06 août 2007

Roy Lichtenstein - Evolution, à la Pinacothèque de Paris

Jusqu'au 23 septembre, vous avez l'opportunité d'aller découvrir, à la Pinacothèque de Paris, une passionnante exposition consacrée à Roy Lichtenstein.


Malgré un tarif un peu élevé (8 euros, 6 euros pour les moins de 26 ans), le badaud éclairé ne regrette pas sa visite et les nouveaux murs du lieu d'exposition, place de la Madeleine, qui sentent encore la peinture fraîche, peuvent se féliciter de ce premier évènement!
L'amateur d'art et le curieux connaissent effectivement bien les oeuvres "Pop" de Lichtenstein, courte et flamboyante période couvrant à peine les années 60. "Look Mickey" est, en 1961, la première production de Lichtenstein inspirée par les bandes dessinées, dans un contexte artistique américain stimulé par une nouvelle esthétique en réaction contre l'expressionnisme abstrait des années 50. "Pop", populaire, un art directement issu de l'esthétique de la société de consommation, qui utilise ses codes et ses symboles sans volonté subversive...

L'orientation de sa recherche vers l'exthétique populaire, mécanique, des mass média et des reproductions va être déterminante pour Lichtenstein qui jusque là menait sa barque entre études scientifiques, engagement dans l'armée durant la seconde guerre mondiale, et cours de dessins! Lichtenstein aura cotoyé toutes les tendances et tenté toutes les pistes créatives que son époque lui proposait, de l'expressionnisme à la figuration, constructions et peintures...
Lichtenstein est avant tout un artiste très stimulant pour l'esprit et la sensibilité, sans cesse en recherche, s'intéressant à tout, essayant tout, recyclant, digérant les images!
Et ce sont ces grandes reproduction des comics sentimentaux qui marquent les esprits, encore aujourd'hui:

Mais la peinture de Lichtenstein ne se laisse pas enfermer dans le carcan d'un geste créateur lui aussi, stéréotypé. Dès le milieu des années soixante la recherche de l'artiste, tout en poursuivant dans la veine des oeuvres pop, prend un tournant résolument technique.
L'utilisation systématique de la reproduction à grande échelle d'un motif issu d'une vignette, l'application aux surfaces colorées de la trame et du point, ainsi que de la délimitation des plans grâce à l'adhésif sont étrangement contrebalancées par de grandes compositions quasi expressionnistes où le coup de pinceau s'érige comme premier motif de la toile, le sujet ne surgissant que secondairement. Deux facettes d'une même recherche sur le rapport entre le sujet et la technique.
C'est le geste précis et quasi entomologique (Lichtenstein était passionné de sciences naturelles) de délimitation, découpage, mise en couleur par système de trames qui va s'appliquer aux images jusuq'à ce qu'elles n'aient plus de personnalité propre. Lichtenstein utilise toute image objectivement, sans a priori axiologique. Tel un ornithologue qui dessinerait les oiseaux selon les même canons pour plus de scientificité, il s'astreint aux mêmes processus picturaux, et l'on est parfois pris d'une sorte de vertige devant cet art, vorace et glouton d'images, digérant Van Gogh et Heart's romance, Matisse et les publicités pour meubles, Picasso et Mickey Mouse!
Le grand intérêt de l'exposition de la Pinacothèque est de proposer un ensemble riche et varié d'oeuvres pour la plupart inédites en France, reprennant, à rebours, l'après pop de Lichtenstein. Les oeuvres ont en grande partie entre dix et vingt ans (l'artiste est mort en 1997). La muséographie, intelligente et précise, vise à faire entrer le visiteur au coeur même de la recherche technique du peintre. La présentation des différentes étapes créatrices permet de ressaisir son intention et ses démarches.



On est ému devant ses livres d'art, et surtout, devant les petits cahiers où il collait les images découpées, dans les catalogues, les comics... Une exposition riche et ludique, qui permet de découvrir sous un autre angle un artiste que l'on avait relégué un peu trop vite au Pop art - et qui à mon avis a su dépasser ce mouvement pour avancer dans des voies plus personnelles, dont nous ne sommes peut-être pas encore à même de saisir les enjeux.

Ill:

1 - Seductive girl, collage, 1996. Ruban adhésif, papier coloré et imprimé sur carton (présenté à la Pinacothèque).
2 - Look Mickey, 1961.
3 - M-Maybe, 1965.
4 - Woman: sunlight, moonlight, 1996. Bronze peint et patiné (présenté à la Pinacothèque).

7 commentaires:

Anonyme a dit…

chouette ! si je vais à Paris et que j'ai le temps, j'irai voir ça.

Anonyme a dit…

Ma dernière "virée" à Paris aura lieu le 22 de ce mois alors si j'ai le temps de passer à la Pinacothèque après mon rendez-vous avec le Provincial op ce sera une joie pour moi de découvrir un peu plus Lichtenstein et de m'unir artistiquement à toi !!

Biz.
FF.

Sémiramis a dit…

Raph, vas-y, c'est une occasion unique!

FF, je te propose d'emmener carrément le provincial, ce serait beaucoup plus funny.

Anonyme a dit…

Oui, je suis sûr que le Fr. Bruno serait enchanté !! lol

Sémiramis a dit…

C'est sûr, Lichtenstein, on ne peut Cadoré (mouarf mouarf mouarf!)

Anonyme a dit…

Lichtenstein c'est top.

Sémiramis a dit…

Certes.