14 août 2006

Emportée au ciel

Je ne veux pas avoir l'air de radoter, mais tout de même, la contemplation de Marie est une grande source d'intelligence quant à notre vocation propre. Marie, pure, sans tâche, préfigure effectivement cette humanité rachetée que le Cantique des Cantiques et le premier Testament évoque comme étant la fiancée, l'épouse promise au Christ.
Nous unir plus intimement à Jésus, dans l'attente des noces mystiques du dernier jour : n'est-ce pas là la vocation de notre baptême? Sur ce chemin de sainteté, Marie nous devance toujours et nous précède depuis l'éternité du monde.
Son assomption dans le ciel - comprise autrement, par la tradition orientale, comme dormition, constitue le signe ultime de cette union à la Trinité par le don de soi sans concession à la personne humaine et divine de Jésus. Cette fête laisse un parfum de doute et d'incertitude. Les traditions sont partagées, la doctrine catholique assez laconique (référez vous au Cathéchisme qui est pour le moins rapide), et voila encore un sujet qui prête à la protestante vindication : mais enfin, où ces tordus de cathos sont-ils allés pêcher tout ça?
L'Assomption est effectivement un grand mystère. Et finalement, je crois que, comme souvent dans la foi, il faut se taire et recevoir ce secret de Dieu. Grâce à une conversation mariologique avec Jean-Marie, j'ai un jour cessé de me questionner pour chercher à savoir ce qui s'est passé dans les faits, ce qui était le plus logique... Marie, morte et veillée par les disciples, simplement et paisiblement endormie, enlevée vivante dans son corps sur des nuées par des angelots dodus pour être portée aux pieds de la Trinité Sainte? J'abdique. Le plus important à mes yeux est bien celà : quelqu'ait été la vocation de la personne humaine de Marie, j'ai la certitude qu'elle se trouve désormais corps et âme dans l'intimité de Dieu. Comment pourrait-il en être autrement? Elle qui fut toute unie à son Fils et donnée complètement à Lui au cours de sa vie terrestre, ne peut cesser de l'être, quoique ce fût sous un mode différent. Nul doute que Dieu n'ait attiré à lui, au Ciel, celle qui désira si totalement accomplir sa volonté. Et peut importe le comment, dans l'affaire...
L'ignorance du "comment": peut-être est-ce là ce qui constitue le mystère de l'Assomption, qui rejoint profondément celui de la résurrection - comme tous les dogmes marials, indissociables du Christ. Autant il nous est impossible de nous imaginer de quelle façon la vie de Marie sur la terre s'est achevée, nous ne pouvons nous représenter de quelle manière nous ressusciterons et accèderons dans notre intégrité à la vision béatifique. Il ne faut pas plus chercher à savoir par quels moyens nous parviendrons, nous aussi, dans l'unité de notre personne, auprès du Père, du Fils et de l'Esprit. La quête que nous devons poursuivre, l'unique objet de notre attention, doit être de chercher les moyens de nous donner au Christ, de nous unir à Lui chaque jour plus intimement, suivant l'exemple de Marie. Vivant ainsi, de façon eucharistique, dans notre chair et notre esprit, nous pouvons espérer retrouver au ciel l'affectueuse et splendide présence de la mère de Jésus, la femme de Joseph, Marie de Nazareth.
Bonne fête de l'Assomption!

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour à tous.
A risque de doucher la contemplation d' Agathe, je me dois de préciser ma position concernant Marie. Là encore ce n'est pas une position doctrinal protestante mais juste la mienne que j'explicite au détour de ce blog. En tant que protestant, je considère que seul le Christ peut être considéré comme médiateur entre le croyant et Dieu, le saint, qu'il s'agissent de Marie ou d'un autre ne peut pas être tenu pour intercesseur, un intermédiaire qui serait distingué des croyants "ordinaires". Dès lors, tel saint particulier n'est pas distingué par Dieu de la foule des croyants en raison de qualités intrinsèques, ou de mérites propres qui justifieraient qu'on lui rende un culte; le saint est plutôt envisagé sous l'angle du saint «gratifié» que du saint «méritant» : il a reçu la grâce de Dieu et sa miséricorde indépendamment de sa volonté personnelle. Le deuxième point est la manière de comprendre l'équilibre entre la Bible et la tradition historique de l'Eglise. Les catholiques en effet considèrent que le dogme chrétien comprend à part égale non seulement l'Ecriture, mais aussi toute l'élaboration doctrinale développée jusqu'aujourd'hui. Or un des principes des protestants est l'expression SOLA SCRIPTURA qui consiste à affirmer la priorité de l'Écriture : la tradition historique de l'Église est, certes, ce qui permet de maintenir vivant l'enseignement de l'Évangile, mais le critère ultime de la parole de Dieu reste la seule Écriture. C'est ainsi que les protestants n'acceptent pas les dogmes de l'Immaculée Conception ou de l'Assomption corporelle, considérant qu'ils n'ont pas d'assise solide dans l'Évangile. Luther, qui avait été un moine augustin, a toutefois montré dans son commentaire du Magnificat que Marie était un exemple particulièrement riche pour la foi. Il souligne en premier lieu le contraste entre la petitesse de la Vierge et l'immensité de l'honneur qui lui est fait. Luther développe longuement l'idée de l'humilitas de Marie : fille inconnue d'une humble famille, sans éclat ni prestige, elle est par excellence la figure des pauvres, des hommes ordinaires et obscurs. C'est justement parce qu'elle tombe sur une jeune fille que ni ses mérites ni ses richesses ne distinguaient particulièrement que la grâce de Dieu éclate dans sa totale gratuité. L'action de grâces de Marie est donc l'occasion pour souligner, dans une perspective protestante, l'asbolue gratuité de l'amour de Dieu. Dès lors, magnifier la figure de la Vierge, l'honorer comme une personne que ses vertus rendraient d'emblée exceptionnelle, ne serait-ce pas risquer de perdre ce qui nous rend proches de Marie, ce qui fait précisément qu'elle a quelque chose à nous dire? N'est-ce pas au contraire justement parce que Dieu lui a fait grâce malgré sa petitesse et sa bassesse qu'elle peut être un exemple pour le croyant? Marie est l'exemple par excellence de l'accueil de la grâce. Elle est celle qui accepte de se laisser entraîner par ce qui la dépasse infiniment. Son Magnificat, son chant d'action de grâces est une invitation à ce même accueil confiant par le croyant. Exemple de la grâce qui donne confiance au croyant, image de l'accueil de cette grâce, Marie est aussi au coeur du mystère de l'Incarnation. Dans la confession de foi (que les protestants partagent, rappelons-le, avec les catholiques), la place importante qui lui est dévolue est à la mesure de ce mystère. Marie a été choisie pour être la mère du Christ. Dans cette simple phrase se joue l'annonce de la proximité que Dieu a accepté de partager avec l'homme : naissant d'une simple femme, il s'est mis au niveau de la faiblesse de la créature. Marie est alors une invitation pour le croyant à devenir à son tour «mère de Dieu», à accepter de recevoir la parole divine intimement, de la laisser grandir en lui, de la faire sienne

Bien Vôtre

Sémiramis a dit…

Cher JS
Ma position ne diffère de la vôtre que sur de menus détails confessionels. Merci de vos enrichissements et de votre assiduité.
Good work
TRZ

Anonyme a dit…

Relisant ces considérations mariales je ne peux m'empêcher de réagir en bon chrétien oeucuménique !
Je salue la pertinence du propos de JS à laquelle j'adhère (surtout la deuxième partie...)bien que catholique pratiquant !

Car nous sommes d'accord pour affirmer ensemble qu'il n'y a qu'un seul Sauveur et unique médiateur le Christ !
Tous les "à-côtés" développés par les cathos ne sont que les conséquences logiques de tout ça.
Prenons par exemple l'Immaculée Conception, il faudrait pour bien comprendre que ce n'est pas une déification de Marie, ce n'est que parce qu'elle allait recevoir en son sein le Fils de Dieu qu'elle fut par la grâce du Père préservée du péché originel afin de ne pas avoir à le transmettre à son fils ! C'est assez succint je vous renvoie donc à la lecture du Cathéchisme de l'Eglise catholique aux articles 490 et suivants.

Tout ça pour dire que les catholiques ne sont pas de vulgaires néo-païens même si la dévotion à Marie peut parfois être plus qu'excessive. Je ne doute pas que vous étiez déjà convaincu de tout cela...
J'espère pouvoir poursuivre le débat plus tard en me faisant aussi l'écho de la position des orthoxes moins dogmatique...

A très bientôt.
Pax.