06 février 2008

Quimper - Musée des Beaux Arts



Sur les conseils de ma merveilleuse tante, je n'ai eu de cesse, sitôt débarquée à Quimper, de me précipiter au Musée des Beaux Arts. Cela n'a pas été trop compliqué, celui-ci étant situé dans un "palais à l'italienne" (dans le Finistère... il fallait oser!), lui-même situé très stratégiquement à côté de la cathédrale st Corentin, en face de la statue de Laënnec, gloire locale bien oubliée (j'ai constaté avec surprise que j'étais la seule à savoir qu'il était l'inventeur du stéthoscope).


J'ai une affection particulière pour les musées des Beaux Arts provinciaux, qui renferment de vraies merveilles aux côtés de croûtes terrifiantes, mais très amusantes! Ces collections souvent de bric et de broc en disent long sur une région, sa bourgeoisie collectionneuse, ses artistes locaux... Son patrimoine aussi. On se promène dans ces musées plus ou moins déserts avec désinvolture, sous le regard plus ou moins concuspiscent ou surpris des surveillants de salle sortis de leur torpeur provinciale par votre pétulante visite... (on est dans le second degré, je précise!).
Le musée de Quimper est très riche, les collections sont variées et intéressantes, et les sbires particulièrement charmants et pour certains d'une culture admirable! Les photos sans flash étant autorisées, je vous ai rapporté quelques petits souvenirs - parfois un peu flous, c'est le prix à payer!
On commence par le plus drôle... J'avoue ne pas avoir compris la sombre histoire de légende convoquée pour justifier tant de chairs lascivement exposées... Il n'y a probablement rien à comprendre!


Patrimoine local: une belle vue de Quimper depuis les bords de l'Odet, par Eugène Boudin, merveilleux paysagiste bien connu des amateurs du genre.


Le musée consacre une vaste et passionnante salle à Max Jacob, né à Quimper en 1876. La fameuse école de Pont-Aven (1886 - 1894) est très bien représentée (je n'ai malheureusement pas de photos) avec des oeuvres de Sérusier et de Bernard notamment, qui viennent rappeller combien Nabis et Fauves sont redevables envers Gauguin et ses sectateurs.
Je me rends compte également en lisant la plaquette que nous avons loupé la salle "moderne et contemporain" où l'on évoque Asse, Bazaine, Tal Coat... Dommage! A la vérité, il nous aurait fallu bien plus de temps que nous n'en avions pour honorer les richesses de l'endroit.
Une des perles du musée est ce sublime portrait de Mademoiselle de Cabarrus par Chassériau (1848). On ferme les yeux et on s'imagine subitement dans un roman de Stendhal...




Autre splendeur: Vierge à l'enfant de Sano Di Pietro, datée du milieu du XVème, que je ne me lasse pas de détailler tant je la trouve fine, élégante... Le teint transparent de la Vierge, la douceur de l'expression de l'enfant qui tient dans ses petites mains un fruit et un petit oiseau. Je ne sais pas si le peintre évoque par là le passage de l'évangile de Matthieu où il est question des petits oiseaux et du prix infini de chaque créature aux yeux du Père?
Quoiqu'il en soit, le jeu des regards et des mains entre la mère, son enfant et les anges est absolument renversant.





Enfin, pas de photos pour une exposition temporaire formidable consacrée à Raymond Humbert. J'avais eu l'occasion de découvrir ce peintre à Orléans il y a quelques années et je suis ravie de le recroiser. Je me souvenais très bien de ses réécritures d'estampes, engendrant une méditation infinie sur le flux et le reflux, sur le temps et l'impossible permanence de l'être... Grands travaux à l'encre réalisés en Bretagne, au contact avec la mer, le vent et les rochers...


Mais il y a aussi cet émerveillement continu de l'artiste devant son jardin de Laduz, dans l'Yonne, rayonnant de couleurs, qui n'exprime pas sur un petit format toute son intensité réelle...



16 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci Elise pour ce compte-rendu passionnant !
En ce qui concerne l'oiseau tenu par l'Enfant Jésus, (qui apparaît souvent dans les tableaux de Vierge à l'Enfant) voici ce que j'ai trouvé comme info :

1) Tantôt l’oiseau illustre une légende selon laquelle l’Enfant Jésus, pendant sa fuite en Egypte, pétrissait des oiseaux en terre et leur donnait la vie en soufflant dessus (Evangiles apocryphes).

2) Très souvent identifiable à un chardonneret, il évoque une autre légende selon laquelle, alors que le Christ portait sa croix en montant au calvaire, un petit oiseau voletant autour de sa tête enleva une épine fixée dans son front. Le sang teinta ses plumes et depuis l’oiseau, au beau plumage coloré, en porte la marque.

Voilà. A vérifier !

Anonyme a dit…

Darling, ce blog est de plus en plus pédant, je l'aime donc de plus en plus. Les assiettes de nouvelle cuisine, le siège à ton nom, l'extase devant des peintres confidentiels, etc.

Beau compte-rendu en tout cas du musée breton.

PS : je ne connaissais que la première version de l'oiseau que donne Flore ; merci à Flore pour son érudition !

Anonyme a dit…

Bonjour Madame. Je me disais "tiens, des choses intéressantes à voir et à lire "sur le ouebe !
Quimper... J'ai traversé cette adorable ville il y a peu de temps, à pied, un bonheur de dépaysement très enviable pour un Parisien.
Il reste tout à voir, heureusement.

Gai Luron ici ?

Anonyme a dit…

Ah, les peintures à chairs lacives... on se croirait dans les amphis de la Sorbonne, où sous couvert d'allégories, on nous inflige des fresques de femmes à poils et d'athlètes au corps sublime.

Ah, y'a aussi des vaches de la plus pure tendance réalisme XIXe siècle dans la galerie Richelieu.


J'adore le XIXe siècle !

Anonyme a dit…

@ gai luron

Ce n'est pas de l'érudition (hélas! hélas!), c'est le résultat d'une petite recherche sur la "toile" !

Sémiramis a dit…

Flore,

Merci beaucoup pour ces précisions non moins passionnantes. Elles apportent un éclairage supplémentaire sur le caractère fascinant de ce tableau si lumineux de tendresse.

Peut-être cela vous donnera-t-il envie de retourner en Bretagne ;-)

Amitiés

Sémiramis a dit…

Camille, tu auras compris que moi aussi... je suis une fan du style pompier et une romantique inconditionnelle évidemment.

Quoique, hier, à st Louis d'Antin, je le maudissais ce XIXème avec ces Christ nunuches et ses décors cathos lourdingues. Point trop n'en faut!

Bonne entrée en Carême...

Sémiramis a dit…

Bonsoir "Personne"

Bienvenue sur ces pages, je vous y souhaite de biens belles promenades!

Bonne soirée et à bientôt

Sémiramis a dit…

Mon cher Darling,

Je ne peux que m'entêter dans la pédanterie, puisque tu l'aimes!
Désormais, j'ai le soutien d'un dictionnaire snob, ne l'oublie pas. D'ailleurs je vais dès demain attaquer une nouvelle lecture ultra snob, celle de Jean René Huguenin.

Bisous altiers

Ceci dit, ces peintres évoqués ne sont pas si confidentiels que cela tout de même!

Catherine a dit…

Merci de nous faire partager quelques beaux tableaux.
J'aime beaucoup celle d'Eugène Boudin et de la vierge.
Sinon, on aurait bien besoin de Sainte Rita par chez nous.

Sémiramis a dit…

Bonsoir Catherine,
Je vous envoie Rita par Rosaire express!

Bisous!!

Anonyme a dit…

je crois lire sur cette peinture peu chaste "la légende de Rebbeck". Mais je n'ai rien trouvé à ce sujet sur la toile !

Anonyme a dit…

Une histoire de pauvre homme attiré par les charmes de la dangeureuse féminité ? Les sirènes de Quimper ?

Artémise a dit…

Elise, tu étais à Saint-Louis d'Antin ? Fallait me dire...
je serais viendue !

Sémiramis a dit…

Ma chère Camille, nous pourrions effectivement nous donner de pieux rendez-vous: en l'occurence, pa pause de midi du mercredi des cendres ce n'était pas l'idéal ;-)

Sémiramis a dit…

Alors, JB, tu avais bien lu! Il y avait une sorte de poème ridicule aussi, mais il n'éclairait pas beaucoup la chose sinon en ajoutant encore du ridicule!!

Je laisse ta fertile et facétieuse imagination faire le reste!