27 avril 2006

Contre la liberté de la presse!

Ah ah, un petit peu de provoc’ sur ce blog, je suis sûre que je vais booster sa fréquentation ! En bonne philosophe quelque peu formée à la rhétorique, j’attire votre attention par cet éclat absolument politically incorrect ; puis je me soumets à la règle de la captatio benevolentiae : écoutez je vous en supplie mon humble discours, peut-être en tirerez vous quelque matière à réflexion !
Evidemment, vous connaissez la manie philosophique : toujours définir de quoi on parle, et de quoi parlons nous ? Eh, de la liberté, difficile problème, liberté d’expression dans le médias. Eh bien, dix jours d’exercice de mon ministère d’hôtesse de caisse auprès de ce que l’on a coutume d’appeler « la France d’en bas » ont suffit pour que mon esprit se révolte et pousse ce cri : halte à la liberté de la presse ! Rétablissons la censure ! Si on conçoit la liberté comme droit de parler de n’importe quoi n’importe comment, pas de problème, la liberté de la presse est respectée dans notre beau pays. Par contre, la personne humaine, elle, ne l’est pas, bafouée et profanée sans cesse par un discours d’une vulgarité et d’une violence sans mesure. Et je parle ici de la presse la plus achetée et la plus lue : celle que je passe toute la journée à ma caisse, Closer, People, Le Nouveau Détective, Voici etc.
Cette presse est une honte, elle développe une idéologie du corps absolument destructrice, elle cultive la peur et la paranoïa. Elle n’est que la mise en scène de la misère humaine, détruisant les personnes dans leur vocation spirituelle, attirant les âmes en faisant appel aux pulsions les plus viles. Eh bien, à la lecture de ces torchons, ce sont les mots de Simone Weil sur ce sujet – dans l’Enracinement – qui me reviennent à l’esprit, et je me dis : une société peut-elle admettre, au nom d’une liberté qui n’en est pas une, que la personne soit bafouée ainsi de façon publique ? Que de tels journaux véhiculent une idéologie de mépris de soi et de l’autre, et cela auprès du public le plus humble, le plus fragile, car le moins formé culturellement ? Moi, je dis NON, NON, NON et NON.
Prions St François de Sales, patron des journalistes, qu’il intercède pour les âmes de ces gens qui font des bas instincts de l’homme leur fond de commerce, je ne donne pas cher de leur salut, coupables d’attirer dans la honte ceux qui n’ont pas eu les facultés suffisantes pour se défendre. Ils bafouent le Christ en bafouant l’homme...
Misère de l’homme sans Dieu…

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Et encore tu n'as pas vu le "glups" ou "gruts", euh... non, "Guts", c'est ça. De notre-s'éro national : Cauet !

Ça me rappelle un jeu passionant d'un radio, nrj je crois : on donne le numéro de quelqu'un qu'on aime pas, et l'équipe radio la harcèle en direct pendant une dizaine de minutes !

Le harcèlement c'est interdit, non ? Mais peut-être pas dans le cadre d'une activité à but lucrative...

ouais... de bien beaux presses-papier...

Anonyme a dit…

En même temps, est-ce vraiment de la presse ?
Je ne suis pas sûr qu'Albert Londres y retrouverait ses petits...
Alors je dis " vive la liberté de la presse " mais de la vraie Presse s'entend. Et je pense qu'avec ton titre provoc, tu n'es pas loin de partager cet avis.

Sinon une question à monsieur Camille, pourquoi " LA harcèle " ? Acte manqué ? Tu souhaites secrètement faire souffrir une gente dame ?

Anonyme a dit…

Effectivement à la suite de tatianus, peut-on encore qualifier cette production de presse....
Le problème que tu poses pourrait être largement applicable aussi à la "télé-poubelle" qui fait grand tapage sur le PAF, jusqu'à recruter, tiens toi bien (non parce que quand j'ai appris ça j'ai frôlé la syncope !...), un héritier de la Maison de France, petit-fils indigne du défunt Comte de Paris !Je te renvois là à une émission actuellement diffusé sur TF1 je crois....
Pour terminer je doit te dire que tu introduis merveilleusemennt mon exposé sur les jeux romains que j'aurai l'honneur et le joie de vous présenter au cours de M.Guillaumont !
Nous pourrons à l'issue tous chanter en choeur : "non, non, rien à changer, tout, tout à continuer...".
Pax.

Anonyme a dit…

@tatianus :

étrange lapsus en effet... pour ma défense je te propose cette interprétation : en écrivant LA harcèle je faisais peut être tout simplement référence à UNE personne (mon cerveau un peu détraqué ayant oublié que javais écris auparavant "quelqu'un", mais bon...).

Non, tu ne me crois pas ?
Je suis démasqué, arrrgh...

Anonyme a dit…

Je voudrais attirer votre attention sur une phrase de Levinas dans "Difficile Liberté" : je cite : "Nous avons besoin des athés"
En effet pour croire il nous faut des incredules. Ils jouent un role majeur pour notre foi. Et nous avons besoin aussi de tolerer les gens qui se nourrissent de ce genre de literature.
Enfin c'est mon avis.
Alexis

Sémiramis a dit…

Cher Alexis,
Je pourrais parler des heures sur la valeur de l'athéisme, sur l'athéisme purificateur dont parle Nietzsche et que l'on retrouve chez S. Weil également, je peux aussi vous renvoyer à Emmanuel Falque - je vais réfléchir à une petite synthèse. Ceci pour m'accorder avec vous sans retenue. Le problème que je voulais souligner dans ce post n'est pas tant celui d'une littérature où Dieu est absent... mais celui de la responsablilité collective quant aux valeurs qui sont exposées dans la presse. Une presse qui étale à chaque page sexe et adultère, tentations de consommation et image méprisante du corps de l'homme et de la femme, qui exhibe la vie des gens dans ses noirceurs... tout celà, ce sont des modèles que l'on donne aux gens. Et ceux qui n'ont pas de référence autre risquent de le suivre... Cela me fait penser à un citation de S. Weil que je pourrais vous transmettre bientôt, sur le fait que l'on glorifie dans les arts des personnalités immorales, comme si la grandeur était liée à l'immoralité. Par là, souligne t-elle, on fait comprendre implicitement que la vertu est le propre de la médiocrité, puisque les génies sont "vicieux" pour ainsi dire. Les conséquences des représentations culturelles sint immenses. Personnellement je pense qu'une telle presse devrait être contrôlée, et la faute repose non sur les gens qui la lisent mais sur ceux qui ont l'autorité et les compétences et qui devraient se rendre compte qu'un tel discours est destructeur pour les personnes. Voila mon avis... il n'engage que moi! Merci pour vos encouragements et bonne lecture sur ce blog, c'est aussi un grand plaisir que de discuter ainsi, alors je vous remercie!
Agathe