19 mai 2006

Une apparente contradiction

Le frère Laurent Lemoine, op, nous soulignait dans sa prédication aujourd'hui "l'apparente contradiction, qui est en fait une heureuse alliance" entre amour et commandement, contenue dans l'évangile d'aujourd'hui : le "commandement de l'amour" donné par le Christ...
Commander l'amour?
Cela nous semble contradictoire, tant nous sommes en prise avec une définition affective de l'amour... Je ne saurais trop vous renvoyer à la lecture de l'encyclique "Deus est caritas" qui éclaire bien ces questions. L'amour ne peut évidemment pas se limiter à cet élan "érotique" (au sens plein du terme), de désir de l'autre, qui nous pousse vers lui irrésistiblement.
Dans l'éros, l'amour nous commande : nous sommes soumis aux passions, en proie à la plus vive joie et à la douleur la plus aigüe.
L'agapè, l'amour chrétien, est l'assomption de l'éros : le Christ nous donne d'entrer dans un amour qui ne nous soumet plus à son esclavage; désormais, nous commandons à l'amour qui est devenu "agapè": "charité".
Nous commandons à l'amour, nous pouvons donc suivre le commandement de Jésus: "aimez vous les uns les autres": nous sommes désormais capables d'orienter l'amour de façon "impersonnelle" - pour reprendre des termes simone weiliens. L'agapè débarrasse l'amour de nos penchants "personnels", qui impliquent des préférences...
L'agapè, c'est l'amour indifférent, impersonnel, que je peux éprouver pour toute personne dans ses différences et sa personnalité, au nom de l'amour de Dieu qui - comme le souligne S. Weil - fait tomber la pluie de la même façon sur les justes et les injustes.
Pax et VERITAS!
Et bonne fête de st Yves, prêtre et juge, à tous les juristes!

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