25 mars 2008

Rayonnants de la joie pascale


"... C'est pourquoi le peuple des baptisés, rayonnant de la joie pascale, exulte par toute la terre, tandis que les anges dans le ciel chantent sans fin l'hymne de ta gloire..."

Fatigués, découragés par l'Eglise si sainte et si paradoxale; l'éblouissement liturgique de la nuit pascale nous place exactement dans la position des femmes de l'évangile qui, allant visiter un tombeau, se retrouvent nez à nez avec le Ressuscité. L'Exultet qui résonne, la lumière qui jaillit, éclaboussent facétieusement le confessional où le coeur s'est déchiré en de stériles culpabilités.
Par quelle faiblesse pensons-nous si facilement trouver la mort là où tout ruisselle de vie? Quels démons nous habitent pour que nous puissions oublier le visage miséricordieux de Dieu avec autant de bonne conscience dans l'autoflagellation?
Peut-être avions-nous fait de la morale une idole? Cet ensemble de recommandations serait devenu notre Credo, charge trop lourde, telle la loi paulinienne, pour notre humanité toujours faillissante. Où est la liberté si elle n'est promise qu'aux purs? Comment concilier cette foi si vivante et cette morale si morbide?
Quand je regarde par dessus mon épaule, je constate combien, sincèrement, pendant des années, j'ai pu penser que les pulsions étaient mauvaises, et que la morale était un bien, un bien qui permettait de les contrôler - tout en étant déchirée, coupable, incapable de contrôler mes pulsions et de mettre en oeuvre ce bien supposé. Tant et si bien qu'aujourd'hui je me demande si la vérité ne gît pas dans l'exact contraire.
Dieu a mis au coeur de l'homme un désir de vie qui est de l'ordre, je crois, de la pulsion; Il a placé au sein de sa créature une déchirure pour qu'elle sire amoureusement son Créateur. Comment pouvais-je croire que le désir était en soi, un péché ? Comment ai-je pu laisser s'enraciner en moi de telles idées, alors même que j'ai compris, depuis longtemps, que Dieu lui-même a tant désiré l'homme qu'Il s'est uni à sa condition! Le péché réside bien plutôt dans l'orientation de ce désir qui, loin d'être expression de la concupiscence infligée par le péché originel (merci Augustin!), est avant tout le signe de l'incomplétude de la condition de l'homme.
Pourquoi le désir serait-il une mécanique aliénante, toujours insatisfaite? Ne placerions-nous pas en lieu et place de pensée chrétienne des miasmes stoïciens, élisistes et simplifiés grossièrement? Mais si l'on évacue la morale dans sa vie spirituelle - étant entendu qu'elle est absolument nécessaire sur le plan collectif, quel sera le critère du bien et du mal ?
S'il nous faut vivre par delà bien et mal, il n'empêche que nous pouvons mesurer la bonté de nos actions à la bonté des fruits qu'elle portent. Et je ne peux m'empêcher de penser qu'il y a des fruits qui ne trompent pas.
Nous vivons dans un monde tendu sur un fil, où la morale affirme très durement à ceux qui veulent bien s'y fier que nos désirs sont mauvais, où la publicité et la "société de marché" (Dieu que j'ai horreur de ce genre de formules!) nous rappellent sans cesse qu'il est impossible de faire l'économie de nos désirs, et nous invitent très explicitement à les orienter là, ou là! Absurde paradoxe que les tableaux manichéens que nous dressent les bien-pensants de tout bord, où il nous faudrait choisir entre un ascétisme morbide mais gage du salut par la moralité, et une vie de consommateurs gavés de tout et le reste - dont nous comprenons bien plus ou moins consciemment qu'elle est sous sa forme raisonnable non seulement naturelle, mais surtout beaucoup plus tournée vers la vie et l'avenir.
La faculté désirante n'exprime finalement que notre besoin de combler notre incomplétude ontologique. Le besoin de nous nourrir. De jouir de la vie, qui est belle et bonne. Elle serait une spirale infernale? On pense au pluvier du Protagoras, qui mange et défèque en même temps. Mais le désir, avant tout désir de Dieu et de tout ce qui nous rapproche de Lui, est pourtant sans cesse comblé; et nous savons qu'il est appellé à la plénitude lorsque "nous serons rendus semblables à Lui, le voyant tel qu'Il est". Cette plénitude que nous goûtons déjà porte un nom: c'est la joie. Sans cesse évoquée par la liturgie pascale, elle est l'expression d'une plénitude qui nous envahit et nous submerge, nous remplit de puissance vitale, nous tourne vers les autres et vers le monde, le visage rayonnant - à tel point que nul ne s'y trompe.
La joie ne se commande pas; mais nous savons bien pourtant ce qui nous remplit de joie, et nous gardons en nous des milliers de désirs dont la réalisation nous comblera, un instant, de cette joie si pure et si parfaite devant laquelle on reconnaît l'immensité de ce qui nous est donné à vivre!
"Nous devons nous libérer de la morale afin de vivre moralement". Se libérer de la morale, n'est pas alors cela; mettre au-dessus de la répression des pulsions désirantes un lent discernement sur ce que nous désirons vraiment? Prendre comme conseiller un Dieu débordant d'amour plutôt qu'un père fouettard, et comme unique critère de notre morale la présence gracieuse de la joie.


Ill: le jour de Pâques, des coucous sous la neige fraîche des Pyrénées... Un bouquet d'autel qui s'ignore.

43 commentaires:

Anonyme a dit…

"Nous devons nous libérer de la morale afin de vivre moralement"

En lisant ce texte c'est la première phrase qui m'est venue à l'esprit, puis j'ai pensé à la joie. La joie est venue et cette magnifique phrase de Nietzsche également.

Comment ne pas pense à Jésus disant "Quel sera d'entre vous l'homme qui aura une seule brebis, et si elle tombe dans un trou, le jour du sabbat, n'ira la prendre et la relever ? Or, combien un homme vaut plus qu'une brebis !" (Matthieu, 12, 11-13) et : "Vous scrutez les Écritures, parce que vous penser avoir en elles la vie éternelle, et ce sont elles qui me rendent témoignage, et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie !" (Jean, 5, 39-40). Idolâtrer la morale, la figer, c'est très certainement tuer en soi la possibilité d'une vie morale. Si la morale ne peut pas être normative, si elle relève de la vie des hommes, alors ce n'est qu'à la mort qu'il est possible de juger de la "moralité" d'un homme. Aux hommes la possibilité de faire d'un homme un exemple en l'inscrivant dans l'histoire. À Dieu de le juger. Finalement, peut-être que la morale n'est pas l'affaire du jugement des hommes (cf. la symbolique du fou). Et nous pourrions être tenté de voir dans ce fait le grand bien apporté par la modernité. Mais en oubliant au même moment Dieu, les hommes modernes ne font pas que se défaire du devoir de juger moralement les actions des hommes, il se défont de toute moralité (et oublient au même moment le sens profond de la folie et de la grandeur).

Nietzsche l'avait d'ailleurs bien compris en faisant l'homme le spectateur éternel de ses actions éternellement répétées après avoir prévu la "mort" de l'homme. L'Éternel Retour c'est ce qui permet à Nietzsche de rendre possible une vie morale après le nihilisme.

Cet article est vraiment superbe ! Il condense et clarifie nombre de pensées qui étaient également miennes. La vie morale, la joie, l'amour du monde, des hommes, et de Dieu etc. Il me faut écrire à mon tour un article sur tout cela, je te le dois bien !

Sémiramis a dit…

Tu me le dois; eh eh eh, cela s'appelle du "win to win"!

Intéressant l'idée de l'éternel retour comme condition de la vie morale; j'avoue que je n'y avais jamais pensé! Je n'ose pas trop penser sur Nietzsche, en fait, je le laisse m'infiltrer sans aucune protestation de l'esprit...

Bonne nuit!

Anonyme a dit…

Je n'ai pas le temps aujourd'hui de faire long mais je tiens à vous dire combien j'aime votre texte. Votre pensée semble se rapprocher ici de la spiritualité orthodoxe que j'aime tant.
Magnifique méditation. Merci

Anonyme a dit…

ah ben tout de même :D

Didier Goux a dit…

Il me semble que vous péchez (si je puis dire !) par optimisme, à propos du désir, en oubliant sa forte dimension mimétique, et, donc, aliénante. En ce sens, l'opposition que vous établissez entre (je fais bref), l'ascétisme privatif et les "mauvais" désirs engendrés par exemple par la publicité ne tient plus guère la route, si l'on considère que TOUS les désirs ou presque sont régis par les lois de l'imitation.

L'échappée par le haut devient alors la seule solution vraiment satisfaisante (---> Imitation de Jésus-Christ). Mais elle n'est pas à la portée du plus grand nombre (en tout cas, pas à la mienne, je le crains !).

Catherine a dit…

Je fais une pause dans ma lecture de Erri De Luca, j'arrive ici, et je pends un grand plaisir à vous lire.
Je ne saurai en dire plus, sauf merci de me faire réfléchir . Et Didier, lâche nous un peu avec René Girard ! Non, je plaisante ...

Sémiramis a dit…

Raph, joyeuses Pâques!

Ben tout de même quoi??? ;-)

Sémiramis a dit…

Flore, merci...

Sémiramis a dit…

Didier,

Je ne suis pas d'accord avec vous; le désir n'est pas mimétique en soi, c'est l'orientation qu'on lui donne qui l'est.

Mais les hommes étant tous des hommes et partageant la condition humaine, il est facile de convenir que de nombreux désirs se ressemblent...

Si la seule solution est l'échappée par le haut, le bonheur est pour les purs, donc pour personne: où est la promesse du salut universel (catholique, kath'holon!)??

Non, je veux bien lire et relire Girard, mais il y a des limites!

Bonne soirée!

Sémiramis a dit…

Catherine, merci!

Catherine a dit…

J'ai retrouvé la phrase d'Erri de Luca :
"Le désir dépend de toi au début, puis c'est toi qui dépends de lui".

Sémiramis a dit…

Certes, et la dépendance fait partie de notre condition. Le tout est de ne pas en faire un esclavage.

Je suis consciente de dépendre de Dieu: cela me rend joyeuse. Je suis dépendante de ceux qui me sont chers. Et c'est une source de joie!

Didier Goux a dit…

Eh bien, je trouve que le troll qui signe Catherine Goux (mais où va-t-elle chercher un patronyme aussi malsonnant, cette pauvre fille ?) a raison de citer De Luca... qui ne me semble pas dire autre chose que René Girard !

(Sinon, petite réponse chez le Brigadier...)

Catherine a dit…

Il va de soi que je ne pensais pas (et l'auteur non plus je crois) à cette dépendance qui n'est que l'Amour.

Catherine a dit…

Élise, c'est à vous que je répondais ! Il y a un petit troll malfaisant qui s'est immiscé entre nous !

Sémiramis a dit…

Mais l'amour est le lieu où nous expérimentons le désir le plus fort!

Sémiramis a dit…

Ah, je m'y perds moi! Allez, je vais faire ma machine à laver pour la peine.

Léopold a dit…

Le titre de ce billet est en tout cas particulièrement bien choisi tant ce texte, en effet, rayonne de la joie pascale. Et c'est une lumière contagieuse (nan j'ai pas dit "mimétique"!) - en tout cas tu arrives particulièrement bien à la transmettre!

Sémiramis a dit…

Léopold, merci! Pourvu que la contagion passe aussi par toi! Bonne octave de Pâques.

Anonyme a dit…

J'interviens un peu tard. Mais quelque chose me chiffonne dans cette vision exclusivement mimétique du désir. Parmi les désirs possible il y a le désir d'aller vers l'autre, de m'ouvrir à lui, de le rencontrer. Pour réaliser ce désir il faut justement éviter l'imitation, car alors ce n'est plus à l'autre que je m'ouvre. Or justement il me semble que cette ouverture à l'autre relève presque exclusivement du désir.

Bref, soit tout désir est mimétique et donc l'ouverture à l'autre est impossible, ce qui suppose la voie de l'ascèse comme sortie de l'imitation qui est encore un enfermement sur soi à moins d'arriver à s'ouvrir pleinement à Dieu. Soit le désir n'est pas essentiellement mimétique, et alors l'ouverture, complexe mais réelle, à l'autre est possible.

Les rapports que j'entretiens avec certaines personnes relevant bien, j'en suis certains, d'une véritable ouverture qui n'est pas mimétique, j'en conclue que les désirs ne sont pas nécessairement mimétiques.

Et puis cette phrase d'Erri de Luca : "Le désir dépend de toi au début, puis c'est toi qui dépends de lui". C'est, excusez moi, bien une phrase de mec. Il y a chez l'homme (le mâle) un désir (pour le coup) très fort de fuite de tout ce qui pourrait s'apparenter de près ou de loin à de la dépendance, au privatif, à ce qui oriente. En plus d'amener à des raisonnements un peu grossiers, cela peut amener à faire deux erreurs : perdre de vue l'effet salutaire de la dépendance à ce qui nous élève ; et amener l'homme à se retirer du monde, à se fermer sur lui-même dans l'espoir d'une pleine possession de sa liberté. Pour clarifier mes propos un peu confus, voici en substance l'erreur classique du mâle (je ne fais pas dans le féminisme là, il y a aussi des erreurs classique de la femme etc.), erreur qui ne fait que s'appuyer sur le désir tout à fait sain de liberté : à trop vouloir se prouver qu'il est indépendant et libre, l'homme peut se priver d'expériences qui, dans la pleine acception de la dépendance qu'elles supposent, pourraient l'élever bien au-delà de ce qu'il est capable d'atteindre par ses moyens. Une volonté de liberté mal orientée enferme.

Je suis vraiment très confus. Je ne sais pas vraiment comment clarifier tout cela. Il me semble que cette idée d'une dimension strictement mimétique, et donc aliénante, du désir est typique de la crainte typiquement masculine de la dépendance et de la soumission. Désirer autrui, s'ouvrir à lui est un acte d'affirmation de sa dépendance, il ouvre un moment au cours duquel des choses peuvent nous arriver. De bonnes choses comme de mauvaises. S'ouvrir à l'autre peut-être vu comme une moment de faiblesse, nous sommes ouverts etc. Mais c'est aussi le seul moment au cours duquel quelque chose peut arriver. Quelque chose qui justement n'est pas nous.

Bref, un désir strictement mimétique n'est pas un vrai désir car il n'y a pas ouverture. C'est le désir de celui qui est constamment dans une posture de fermeture sur soi, d'ascèse, et finalement d'aliénation.

J'irais donc beaucoup plus loin, non seulement le désir n'est pas mimétique, mais le vrai désir est foncièrement anti-mimétique. Et l'imitation est précisément la spécificité des personnes incapables de prendre le risque de s'ouvrir véritablement.

Anonyme a dit…

Mon commentaire est décidément d'une obscurité affligeante !

Sémiramis a dit…

Euh, non, non! Je te jure, je le relirai demain pour le peine ;-) !!

Good night!

Catherine a dit…

Ouh lala je ne voulais pas provoquer autant de réactions avec la petite phrase. Bon, précisons qu'il parlait du commandement de Dieu : tu ne désireras pas. Je n'aurais pas du le sortir du contexte.

Catherine a dit…

Si vous le désirez je vous recopie le chapitre (très court) et je vous l'envoie.

Anonyme a dit…

Elise,
Merci.
Non seulement tu �cris cet article sur P�ques que j�attendais mais en plus quelle joie !
Enfin !
J�ai l�impression que tu as trouv� un �quilibre plus grand et plus serein, et j�en suis heureuse.
Que Dieu te b�nisse et t�apporte la paix.

Anonyme a dit…

Elise, je reviens sur votre texte que j'apprécie énormément. La question de suivre ou non une morale n'est-elle pas dépassée depuis longtemps - depuis l'Evangile - dans la mesure où il ne s'agit plus de suivre une loi mais Quelqu'un ? Or ce Quelqu'un a fréquenté de préférence des pécheurs, des voleurs, des prostituées, etc. Pour les appeler à la conversion ? Certes. Mais pas en leur imposant le Droit Canon : en leur disant "Suivez-moi". A chacun ensuite d'essayer de ne pas Le perdre de vue - et sans oublier toutefois que Le suivre peut mener à la Croix...
Mille fois d'accord avec vous lorsque vous dites que c'est Dieu qui a mis le désir au coeur de l'homme : à l'homme ensuite de se débrouiller pour l'orienter et le réorienter tout au long de sa vie. D'accord aussi lorsque vous écrivez que la pensée chrétienne a été polluée par le stoïcisme (on pourrait y ajouter de nos jours le bouddhisme pour lequel le désir est une des causes fondamentales de la souffrance - et doit donc être maîtrisé, voire supprimé).
Votre phrase : "Prendre comme conseiller un Dieu débordant d'amour plutôt qu'un père fouettard, [...]m'a rappelé la pensée de Maurice Bellet. Avez-vous lu son ouvrage "Le Dieu pervers" ?
Pour terminer, il y a un personnage dans l'Evangile qui montre bien l'itinéraire possible qui mène des désirs au Désir (de Dieu), c'est la Samaritaine. N'est-ce pas extraordinaire que cette femme - moralement incorrecte - (elle a déjà eu 5 maris et vit avec un 6ème), soit justement celle à qui le Christ révèle qu'il est le Messie ? N'était-elle pas l'image même d'un être brûlant de désirs ?

Didier Goux a dit…

Essai (pour voir si je suis connecté)...

Didier Goux a dit…

Essai (pour voir si je suis connecté)...

Didier Goux a dit…

Essai (pour voir si je suis connecté)...

Catherine a dit…

Allez, essaie encore Didier ! Tu vas bien finir par y arriver !

Sémiramis a dit…

Non mais Didier, ça va pas de me troller comme ça???

Sémiramis a dit…

Raph!

Ah merci, tes paroles sont bien lumineuses! Quelle heureuse chose, le temps pascal dure 50 jours et j'ai bien l'intention d'en profiter!

Que Dieu te garde et te bénisse aussi en plénitude.

Sémiramis a dit…

Ma chère Flore,

Merci pour votre long commentaire qui met en valeur des choses importantes (c'est pour cela que je suis longue à la réponse...)

D'accord avec vous pour l'influence néfaste du bouddhisme! Et tous les amalgames spirituels. La question du grand bazar religieux (du style boutique de Lourdes conceptuelle) est très violente.

D'accord pour dire que la question morale est dépassée par l'Evangile, mais elle n'est pas dépassée par l'Eglise, et c'est normal. l'Eglise est une structure collective, elle doit maintenir des prérogatives morales.

La question dans ma réflexion n'était pas liée directement à l'Evangile (quoique, je pense au jeune homme riche... pas toujours évident!) mais plutôt au sentiment d'apartenance à l'Eglise, qui semble reposer sur des a priori de moralité (ce que tout le monde, et surtout les non croyants ne se privent pas de vous rappeller incessamment)

Le personnage de la samaritaine est d'autant plus beau que l'Evangile n'indique pas ensuite qu'elle révise sa conduite du tout au tout après la recontre avec Jésus... c'est très délicat.

Bon dimanche et amitiés en Christ!

Sémiramis a dit…

Ah, et je n'ai pas lu le livre de Maurice Bellet. Votre commentaire est très beau, encore MERCI !!

Sémiramis a dit…

Catherine, le "tu ne désireras pas" n'est pas un interdit du désir mais du désir de ce qui n'est pas désirable! halte au caviardage!!

Sémiramis a dit…

JB, ta position est intéressante, en tant que femme je la comprends parfaitement!

La question de l'accueil est plus intérieure au fonctionnement psychique des femmes et donc probablement plus compliquée à aborder pour un homme...

Anonyme a dit…

Je viens de recevoir le "Qu'est-ce que la politique ?" de Freund (merci à toi !!). Je n'ai pour l'instant lu que la préface qui contient des choses très intéressantes sur la morale. Je développerai lorsque je serai plus avancé !

Pour ce qui est de la question de l'accueil, oui, tu as tout à fait raison. Mais je me demande si un certain rapport de la modernité à la liberté accentue ce phénomène, à la fois chez les hommes, mais aussi chez les femmes. Je dis cela parce que j'ai fais dernièrement (au fameux repas du jeudi soir !) une expérience qui m'a rappelé tout cela.

L'exaltation, par exemple, est un pur acte d'ouverture, d'accueil. Or aujourd'hui l'exaltation n'est plus pensé comme une voie d'ouverture possible sur la vérité, sur le raisonnable même. L'exaltation c'est trop romantique, trop religieux, trop métaphysique, que sais-je. Il faut non plus s'ouvrir aux choses, à l'être, mais sortir de soi et prétendre avoir un regard "objectif" (au sens de regard désincarné). C'est ce qui conduit également nombre de nos contemporain à trop facilement opposer foi et raison etc.

Or la vérité est profondément incarnée, et ce n'est pas dans une sortie utopique de soi qu'elle peut être touchée, mais bien dans son accueil dans notre cœur, notre vie.

Anonyme a dit…

L'accueil est en effet profondément ancré dans la psyché des femmes, et aussi dans leur corps que ce soit dans la sexualité, ou bien plus dans la maternité !

Sémiramis a dit…

C'est intéressant ce que tu dis sur l'exaltation; je pense qu'il y a des raisons culturelles à cela, c'est le côté "police morale" de notre culture un pu bourgeoise. Cela me fait penser aux personnages de saint "fol en Christ" dans la tradition orthodoxe (et aussi au personnage de l'Ile dont il faudrait bien que je parle un jour!)

Tout à fait d'accord aussi sur la chimère de l'objectivité. Et il s'agit probablement d'une caractéristique moderne, ce besoin d'avoir l'air blasé pour avoir l'air sérieux!

Bon dimanche.

Anonyme a dit…

L'Ile (de Pavel Lounguine) ! J'aimerais bien savoir effectivement ce que vous en avez pensé. Personnellement, j'ai vraiment beaucoup aimé, même si certains passages m'ont parfois déroutée.
Bonne nuit !

Sémiramis a dit…

Flore, Jean-Baptiste et moi avons vu le film ensemble et l'avons adoré! Quel film splendide, violent et contemplatif à la fois! Votre remarque va me motiver pour écrire un petit quelque chose. Bonne nuit!

Anonyme a dit…

Oui ce film est vraiment génial ! À la fois céleste et tellurique, et la neige n'est sans doute pas innocente à cela. Dans la neige il y a quelque chose du ciel sur la terre, elle reflète la lumière du ciel, mais elle est également ce qui se dépose du ciel, recouvre la terre, mais aussi ce qui est venue de la terre pour s'y être transformée dans le ciel.
La neige est vraiment quelque chose de merveilleux !

Flore, le film est en effet profondément déroutant. À la sortie de la salle de cinéma, Élise et moi étions complètement bouleversés !

Sémiramis a dit…

Je confirme. D'ailleurs j'y pense régulièrement! Du Dostoïevski filmé. Moins traumatisant, quand même (the happy end!)

Je vous promets un article au plus tard ce week end!