07 décembre 2006

Ma vie et mon job : une success story philosophique - Prologos

« Au commencement, il y eut cette retentissante annonce :

« J’arrête mes études de philosophie l’année prochaine, je suis embauchée en CDI au Crédit Agricole Centre Loire ! ».
Stupeur, étonnement, incompréhension, effondrement. Fin des rêves mégalomanes d’une partie de mon entourage : non, je ne serai ni thésarde, ni agrégative. Cauchemars de Funny Friend, me voyant d’ores et déjà perdue à jamais, brûlant éternellement dans la géhenne bancaire. Sincères regrets : mais enfin, Elise, que vas-tu faire de tes « capacités » ? Dans la psychè collective, ma vie philosophique était donc foutue, finie, enterrée, et j’allais devenir un pion parmi d’autres, dans une grande entreprise, forcément inhumaine.
Et puis, se révéla la Bonne Nouvelle aux yeux du monde… »
Je voudrais m’interroger avec vous sur la notion d’entreprise.

C’est un concept tout à fait inédit dans ma vie, puisque ma culture familiale est agricole, sociale et commerçante. Mon enfance : avec papa dans les champs, dans le magasin de mamie, les stagiaires de maman… Rien à voir avec le monde du management, que je n’ai évidemment pas abordé, vous pouvez l’imaginer, durant mes études de philosophie. A part une expérience constructive du travail d’équipe et des responsabilités en aumônerie étudiante, et diverses aventures estivales entre usine et supermarché, il faut bien avouer qu’avant d’être embauchée à Centre Loire, je n’avais qu’une idée très vague et imprécise, mais une grande envie de découvrir ce qui se cache derrière ce grand méchant mot : « entreprise ».
Ajoutez à cela que une culture juridique et économique plus que nulle… Et, je l’avoue finalement, pour achever ce triste tableau, et non sans une mortification immense, ma médiocrité sur le plan de la culture purement catholique : je ne connais que de loin les grands textes et les auteurs liés à ce que l’on appelle « catholicisme social ». Honte et flagellation, l’horizon de mon ignorance me pousse à la modestie, et je me réjouis de tout ce qu’il me reste à découvrir.

Quoiqu’il en soit, j’arrive brusquement face à la réalité de ce qui est désormais mon environnement professionnel, avec le regard neuf d’un enfant, prompt à l’étonnement - comme le veut l’exigence philosophique. Que me reste-t-il donc, sinon quelques outils d’analyse durement gagnés, quelques compagnons de route amoureux de la sagesse, et quelques intuitions spirituelles, pour prendre de la hauteur sur l’expérience unique que constitue mon travail, au quotidien ?

Prévenus des originalités de mon propos, laissez moi vous entraîner dans cette petite expérience de définition et de caractérisation philosophique de l’entreprise au sein du corps social et politique. N’ayant pour seul matériau que mon unique et peu représentative expérience, elle ne vise nullement à rendre compte d’une universalité. Il s’agit simplement pour moi de prendre du recul sur mon travail, sur ce que j’apprends et découvre, et sur les potentialités philosophiques du concept d’entreprise. Je m’appuierai avec bonheur sur les documents internes, les valeurs et le fonctionnement général de ma propre entreprise, la Caisse Régionale de Crédit Agricole Mutuel Centre Loire. Vous comprendrez pourquoi au fil des réflexions.

Labor et caritas !

12 commentaires:

Anonyme a dit…

Voilà une découverte que je vais suivre avec beaucoup désintérêt ! Et retarder mon propos sur la dite banque...Intéressant de connaître l'envers du décor et bonne chance !

Sémiramis a dit…

Bienvenue, heureux paysan!

Je me fais une joie d'accueillir enfin un digne représentant du monde agricole sur ce blog branchouille philosophico catho assumé. Ouf, un peu d'air frais!

Je profite de votre visite pour ajouter votre blog à mes liens, et ainsi faire profiter mes lecteurs de vos réflexions intéressantes et intelligentes.

Bonne continuation à vous et merci de votre visite!

Anonyme a dit…

Fais gaffe, tu vas attirer sur ton blog des gens qui cherchent à trouver le meilleur placement bancaire... pas très philosophique tout ça ;-)

Enfin, bon courage dans ton entreprise de mise en relation de ces deux mondes (le philosophique et le bancaire) si différents.

Sémiramis a dit…

Merci Crooke, à ton service... Philosophiquement, bancairement, amicalement parlant!

Anonyme a dit…

Au commencement était cette annonce et à la fin sera l'annonce contraire : j'ai décidé de reprendre mes études de philosophie ! Joie joie joie !

Sémiramis a dit…

Non, pas contraire Gai Lulu, mais complémentaire: tu sais que je ne renonce pour rien au monde au Crédit Agricole!

Anonyme a dit…

Pour rien, pas même pour moi ?

Sémiramis a dit…

C'est une demande en mariage?

Evidemment, pour élever mes futurs 12 enfants, préparer des repas équilibrés avec 5 fruits et légumes par jour, amidonner les cols de chemise de mon époux, broder mon trousseau de future épousée, confectionner des confitures, smocker des robes, etc, ça peut se négocier.

Anonyme a dit…

Merci Agathe, c'est une grande expérience que tu vas nous faire vivre. Une expérience utile : enfin la preuve que philosophie et action «concrète in this world» ne sont pas contradictoires !

Bien au contraire même ...

Sémiramis a dit…

Eh eh, rien n'est séparé en ce monde, par l'action de l'Esprit Saint, tout prend corps et sens.

Anonyme a dit…

Tres bon blog, je reviendrai

Sémiramis a dit…

Merci beaucoup Major Tom, et bienvenue chez moi. Ca fait plaisir de vous lire après la dérouillée que Maël a infligée aux "petites fesses de ma vertu" (elle me plaît bien cette expression!)

A très bientôt!