21 février 2008

Pierre Paulin, le design au pouvoir





Sièges "dos à dos" et "face à face"


La galerie de la Manufacture des Gobelins et du Mobilier National présente, jusqu'au 27 juillet, une formidable exposition consacrée au designer français - pour l'occasion tiré des coulisses qu'il a toujours fréquentés - Pierre Paulin. Intitulée "le design au pouvoir", la rétrospective retrace la carrière d'un sémillant artiste de 80 ans passés, conjuguant l'inventivité la plus libre à un esprit artisanal et à une rigueur technique admirables.
Collaborateur du mobilier national depuis 1968, Pierre Paulin a, dès les années 50, contribué à définir la grammaire d'un nouveau style en conçevant des meubles destinés aux administrations et aux nouveaux modes de vie domestiques qui surgissaient alors. Dans une forte optique de confort, et de service public...





Avec l'arrivée de Georges Pompidou au pouvoir, c'est à un signe fort que le jeune designer est appellé: "la France a besoin de modernité" lui dit le président fraîchement élu, qui lui laisse carte blanche pour réaménager l'Elysée - sans toucher aux murs, exigent les monuments nationaux, et sans que cela ne fasse aucun bruit, demande le chef de l'Etat.
Voila Pierre Paulin chargé d'une mission originale: exprimer l'essence du pouvoir dans un espace domestique. Il aménage, à grâce à des parois de plastique tendues de textiles, de nouveaux espaces. Dans la salle à manger, un étonnant plafond à caissons habités par un lustre composé d'innombrables tiges de cristal... Et un mobilier d'une élégance indéniable! Tels, ces chaises corolles et la table de la salle à manger:

Les fauteuils et table basse des salons de réception

Pour Mitterand, Paulin créé un magnifique bureau de métal peint, tendu de cuir bleu ciel, curieusement asiatique; et une chaise pivotante en rotin que l'on regrette de ne pas pouvoir essayer.




Un siège et un canapé assortis au bureau...





Quelques exemples de formes emblématiques, "iconiques" conçus par Pierre Paulin: les fauteuils "tongue" et autres exemple de sièges. Paulin a révolutionné la conception de l'assise et de la conception des sièges, dès les années 50. Dans les années 70, il utilise des coques de polystyrène garnies de mousse Pirelli et tendues de textile élastique. On peut citer aussi les fameux Ribbon Chair (plus de batterie pour les photographier...) et les sièges de la grande galerie du Louvre!





Une chose splendide: la "table cathédrale", en verre et métal...






Les photos me permettent de revenir sur la muséographie exceptionnelle de cette exposition. Exposées sur des miroirs, les oeuvres se reflètent sur de grands miroirs... au plafond. D'où un vertige assez enivrant! Les éclairages intelligents, auxquels s'ajoutaient les feux du soleil déclinant, créent un prisme kaléidoscopique dans lequel les oeuvres déploient leur complexité.
La mise en rapport des oeuvres de Paulin avec des pièces et des tapisseries issues des stocks du Mobilier National permettent de replacer ce fantastique créateur dans la tradition des arts décoratifs - ainsi, la mise en rapport des meubles de l'administration avec le mobilier de campagne de Napoléon dont Paulin s'est inspiré, ou l'installation de chaises et structures de fauteuils dans l'escalier.
Tout fait de la visite de cette exposition un moment de dilection et d'exaltation dont Jean-Baptiste et moi nous sommes rassasiés longuement!


Galerie des Gobelins, XIIIème arrondissement, M° Gobelins, jusqu'au 27 juillet...

13 commentaires:

Anonyme a dit…

Oui, cette exposition est admirable ! Je n'ai rien d'autre à ajouter, tu as déjà tout dit (j'ai pourtant cherché, tu as même parlé des tapisseries !).

Bonne journée !

Anonyme a dit…

Décidément, de plus en plus ce blog trouve sa vocation dans le récit détaillé de tes activités, darling, que je suis à la trace...

Didier Goux a dit…

Ben, là, j'ai eu beau chercher, j'ai rien trouvé à dire...

Sémiramis a dit…

Coincoin, je te conseille de mettre tes palmes dans mes pas et d'aller visiter cette exposition!

Sémiramis a dit…

JB, oui, je suis vraiment contente de l'avoir vue avec toi!

Sémiramis a dit…

Didier, je n'en reviens pas: j'ai réussi à vous laisser sans voix????

Sémiramis a dit…

Didier, vous auriez au moins pu me faire des compliments sur mes MAGNIFIQUES photos, rustre que vous êtes.

Didier Goux a dit…

Je confirme : je suis un rustre (mais un rustre blanc...).

Sémiramis a dit…

Ce rustre blanc qui est noir!

"Quel bizare hasard!" se marrent les crétins paillards du bar, car encore Igor il dort.

Mais près de son oreille, merveille un réveil vermeille lui prodigue des conseils, pendant son sommeil...

Anonyme a dit…

"en conçevant des meubles destinés aux administrations"...
Le style a bien changé depuis (on est passé dans le jettable biocompatible, poly recyclable et tutti !).
Vos photos font honneur à cette exposition.
Bonne semaine

Sémiramis a dit…

Inactuel,

Je suis toujours flattée de vos compliments photographique! mais sachez que l'exposition est à elle-même sa propre gloire, et qu'avec un tel objet cela n'est pas un vain mot!

Bonne soirée, amitiés

Anonyme a dit…

Pas de complots judéo-maconiques à déjouer ici mais une superbe exposition à encenser!
Mille mercis pour me l'avoir faite découvrir avant même que tu ne l'ais vue, je n'en attendais pas moins de ton flair redoutable et légendaire!

Sémiramis a dit…

Diable, quel vibrant hommage! Tout le plaisir fut pour moi décuplé à l'idée que tu as profité toi aussi de cet évènement qui m'évoque dans le style (et la posture snob) ton dandysme post-moderne...