, vous pouvez vous en faire une petite idée sur son site :
dominiquefillon.com
Elise, excuse moi de cet intrusion pubilicitaire dans ton espace si pur, mais c'est vraiment bien. En plus, Dominique vient d'avoir une petite fille (Louise) et c'est le moment de le couvrir de tous les bonheurs qu'il mérite.
Ano --> Bobby, voila ma véritable idole! Tharaud, c'est un petit joueur à côté, je suis sûre qu'il est nul en contrepétries.
Raph --> Une infidélité à Tharaud, alors qu'il hante mes nuits et mes jours, qu'il soutient mes réveils difficiles et berce mes prières... Non, pour le moment, je ne puis l'envisager.
Halio --> Merci de nous présenter ainsi tes amis, j'irai faire un petit tour sur son site, et prier pour la petite Louise nouvelle née. Ne te prive pas pour la pub tant qu'elle est éclairée...
A la Roque d'Anthéron, il y a aussi une jeune, (très)jolie et (très très)talentueuse pianiste: Delphine Lizé donnera un concert le 21 août. A ne pas manquer !
D.
D, c'est rigolo, juste après avoir lu votre com, j'ai radiophoniquement admiré la belle Delphine qui était l'invitée des matinales de France Musique!
Effectivement, ses interprétations sont magnifiques. Et cette histoire de nouveaux Pleyel, c'est passionnant. Je vais aller traîner à la Fnac moi...
Etonnant, en effet ! Je ne savais pas qu'elle était sur F.M. ce matin.
Bonne soirée,
Denis
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