21 février 2006

Chronique du blog oculaire ou Ulrich, sa vie, son œuvre.

A C.C. qui œuvre pour mon œuvre.


Après de nombreuses et obscures réflexions, après maintes tergiversations, après avoir erré dans d'obscures directions, je suis toujours aussi indécis quant au sujet de mon premier article sur notre merveilleux journal de l’homme sans qualités… C’est même pire que de l’indécision, c’est un manque total d’idées, un néant de pensées, un vide intellectuel que j'ai peine à combler. Bien sûr je me suis lancé dans quelques réflexions plus ou moins « philosophico-spiritualo-intello-[caser ici un mot savant ou deux]elles » mais rien de satisfaisant, du moins, rien qui ne m’ait satisfait moi.

Ainsi, à défaut de pensée, nous allons nous rabattre sur du vécu ; il faut bien faire avec ce qu’on a !

Eh oui, les étudiants en médecine peuvent aussi avoir une vie sociale ! J’insiste sur le fait qu’il ne tient qu’à eu d’en avoir une, la pression des études n’excuse pas tout. En effet, je trouve important dans une démarche d’entrée dans la vie adulte, car c’est bien de cela qu’il sied d’entreprendre à cet âge si crucial de la vie, d’avoir une vie justement. Il ne faut pas prendre pour la Vie les études. Il semble en effet que certains se retranchent derrière ce simulacre d’existence afin de repousser l’échéance de la transition pourtant inéluctable et ô combien nécessaire. Evidemment c’est la peur des responsabilités qui pousse nos apprentis hommes et femmes à agir de la sorte. Il est néanmoins plaisant de voir que cette stratégie d’évitement n’est pas spécifique à notre doux âge et se généralise à toute les générations dans maintes situations, à des degrés différents certes mais généralisée quand même.

De sorte que, la plupart de nos congénères (et nous avec) n’avons pas de grandes velléités à rentrer en conflit avec les autres. Nous préférons garder une certaine réserve afin de nous préserver des problèmes. Nous développons de fait et depuis notre plus tendre enfance, plus précisément depuis nos premiers rapports avec autrui, une sorte d’instinct de survie intellectuel qui, par réflexe nous permet d’éviter les ennuis. Comme dirais Caïus Bonus, « à vaincre sans péril, on triomphe quand même et on évite les ennuis » !

J’aimerais revenir sur la notion de réflexe exprimée ci-dessus. En effet, je n’allais pas, même si ce blog est résolument littéraire ne pas faire état de ma condition scientifique et ainsi j’en viens à faire un parallèle entre le réflexe physiologique et notre réflexe que je qualifie ici, peut-être à tort, d’intellectuel. Prenons l’exemple d’un arc réflexe nociceptif simple que nous avons tous connu : une lumière trop intense vient nous aveugler. Voici comment se déroule l’action : notre œil, par l’intermédiaire de ses bâtonnets capte l’information, la transmet au cerveau par l’intermédiaire du nerf optique, notre système nerveux intègre cette information et transmet l’ordre aux muscles commandant nos paupières de les baisser. Notre œil est sauvé ! Eh bien pour notre réflexe de survie intellectuel, le schéma est sensiblement le même si les effecteurs changent. Exemple : marchant dans la rue, plongé dans vos pensées, un homme vous bouscule d’une . Enervé, vous vous retournez plein de votre haine ordinaire, prêt à remettre à sa place ce paltoquet à la place qui est la sienne, c'est-à-dire dans les cordes, le sang a d’ailleurs déjà afflué en masse dans vos tempes et vous sentez la colère vous envahir quand soudain… vos yeux captent n’information « individu de grande taille, ressemblant plus à une armoire normande qu’à un homme et affublé d’une allure de bull-dog des plus sympathique» ==> /!\ WARNING /!\ ==> réflexe de survie !! on s’écrase et on évite le contact avec le cuistre qui aurais pu être pour nous des conséquences les plus désastreuses. Cela n’est en rien de la lâcheté, c’est juste se dire « notre vie était déjà assez compliquée avant ce heurt, pourquoi la rendre encore plus indigeste ? ».

Du reste, le post-adolescent qui nous préoccupe, car pour conclure, il est intéressant de revenir sur lui, applique sensiblement le même raisonnement. Il se promène paisiblement dans son adolescence et quand la vie adulte commence à venir le bousculer, activation du réflexe de survie, il refuse l’affrontement et s’en tire à bon compte en se réfugiant derrière un quelconque prétexte (les études en sont l’un des plus usités et des plus pratiques car même les autorités parentales si tant est qu’elle soit peu clairvoyantes se laissent attendrir par le bambin enclin au travail). Méfiance donc jeune étudiant/e, s’il est bien une priorité qu’il ne faut pas oublier en chemin, c’est de grandir !


Ulrich

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Voici un premier post à la hauteur des espérances placées en toi, cher Ulrich! Tes analyses sur la sortie de l'adolescence ne manquent ni de piquant, ni de lucidité - et le style se tient. Effectivement, je pense aussi qu'il y a une certaine tendance musilienne chez les jeunes: celle de persister dans le "sens du possible", sans réaliser rien d'effectif, qui engagerait trop - et créerait des dérangements. Mais, à trop vouloir rester "sans qualités", est-ce que l'on vit?

Bon je retourne au sens du réel par excellence: le travail... Tous unis contre la vie chère!

d'ailleurs, le travail, dans l'homme sans qualités, n'est pas le fort d'Ulrich... trop réel...

Anonyme a dit…

De cette reflexion je replonge dans le clair obscur d'une fin de soirée éclairée de la lumière d'un lampadaire, je lis en filigrane des bribes de pensées tissées entre elles pour former la maille d'un point de vue neuf...
Finalement de ce que tu as écrit je retiens moins de choses de ce que nous avions dit... et je regrette un peu que tu n'aies pas prolongé un autre fil...celui de l'amitié...
Pourtant ce dont tu as fait publiquement état est d'une cruelle vérité...
Si je devais prolonger je dirais simplement comme pour mieux te gloser que les études ne sont pas une fin en soi. Elles sont une étape, un tremplin et ce que je crains pour les personnes qui surinvestissent ce champ de leur vie, c'est de ne pouvoir en sortir. Il est si facile de se laisser entraîner par le courant des événements, d'avancer et au final de ne point choisir. Car choisir sa vie ce n'est pas uniquement réussir ses études. Il s'agit aussi de contempler l'horizon d'attente proposé par notre monde et de le considérer relativement à nous-même, à nos désirs, à nos motivations profondes : "qu'est-ce qui me fait avancer aujourd'hui?". La fac ne répondra pas à cette question et à se voiler les yeux on ne résout rien, on ne fait que retarder le moment où elle resurgira avec plus de cruauté et d'amertume... elle sera cette crise de la quarantaine à laquelle on n'échappe pas, ce divorce qui nous guette tous, ce mal être qui est tout sauf une fatalité. Ce que nous vivons durant cette période de post adolescence où se côtoient enfatillages, badinages et discernement, affranchissement est décisif. Pourtant, je ne suis pas sûre que tout un chacun parvienne à envisager ce paysage de l'avenir qui se trouve au-delà de la montagne, derrière cet horizon qui nous semble obscurci, parfois muré.
Ce que je veux dire ou redire pour certains, c'est que s'il est en effet nécessaire et même obligatoire de considérer avec intérêt et sans démagogie nos études, parce qu'elles n'en sont pas moins un fil d'Ariane pour d'autres allées, pour d'autres rencontres et que si nous les avons vraiment choisies c'est qu'elles correspondent à un désir ou une capacité qu'il serait indigne de négliger, il ne faut pas pour autant les considérer comme le centre névralgique de notre existence. Elles ne sont pas notre vie, elles nous y mènent. A nous d'investir d'autres champs, de nous laisser porter avec discernement vers d'autres bords, d'échouer avec un fond de conscience sur d'autres plages, de nous laisser surprendre, façonner... laisser agir d'autres forces, écouter notre trouble, créer, oser, partir... si j'osais je dirais comme Abraham....
Avant d'en finir je te remercie pour cette réflexion qui en vallait la peine, mais plus encore pour d'autres très intéractives discussions qui ont su se passer du pavet numérique et qui ne laisseront pourtant pas moins de traces....
Bien à toi
Clarissa alias Mrs Loyd

Anonyme a dit…

Quel plaisir de te lire (enfin) cher Ulrich !
Ta réflexion sur l'entrée dans l vie adulte ne manque pas d'intérêt ni de perninence. D'autant que la vie me montre de beaux exemples de post-adolescents dans mon entourage et que tes considérations me portent à l'interrogation introspective....
Je ne peux que t'encourager à persévérer dans cette voix.

Pax.

Anonyme a dit…

Eh bien je constate qu'il faut que mon frère se manifeste pour que tu daignes, chère Chloé, te pencher sur notre blog...
Je vais finir par me vexer...

Anonyme a dit…

ah bah ça c'était philosophique.
heureusement que tu es là pour nous ramener à un peu de légèreté...