16 septembre 2007

Mikrokosmos - A voix et à coeur nus

A celui auquel on pensait, dont la voix nous enchante bien plus

Ulrich et moi avons profité d'un concert 100% Crédit Agricole cet après-midi à Cléry Saint-André. La Caisse Locale d'Orléans Centre conviait ses sociétaires autour d'un choeur de chambre du Cher, "Mikrokosmos".

Le concert avait lieu dans l'impressionnante basilique gothique de Cléry (XIVème), lieu du repos éternel de Louis XI (enfin, de son crâne) - et de pèlerinage, traditionnellement, à Notre Dame de Cléry. Le bel autel qui abrite la précieuse statue était couvert de fleurs, c'est donc un parfum délicatement céleste qui nous accueillit en ces lieux!

La zone de Cléry, au sud ouest d'Orléans, reste un site important de production de fruits (pommes, poires, cerises...) et de vins. Les vignerons de la région d'Orléans ont obtenu une AOC il y a pile un an, et je vous conseille ces petits vins bien sympathiques (cépage Cabernet): rouges légers, qui accompagnent très bien les repas entre amis sans façons.

________________

Pour en revenir à nos moutons, le concert était d'une grande qualité! L'originalité de ce jeune ensemble, composé de 32 chanteurs âgés de 18 à 30, est de se concentrer sur l'interprétation d'oeuvres contemporaines et la création. Nous avons donc pu découvrir un beau panorama de la composition vocale actuelle, qui nous a fortement impressionnés!
Tout d'abord, le dynamisme créatif du choeur Mikrokosmos est vraiment enthousiasmant. Mené par son fondateur, qui est aussi compositeur et surtout très exalté (pour notre plus grand bonheur), Loïc Pierre, le groupe s'associe à toutes sortes de projets associant les différentes pratiques artistiques. A Cléry, cette créativité intelligente s'est manifestée dans un investissement dynamique du lieu. Les chanteurs ne cessaient de changer de place, selon la pièce interprétée, investissant les côtés ou bien le bout de la nef, jusqu'au millieu des spectateurs dans l'allée centrale. La présence des voix était presque matériellement mouvante! Cette démarche se double d'un effort de communication particulièrement appréciable. En plus d'un programme très détaillé, le chef de choeur a pris plaisir à présenter les oeuvres, ce qui permettait d'en goûter avec plus d'intelligence la subtile saveur.
En ce qui concerne le répertoire, autre découverte émerveillée. Nous avons parcouru, des USA aux pays baltes, la Scandinavie (Suède et Norvège), la Suisse et bien sûr la France. La création en musique pour ensembles vocaux me semble injustement méconnue, tant elle est riche et passionnante, si l'on en croit ce bref concert!
Les recherches des compositeurs s'axent autour des deux colonnes vertébrales de la pratique humaine du chant: le chant liturgique (le Sanctus de Franck Martin...) et le chant populaire (travail de collecte et de composition de l'estonien Veljo Tormis). Ce travail passe par un corps à corps avec la poésie, qu'il s'agisse d'une évocation quasiment plastique de la nature (la source "Kilden", du norvégien Grete Helgerod, magnifique solo englouti et submergé par les bourdons du choeur qui fluctuent et déclinent... Mais aussi "Fisrt snow" du suédois Bo Holten, concrétisation sonore d'une douce averse de flocons de neige!) - ou bien d'une mise en musique de poèmes contemporains (le Notre Dame de Miséricorde de Machuel, à partir d'un poème de Bonnefoy) ou de poèmes traditionnels ("Kilden").
Ce travail créatif passe aussi par la transcription, et nous en avons eu un très bel exemple avec l'interprétation de pièces de Fauré transcrites par un jeune baryton de l'ensemble, François Branciard. On s'émerveille de la capacité de synthèse de la création musicale, qui traîne derrière elle des milliers d'années en héritage! Le Sanctus de Martin débute comme un hymne grégorien, passe par quelques torsions baroques, et s'achève en une saturation sonore très messianique, parfaitement fascinante. Puissant!
On s'afflige donc du peu d'audience de la musique vocale et de la composition contemporaine. Il s'agit pourtant, par ces voix nues, d'un lieu privilégié de rencontre avec la beauté - et je pense particulièrement pour les gens qui n'ont pas beaucoup de culture musicale. J'ai trouvé magnifique la phrase d'une dame de connaissance, à la sortie: "on sent que ça réveille quelque chose"... Préfiguration des choeurs angéliques?

Ill:

1 - La photo n'est évidemment pas de saison, mais je n'ai pas pris le temps d'en prendre par mes soins... Merci Wikipédia!
2- (bis...)

10 commentaires:

Anonyme a dit…

la musique vocale est en effet fort belle et enrichissante, tant à écouter qu'à chanter. je suis heureuse que toi et ton frère ayez pu écouter un aussi beau concert.
bon début de semaine avec ces harmonies dans la tête.

Sémiramis a dit…

Merci Raph! Et bon courage à toi aussi en ce lundi. A bientôt!

Jean-Baptiste Bourgoin a dit…

Arf, ça donne envie !

Sémiramis a dit…

C'est le but...

Didier Goux a dit…

Cléry ! Comme vous me rajeunissez ! J'ai passé mon adolescence à la Ferté-Saint-Aubin, j'allais au lycée à Orléans (Pothier d'abord, puis Benjam'), mes deux meilleurs amis (dont un que je vois toujours) vivaient à Chécy et à Ingré...

Sémiramis a dit…

Eh ben dame, c'est fou c'que l'monde est p'tit!

De toutes façons, j'ai toujours su que le Loiret était le berceau du génie français, et cela se vérifie par nous deux. CQFD.

Moi je suis allée au lycée à Pitoche, mais je travaille maintenant à 500 mètres de Benjam'!

Quand vous passez par là, prévenez moi que j'achète du pastaga...

Anonyme a dit…

Encore une note qui donne envie de découvrir le travail de cet ensemble, que je ne connaissais que de nom. Merci.
D.

Sémiramis a dit…

Tiens D, vous voila de retour! Chouette!

Vous connaissiez donc cet ensemble de nom? J'avoue ma totale inculture. J'y suis allée sur invitation sociétariesque...

Bonne soirée!

Anonyme a dit…

Oui, de retour après une semaine merveilleuse sous le soleil du Médoc !
Vous avez bien de la chance avec votre banque, la mienne ne m'invite qu'à des séances de dédicaces de maillots de rugby !
D.

Sémiramis a dit…

Oui, je suis fière du Crédit Agricole, et heureusement, c'est aussi mon employeur (sourire...)