16 décembre 2006

Littérature: l'essentiel ou rien - Introduction, par Funny Friend

D'aucuns, spécialement Agathe et Mr Camille, pensent que l'écriture peut être un acte salvifique. A l'instar d'une psychologie de comptoir faite de bon sens et dont je pense qu'elle a fait ses preuves bien au-delà de tous les Freud ou autres Lacan, on applique ici le commandement de la sublimation, étape ultime de la quête du bonheur pour les névrosés que nous sommes, obtenue à force de travail sur soi et au bout de l'oeuvre créatrice.
Suivant donc le conseil de ces amis qui me sont chers je me lance dans un long travail d'écriture. Ce ne sera pas franchement une création, juste à l'image de mon De vero gaudio ou de mon Jacob ou l'Improbable salut, publié sous d'autres cieux bloggesques, un petit travail de réflexion autour de textes. Pour une fois, ce ne seront pas des textes bibliques. On se rendra compte alors que si la Bible demeure l'expression unique de la Sagesse Divine, du Logos Eternel, l'Esprit de Dieu se manifeste partout et dans des endroits où souvent le commun des mortels voudrait le bannir. Je reviendrai à mes vieilles amours, à ce qui fait, quand même, une grande partie de ma vie, j'ai nommé : la littérature. Si à la fin de cette série de textes je pouvais avoir un peu moins le sentiment d'une « imposture » dans mes études de Lettres ce serait une belle victoire, une belle revanche sur tous les kâgneux, tous les normaliens trop souvent pédants ou imbus d'eux-mêmes (Thibault, ne prend pas ça pour toi, tu appartiens nécessairement à la catégorie des exceptions qui confirment la règle...) et qui manquent cruellement de ce qui m'anime, parfois : «le feu sacré ».
L'idée d'une telle production est née suite à la lecture du numéro de Décembre du Magazine Littéraire consacré à l'anniversaire du mensuel : quarante ans déjà ! Ce numéro constitué d'archives retrace quarante ans de littérature grâce à l'analyse de quelques chefs-d'oeuvre faite par les auteurs eux-mêmes. Et, là, oh, surprise !! Je (re)découvre des auteurs et des oeuvres que j'avais oublié après avoir été exalté en son temps, ou pire des oeuvres que je n'avais même pas pris ou eu le temps d'étudier ! Honte à moi ! Je me suis arrêté sur trois d'entre eux : Duras, Borges, Green. En évoquant ces trois noms c'est un large panel de sensations de joie, de bonheur, de stupéfaction qui revient à ma mémoire... Ces écrits auront donc aussi quelque chose de très personnel, il faudra, cher lecteur, garder cette idée à l'esprit quand tu parcourras ces quelques pages. De mon côté je serai ouvert à toute discussion, à tout débat concernant mon interprétation de l'oeuvre de ces grands classiques dans la mesure où cela pourra fera progresser ma propre réflexion et celle de mes interlocuteurs.
Nous évoquerons ces trois figures emblématiques de la littérature mondiale de manière successive et progressive en tâchant de se focaliser parallèlement sur trois point : l'écriture et le style avec Duras, l'homme et l'auteur avec Borges, ces deux notions réunies avec Green. Chaque composition de la série comportera plus ou moins trois volets :
1°) petite notice biographique de l'auteur et présentation succinte de son oeuvre,
2°) citations de l'article du Magazine Littéraire le concernant,
3°) glose, critique, commentaire par votre serviteur.
Achevant cette introduction permettez-moi de vous livrer différentes citations qui, si vous les gardez en mémoire tout au long de nos rencontres, vous aideront à mieux goûter, à mieux apprécier, à mieux juger ce que j'écrirai :
– « La littérature est l'essentiel ou n'est rien. » Georges Bataille (cf.mon titre...)
– « La littérature, je l'ai lentement, voulu montrer c'est l'enfance enfin retrouvée. » idem
– « La littérature c'est la pensée accédant à la beauté dans la lumière. » Charles Du Bos
– « La littérature est quelque chose qui n'empêche pas de dormir parce que, d'une certaine façon, on la fait en dormant. » Yves Berger
– « Littérature : évoquer devant tous ce qu'on a soin de cacher à son entourage » Jean Rostand
– « La littérature : un coup de hache dans la mer gelée qui est en nous » Franz Kafka.


Voilà. Il ne nous reste plus qu'à faire silence et à entendre les trois coups. Boum ! Boum ! Boum ! Levée de rideau !!

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Oui ce numéro du Magazine Littéraire est vraiment passionnant !

Pour ce qui est de Kafka je me souviens d'une phrase proche de celle que tu viens de citer : « si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d'un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ?»

J'attends la suite avec une grande impatience !

Et souviens-toi que tant que l'on est en accord avec soi-même, il n'y a jamais "imposture" ;)

Anonyme a dit…

C'est totalement juste ce que tu dis. L'imposture dont je parle d'ailleurs vaut plus pour l'impression qu'en aurait le monde, très souvent non en phase avec soi-même, que pour moi-même. Je construis avec joie cet accord avec ma petite personne qui me permettra de trouver ma voix pour le meilleur et pour le pire, de vivre en homme debout et en homme libre.

Paix, joie et à bientôt !
FF

Anonyme a dit…

Définir la littérature... J'avoue que c'est une entreprise dans laquelle je n'aurais pas le courage de me lancer, même au travers de trois figures d'écrivains seulement. Je vais suivre avec curiosité et intérêt tes articles, Funny Friend.

A bientôt!

Anonyme a dit…

Il n'est nullement question pour moi Crooke de définir la littérature. Cette entreprise serait vaine et je ne me sens pas du tout qualifié. Mes articles se borneront à donner une image très personnalisée de ces trois écrivain et de dire ce que la passion littéraire nourrit chez moi, comme chez d'autres la nourriture vient de la passion philo... Pour ma part je préfère inviter au dialogue et à la réflexionn plutôt que de définir une doxa. Voilà. Désolé si je brise toutes tes espérances. Je t'invite à poursuivre néanmoins dans ce désir de me lire, tu verras ce sera "totalement funny".

Amitiés,
FF.

Sémiramis a dit…

J'adore cette phrase de Camille!

"tant que l'on est en accord avec soi-même, il n'y a jamais "imposture""

Funny friend, tu nous gâtes, et je suis heureuse de cette frénésie d'écriture. J'attends avec impatience ton article sur Duras pour te casser ta baraque (chrétiennement bien sûr). Eh eh eh.

Bonne préparation de Noël...

Anonyme a dit…

Casse t'en que tu veux après tout comme je le rappelais à Crooke je ne prétend à rien d'autre qu'au jugement totalement subjectif !! Tout ça ne doit au fons être qu'une discussion entre amis, socratienne, près du feu de ma cheminée, le tout virtuellement via ce blog... Pour un être un peu plus sérieux, après avoir relu et savourer L'Amant j'ai quand même pris l'initiative de lire Le Ravissement de Lol V. Stein... Na !!

Anonyme a dit…

Oh, ce sont ces définitions que tu cites qui ont dû m'égarer alors.

Mais ça n'enlèvera rien à mon intérêt pour ta prose!

Anonyme a dit…

Chère Crooke,

Disons qu'on parlera littérature évidemment mais avec le souci de désobjectiver le concept. J'espère pouvoir livrer le post durassien pour Noël. Tu auras un premier aperçu.

A bientôt.
FF.