31 juillet 2006

Le sel de la vie

Juste quelques mots: je vous invite à lire le commentaire ajouté par M. Camille sur le post "De saint époux", et à en discuter ensemble. Mon ami philosophe soulève, comme d'habitude, des questions qui me sont chères. Et y répond avec toute la subtilité de son esprit. Quelle joie de pouvoir retrouver nos échanges par le biais blogesque.
Bonne cogitatio à tous!

Jésuitement vôtre

Je souhaite à tous, amis et détracteurs, une excellente fête de St Ignace de Loyola!

Spéciale dédicace, évidemment, aux accros des exercices spi et aux amoureux de St Dominique...
En particulier en cette année jubilaire, je ne doute pas qu'il n'intercède sans relâche pour nos vocations diverses et variées. Qu'il nous aide à grandir en rigueur et en intégrité dans notre engagement pour le Christ et la Gloire de Dieu!

Le sens du réel et le sens du possible

Quelle joie de retrouver l'amical et facétieux esprit de M. Camille! Il ne laisse pas de me manquer. Je venais justement, aujourd'hui, de prendre de ses nouvelles par l'intermédiaire du blog de sa douce. Le réel semble vous résister par le biais de cette pénible institution qu'est l'éduc'nat', comme disent les intimes. Soirée en demi teinte pour cause de mauvaises nouvelles. L'Esprit, toutefois, ne chôme pas.
Qu'est-ce que la philosophie, sinon une technique d'apprivoisement du réel? Un outil qui n'a d'autre but que d'ordonner notre esprit? Parallèlement, notre âme a soif de vérité, notre âme a soif de Dieu. La philosophie ne me semble pas tant être une fin qu'un moyen: celui qui permet à notre esprit de comprendre le monde où notre corps s'inscrit. La fin, c'est bien notre âme qui la possède en puissance: glorieuse réalité de la présence de Dieu au coeur du monde. Présence qui n'a de sens que parce qu'elle nous accompagne. Si Dieu est la seule fin vers laquelle nous tendons de tout notre être, le problème est bien là: il faut vivre sur cette terre, il faut vivre cette vie. Comment, avec quels moyens? De là, la vocation de la technique philosophique: elle nous aide à comprendre le monde pour y trouver notre place. Et peut-être, nous apprendre à nous laisser accompagner par Celui qui nous attend depuis toujours.
Good night!

29 juillet 2006

Plaisir et bonheur, amour et affection ou; de l'intérêt de philosopher

Il y a des jours ou je me félicite sincèrement d'avoir fait le choix incongru d'étudier la philosophie. Outre le plaisir un peu pervers de parvenir quasi infailliblement à démontrer la justesse de mes opinions, grâce à des raisonnements plus ou moins bien emballés, j'avoue me laisser aller au petit bonheur de l'épate, genre: la réflexion révélatrice qui laisse votre interlocuteur baba. Cher Alexis, vous êtes si bon public que je reconnais en abuser un peu avec vous. D'où un retour sur cette petite formule qui fit mouche, au cours d'un nouveau débat autour de cette fameuse notion de prochain : "toute affection n'est pas de l'amour".
Distinguons bien les mots. Coupons les cheveux en quatre. Si le Christ nous invite à aimer notre prochain, ce n'est certes pas sur le mode affectif, mais sur le mode de la charité. Cette charité qui se vit, selon la belle pensée de S. Weil, sur le mode impersonnel de la miséricorde de Dieu qui fait tomber la pluie et briller le soleil sur les bons et les mauvais, les justes et les injustes. D'où, différents degrés de "prochains": celui qui est proche affectivement de moi, celui qui ne l'est pas... D'où également une transfiguration de la dimension corporelle de l'amour, comme le faisait justement remarquer Jean-Sébastien. On ne renonce pas à un plaisir lorsque l'on choisit d'ordonner sa sexualité selon une règle de chasteté: au contraire, on donne au plaisir sa vraie dimension, celle d'une communion exclusive entre deux êtres donnés l'un à l'autre.
Quelques précisions, sur ce je vous souhaite une bonne nuit et félicite les différents protagonistes de ce blog pour ma qualité des échanges.

26 juillet 2006

De saints époux

Au menu de la liturgie aujourd'hui, fête de Ste Anne ET de st Joachim, son époux, parents de la Vierge Marie.
Cette occasion se prête à quelques conjonctures sur la sainteté des époux. Singulière question à cette saison, qui voit se succéder dans les églises les mariages, plus ou moins spirituels et plus ou moins folkloriques... Pourquoi ne parle-t-on que très peu aux gens peu informés de notre foi, de la sainteté du mariage?


Et pour cause, ils ne sont pas légion, les couples portés aux nues de l'exemplarité par la sainte Mère Eglise! Et pourtant, notre monde ne verrait-il pas dans une telle mise en avant un signe de l'amour plus accessible au "profane" que les folies des mystiques et des apôtres, missionnaires et reclus, anachorètes et prophètes en tous genres dont le calendrier regorge?
Les problèmes et les joies du couple, voila pourtant un sujet qui concerne tout le monde, sans doute plus que l'évangélisation des terres lointaines, la rédaction de sommes théologiques, la prière quotidienne ou la réforme du Carmel... Alors, pourquoi ne pas toucher les gens à partir de ce qu'ils vivent? Notre cher Saint Père a su montrer, dans cette fameuse encyclique sur laquelle je ne peux m'empêcher de revenir, combien l'union sacramentelle des époux était icône de l'amour du Christ. Il reste peut-être à manifester aux yeux de nos contemporains, par la béatification et la canonisation de saints époux, que l'Eglise n'est pas une secte de frustrés composée principalement de vieilles filles, de célibataires endurcis ou d'homosexuels contrariés (je suis violente, mais ça peut s'entendre!).
Bonne nouvelle, Jean-Paul II a commencé le travail en béatifiant un couple italien (au moins un, à ma connaissance), je vous invite à prier pour le procès des parents de la petite Thérèse, et à demander l'intercession, au coeur de vos vies sentimentales, des saints époux qui ont déjà rejoint le Père. Qu'ils nous aident à comprendre le mystère eucharistique au coeur de la vocation du mariage, dans sa splendeur et ses croix quotidiennes!
Ill. Le baiser d'Anne et Joachim à la porte dorée, Giotto

18 juillet 2006

La passion du Vivant

Quand j'étais une petite fille, mon papa avait une belle moissonneuse jaune TF42. Parfois, j'allais avec maman au Crébit ABRicole pour chercher des sous: lieu fascinant, où "les monsieurs ils ont des cravates et ils sentent bons"! Si différents de mon papa, en cotte ou en short, avec ses croquenots de sécurité ou ses espadrilles, l'été.
Aujourd'hui, j'ai 21 ans. Mon papa a changé la moissonneuse jaune pour une John Deere! Verte, énorme, monstrueuse, elle me fait penser à Moby Dick. Je ne vais plus au Crédit ABRicole avec un petit frisson dans le dos. C'est désormais mon travail, avec des monsieurs en cravates. Qui l'eût cru?
D'aussi loin que je me souvienne, mon papa a été pour moi l'image de l'amour du vivant. Il nous mimait, avec son pouce sous la mousse du bain, le petit germe de blé qui sort de terre, parlant de cette vie d'un ton juste. Nous emmenait dans les champs et nous montrait comment marcher entre les rangs de blé pour ne pas écraser les pieds.
Je me souviens aussi d'un cheval que nous allions voir, pendant des vacances je ne saurais plus dire ou ni quand. C'était un cheval magnifique de joie de vivre. Il riait sans cesse et se roulait dans le pré avec un enthousiasme dévastateur. Dès que nous arrivions, il galopait vers nous. Nous lui disions "Bonjour, Cheval!" et il aimait beaucoup le petit châle en crochet jaune que m'avait confectionné mémé. Il l'aurait bien mangé!
Le contact de papa avec les animaux me renvoie à la miséricorde divine pour toutes les créatures. Son amour de la plante, vivante et ressuscitée chaque année par le rythme profond de l'univers, me donne bien à méditer sur la Résurrection du Christ, et sur celle, finale, de l'humanité. Papa rejoint dans mes pensées Emmanuel Falque nous décrivant le retable de Beaune et la "germination" des ressuscités, les corps qui soulèvent la croûte terrestre...
Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas,
il reste solitaire et ne porte pas de fruit.

16 juillet 2006

Mythologies estivales

Parmi les petites mythologies qui font de la vie quotidienne une fête, le 14 juillet occupe une place de choix. Démonstration en trois points.
1) Magie de la lumière : sur la plaine où murissent les derniers épis, quelques moissonneuses sont à l'oeuvre, tous feux allumés, soulevant des nuages de poussière. Et, au loin, de part et d'autre, surgissent les merveilleuses couleurs des feux d'artifice. Autour de moi, l'air est encore chaud, on s'y déplace comme dans un vêtement soyeux. On se sent, intensément, vivant et heureux.
2) Le bal des pompiers : la fête populaire par excellence, ajoutez à celà la mythologie du soldat du feu arrosée d'un peu de bière et la soirée s'annonce plutôt bien. Alors, en plus, quand les pompiers en question nous font un incroyable numéro de chippendales depuis le toit de leur caserne, on reste coite. Mais pourquoi, nous demande un jeune homme assez décalé, les bals des pompiers sont ils si populaires? Eh eh eh, quelle question. Enfin, il ne faut pas tenter une conversation de plus de deux minutes; pas grave, en fait, on n'était pas vraiment là pour débattre sur la conjoncture actuelle!
3) Le verre de l'amitié à la commune : mon grand-père en a si bien profité que pour une fois, je ne peux plus l'arrêter dans ses discours d'habitude si rares. Tant mieux, et on est partis à regarder les photos de l'Allemagne et de l'Algérie. Je suis fière de mon papi qui fait le guignol devant le poste de garde avec un balai et qui pose gaillardement avec son clairon et de belles guêtres blanches. Pour une fois qu'on discute, je devrais lui payer l'apéro plus souvent, d'ailleurs, il déplore mon absence, il m'aurait emmenée!
C'est l'été, et la vie est si belle quand on a vingt ans que ce serait péché de ne pas en profiter. Pique niquant avec l'ami tarte, devant nos amis wallabies, par ce temps magnifique, nous avons appliqué cette devise, avec la joie d'être amis dans le Seigneur.